Colonnes infernales début
André Ripoche, tué en défendant un calvaire lors de l'incendie du Landreau, vitrail de l'église de Sainte-Gemme-la-Plaine par Fournier.
Date | 21 janvier - 17 mai 1794 |
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Lieu | Vendée militaire |
Issue | Indécise |
Républicains | Vendéens |
Commandants
• Louis Marie Turreau • Nicolas Haxo † • Louis Grignon • Étienne Cordellier • Jean-Baptiste Huché • Jean-Pierre Boucret • Jean Alexandre Caffin • Florent Duquesnoy • Louis Bonnaire • Joseph Crouzat • Jean-Baptiste Moulin † • Jean Dembarrère • Alexis Cambray • Jacques Dutruy • François Amey • Antoine Bard • François Duval • Maximin Legros |
• François-Athanase de Charette • Henri de La Rochejaquelein † • Jean-Nicolas Stofflet • Bernard de Marigny † • Charles Sapinaud de La Rairie • Louis-François Ripault de La Cathelinière † • Jean-Baptiste Joly |
56 000 à 103 000 hommes [1] (effectifs fluctuants) |
6 000 à 30 000 hommes (effectifs fluctuants) |
inconnues | 20 000 à 50 000 morts (pertes civiles) pertes militaires inconnues |
Guerre de Vendée
Les colonnes infernales sont les opérations menées par les armées républicaines du général Turreau lors de la guerre de Vendée (1793 - 1796), en France, afin de détruire les dernières troupes vendéennes.
Après l'anéantissement de l'Armée catholique et royale lors de la Virée de Galerne, le général Turreau met au point un plan visant à quadriller la Vendée militaire par douze colonnes incendiaires avec pour ordres d'exterminer tous les « brigands » ayant participé à la révolte, femmes et enfants inclus, de faire évacuer les populations neutres ou patriotes, de saisir les récoltes et les bestiaux et d'incendier les villages et les forêts, de faire enfin de la Vendée un« cimetière national » avant de la faire repeupler par des réfugiés républicains.
De janvier à mai 1794, les colonnes quadrillent les territoires insurgés dans le Maine-et-Loire, la Loire-inférieure, la Vendée et les Deux-Sèvres. Certaines se livrent aux pires exactions, telles qu'incendies, viols, tortures, pillages et massacres des populations, souvent sans distinction d'âge, de sexe ou d'opinion politique. Ces atrocités coûtent la vie à des dizaines de milliers de personnes et valent aux colonnes incendiaires d'être surnommées « colonnes infernales ».
Loin de mettre fin à la guerre, ces exactions provoquent de nouveaux soulèvements des paysans menés par les généraux Charette, Stofflet, Sapinaud et Marigny. Ne parvenant pas à vaincre les insurgés, dénoncé par les patriotes locaux et certains représentants en mission, Turreau finit par perdre la confiance du Comité de Salut Public, sa destitution mettant fin aux colonnes mais pas à la guerre.
Sommaire
- 1 Planification de l'« anéantissement de la Vendée »
- 2 Les colonnes de Turreau
- 2.1 Rejet du plan de Kléber
- 2.2 Plan de Turreau
- 2.3 Application
- 2.4 Intervention de la Convention
- 2.5 Les représentants en mission
- 2.6 Rappel de Turreau
- 3 L'armée républicaine
- 3.1 Les soldats
- 3.2 Effectifs
- 4 La Terreur dans l'Ouest
- 5 Parcours des colonnes infernales
- 5.1 Parcours de la première et de la seconde colonne
- 5.2 Parcours de la troisième colonne
- 5.3 Parcours de la quatrième colonne
- 5.4 Parcours de la cinquième colonne
- 5.5 Parcours de la sixième colonne
- 5.6 Parcours de la septième colonne
- 5.7 Parcours de la huitième colonne
- 5.8 Parcours de la neuvième colonne
- 5.9 Parcours de la dixième colonne
- 5.10 Parcours de la onzième colonne
- 5.11 Parcours de la division Huché
- 5.12 Autres massacres
- 6 Actions des forces vendéennes
- 6.1 L'Armée du Bas-Poitou et du Pays de Retz
- 6.2 L'Armée d'Anjou et du Haut-Poitou
- 6.3 Tentative d'union des armées vendéennes
- 7 Les réfugiés
- 8 Fin des colonnes infernales
- 9 Bilan
- 9.1 Butin
- 9.2 Historiographie
- 9.2.1 Historiens « bleus » et historiens « blancs »
- 9.2.2 Sous la Troisième République
- 9.2.3 Débats récents
- 9.3 Bilan humain
- 9.4 Notes
- 9.5 Références
- 10 Annexes
- 10.1 Articles connexes
- 10.2 Liens externes
- 10.3 Bibliographie
Planification de l'« anéantissement de la Vendée »
Le 1er août, la Convention nationale décrète l'anéantissement de la Vendée :
« Article 6 : Il sera envoyé en Vendée des matières combustibles de toutes sortes pour incendier les bois, les taillis et les genêts.
Article 7 : Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles seront détruits, les récoltes seront coupées par les compagnies d'ouvriers, pour être portées sur les derrières de l'armée, et les bestiaux seront saisis.
Article 8 : Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l'intérieur; il sera pourvu à leur subsistance et à leur sécurité avec tous les égards dus à leur humanité[5]. »
Les autres articles concernent les mesures à prendre sur l'organisation des troupes.
Les colonnes de Turreau
- 1re division, 500 hommes[35], commandée par Duval, divisée en deux colonnes sont commandées par Daillac et Prevignaud. Les deux colonnes partent de Saint-Maixent et Parthenay et doivent arriver à La Caillere et Tallud-Sainte-Gemme ;
- 2e division, 1 500 hommes[36], commandée par Grignon, ses colonnes sont commandées par lui-même et Lachenay : les deux colonnes partent de Bressuire et doivent arriver à La Flocellière et Pouzauges ;
- 3e division, commandée par Boucret, ses colonnes sont commandées par lui-même et Caffin : les deux colonnes partent de Cholet et doivent arriver aux Épesses et à Saint-Laurent-sur-Sèvre ;
- 4e division, commandée par Turreau, ses colonnes sont commandées par lui-même et Bonnaire : les deux colonnes partent de Doué et doivent arriver à Cholet ;
- 5e division, 1 870 à 3 813 hommes[37], commandée par Cordellier, ses colonnes sont commandées par lui-même et Crouzat : les deux colonnes partent de Brissac et doivent arriver à Jallais et Le May ;
- 6e division, 650 hommes, commandée par Jean-Baptiste Moulin, part des Ponts-de-Cé pour Sainte-Christine[38].
- 1re colonne, 800 hommes, commandée par Dufour, occupe Creil[40].
- 2e colonne, 800 hommes, à La Roche-sur-Yon[40].
- 3e colonne, 800 hommes, de Challans à Aizenay[40].
- 4e colonne, 800 hommes, d'Aizenay à Palluau[40].
- 5e colonne, 600 à 700 hommes, occupe Legé[40].
- 6e colonne, 800 hommes, de Machecoul à Saint-Étienne-de-Corcoué[40].
- 7e colonne, 800 hommes, de Paimbœuf et Bourgneuf-en-Retz à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu[40].
- 8e colonne, 300 hommes, occupe Bouaye[40].
Le 19 janvier 1794, Turreau envoie à ses généraux les instructions suivantes :
« Instruction relative à l'exécution des ordres donnés par le général en chef de l'armée de l'Ouest, contre les brigands de la Vendée, (30 nivôse an II) :
Il sera commandé journellement et à tour de rôle un piquet de cinquante hommes pourvu de ses officiers et sous-officiers, lequel sera destiné à escorter les prisonniers, et leur fera faire leur devoir. L'officier commandant ce piquet prendra tous les jours l'ordre du général avant le départ, et sera responsable envers lui de son exécution; à cet effet il agira militairement avec ceux des prisonniers qui feindraient de ne point exécuter ce qu'il leur commanderait, et les passera au fil de la baïonnette.
Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l'ait préalablement ordonné.
Tous les villages, métairies, bois, genêts et généralement, tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes, après cependant que l'on aura distrait des lieux qui en seront susceptibles, toutes les denrées qui y existeront ; mais, on le répète, ces exécutions ne pourront avoir leur effet que quand le général l'aura ordonné. Le général désignera ceux des objets qui doivent être préservés de l'incendie.
Il ne sera fait aucun mal aux hommes, femmes et enfants en qui le général reconnaîtra des sentiments civiques, et qui n'auront pas participé aux révoltes des brigands de la Vendée ; il leur sera libre d'aller sur les derrière de l'armée, pour y chercher un asile, ou de résider dans les lieux préservés de l'incendie. Toute espèce d'arme leur sera cependant ôtée, pour être déposée dans l'endroit qui sera indiqué par le général[43]. »
Le 9 avril, Turreau écrit aux représentants Hentz et Garrau :
L'armée républicaine
- 20 mars 1794 : 103 000 hommes ;
- mai 1794 : 51 000 hommes ;
- juin 1794 : 25 000 hommes au moins, répartis dans 9 camps retranchés ;
- septembre 1794 : 44 000 hommes.
Selon les travaux de Pierre Constant, datant de 1992, les effectifs se répartissent ainsi[1] :
- novembre 1793 : 70 852 hommes ;
- février 1794 : 99 269 hommes théoriquement, 65 627 en fait ;
- mars 1794 : 81 742 hommes ;
- juin 1794 : 56 763 hommes ;
- octobre 1794 : 60 570 hommes théoriquement, 44 232 en fait.