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Vendée Militaire et Grand Ouest
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10 mars 2015

Terreur (Révolution française)

Terreur (Révolution française)

La Terreur est le nom[1] d'une période de la Révolution française, caractérisée par le règne de l'arbitraire[2] et des exécutions de masse[3],[4],[5],[6] perpétrés par les révolutionnaires. Son instigation ayant été progressive, la date de son commencement varie selon les historiens, de la naissance du tribunal révolutionnaire en mars 1793, aux massacres de Septembre de 1792, voire aux premières têtes tranchées de juillet 1789[7]. Elle voit le point culminant des massacres suivant la prise de pouvoir des députés montagnards en 1793, et s'achève le 28 juillet 1794, avec la chute de Robespierre[7]. À la suite de la chute de la monarchie, le 10 août 1792 et de l’arrestation[8] des députés girondins lors des journées d’émeute des 31 mai et 2 juin 1793, les montagnards prennent le pouvoir.

La République française, alors engagée dans une guerre révolutionnaire contre une coalition européenne et une guerre civile contre les royalistes et les fédéralistes, est gouvernée par un pouvoir d’exception reposant sur la force, l’illégalité et la répression[9] à l'encontre des opposants politiques qualifiés de « contre-révolutionnaires ». La répression touche les royalistes, les girondins, les modérés, avant que les montagnards ne se déchirent entre eux et que ne soient à leur tour frappés les Hébertistes, partisans d'une radicalisation de la Terreur et de la déchristianisation, puis les dantonistes et indulgents. À la suite de la victoire des armées républicaines, les députés de la Plaine, les anciens dantonistes et hébertistes et une partie des Jacobins s'unissent contre Robespierre et ses alliés qui sont exécutés le 28 juillet 1794, mettant ainsi fin de fait à la Terreur.

Pendant cette période, environ 500 000 personnes sont emprisonnées et approximativement 100 000 sont exécutées ou victimes de massacres ; dont environ 17 000 guillotinés, 20 à 30 000 fusillés, et des dizaines de milliers de prisonniers et de civils vendéens, hommes, femmes, et enfants, victimes notamment des massacres du Mans, de Savenay, des colonnes infernales, et des noyades de Nantes.

Chronologie

Sa datation et sa définition restent très fluctuantes[10]. Toutefois, on distingue deux périodes « visibles » de Terreur[11] :

La Terreur atteignit son paroxysme à Paris et en province entre l’été 1793 et l'été 1794. Le Comité de salut public, divisé sur la répression, créa, au printemps 1794, un « bureau de police » pour contrôler les dérives du Comité de sûreté générale que contrôlent son président Alexis Vadier, André Amar et Grégoire Jagot, eux-mêmes sous le contrôle de trois membres éminents du Comité de salut public : Bertrand Barère de Vieuzac – ami intime de Vadier –, Nicolas Billaud-Varenne et Jean-Marie Collot d’Herbois. Le Comité de sûreté générale est une police judiciaire, fonctionnant en liaison avec le Tribunal révolutionnaire. Il a délivré plus de mandats d’arrêt que toutes les autres autorités réunies[réf. nécessaire], notamment le Comité de surveillance du département de Paris ainsi que les comités de surveillance des sections parisiennes [16].

Ce n’est qu’au mois de mars 1794, après le vote des lois de ventôse, que les pouvoirs de l’État sont concentrés, hormis la partie financière[17], entre les mains du seul Comité de salut public[18]. Ses membres se sont peu à peu opposés sur la question des « sévérités nécessaires » : Robespierre était partisan de la modération et des sévérités motivées, contre l’avis de Bertrand Barère de Vieuzac, Collot d'Herbois et Billaud-Varenne qui ont eu à répondre avec Vadier et André Amar du Comité de sûreté générale, de nombreux crimes et actes de barbarie, ce qui valut aux trois premiers une condamnation à la déportation en l’an III.

Au nom de la guerre et du « salut public », une politique de répression a été instaurée par le gouvernement révolutionnaire, sous la pression d’événements menaçant la sûreté de l’État. C’est l’application outrancière de ces sévérités nécessaires, c’est-à-dire le terrorisme se superposant à la répression, qui ouvrit la porte à une terreur que l’on n'avait pas connue depuis les massacres de Septembre 1792, un an plus tôt. Les révélations de complots dans la Lettre anglaise qui fut publiée en juillet 1793 par la Convention, le soulèvement de Lyon puis de la Vendée, la prise de Toulon, etc. furent l’occasion, pour le Comité de salut public et la Convention, de réactions motivées. Celles-ci donnèrent lieu, chaque fois ou presque, dans les faits, à des exagérations dans le dosage de la répression, que ce soit en Vendée, à Lyon, dans le Nord et dans le Midi, ou à Paris. Dès la mise à l’ordre du jour de la Terreur par Bertrand Barère de Vieuzac[19], les libertés commencèrent à s'amenuiser, tandis qu'une politique de lutte contre les dangers intérieurs et extérieurs menaçants la République avait été décrétée et aussitôt mise en application : d’abord la loi contre les étrangers du 5 septembre, puis l'importante loi des suspects du 17 septembre 1793 qui connut des aménagements successifs jusqu’à sa suppression alors que l’Autriche et l’Angleterre étaient toujours en guerre[20].

La loi du 22 prairial (10 juin 1794) qui simplifia à l’extrême les procédures de mise en accusation et supprima toute défense, instaura, à Paris seulement, une série d’exécutions massives qu’on baptisa la Grande Terreur.

On considère que la Terreur s’acheva le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) avec la chute de Robespierre et de ses partisans et leur exécution le lendemain. Les acteurs majeurs de la période sont, notamment, Bertrand Barère de Vieuzac, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne et Lazare Carnot[21]. Contrairement à une tradition bien ancrée dans les manuels scolaires, Maximilien de Robespierre, Saint-Just et Couthon n’ont jamais poussé à la surenchère terroriste. Au contraire, Robespierre a fait obstacle, contre l’avis de ses collègues, aux manœuvres sanguinaires et parfois crapuleuses, en province, de Fouché, de Le Bon, de Carrier et autres représentants proches de Barère de Vieuzac. Néanmoins, le rôle de Robespierre dans la Terreur a été amplifié à cause de son discours resté célèbre, prononcé à la Convention nationale, le 25 décembre 1793 (extraits) :

En fait, Robespierre ne parle que de répression encadrée et non d’exactions et d’exagérations. Il fut le premier en effet à dénoncer les exagérations hébertistes de la Commune de Paris qu’il fit partiellement épurer en février et mars 1794, et celles des envoyés en mission sanguinaires – du moins ceux cités ci-dessus – qu’il voulut faire rappeler.

Les victimes les plus importantes de cette période sont aussi bien royalistes, comme l’ex-souveraine Marie-Antoinette, que républicains comme Vergniaud, Danton, Camille Desmoulins, etc. D’autres personnes furent victimes de règlements de compte (voir Vadier et Darmaing), d’autres avaient le tort d’être trop riches (Antoine Lavoisier et les fermiers généraux)[22], d’autres encore étaient des témoins gênants, d’autres enfin ne surent jamais pourquoi on les avait condamnés à la peine de mort (Cécile Renault).

Contexte et mise en place de la Terreur

Depuis le 20 avril 1792, la France a déclaré la guerre à deux des monarchies européennes solidaires de la famille royale française, l’Autriche et la Prusse. Les défaites successives de l’armée française et l’entrée en guerre de la Prusse (6 juillet) ont contraint l’Assemblée législative à proclamer, le 11 juillet suivant, la « patrie en danger ». La provocation publiée dans le manifeste de Brunswick (25 juillet 1792)[23] dont le but principal est d’intimider les Parisiens en les menaçant de représailles en cas de violence contre le roi et sa famille[24], loin d’atteindre son objectif, contribue à précipiter les événements d’août et de septembre[25].

Le 10 août, les sans-culottes et les fédérés, entraînés par les principales têtes pensantes de la Commune insurrectionnelle de Paris, prennent d’assaut le palais des Tuileries où réside Louis XVI. Celui-ci est incarcéré à la prison du Temple avec la famille royale tandis que les armées étrangères pénètrent sur le sol français.

Pendant cette période, dite de la « Première Terreur » (été 1792), le pays a un gouvernement transitoire dont l’exécutif est confié à la commune insurrectionnelle de Paris, nouveau pouvoir auto-proclamé, qui dispose d’un conseil exécutif composé de six membres[26]. L’Assemblée législative, que la nouvelle commune a décidé de supprimer subsiste provisoirement, mais doit reconnaître celle-ci que des élections ont portée à 288 membres[27] ; elle peut ainsi continuer de siéger normalement et valide le décret de suspension de Louis XVI le soir du 10 août[28]. L’une de ses dernières initiatives sera d’envoyer des représentants en mission auprès des armées afin de purger le haut commandement et de lutter contre les accapareurs.

Dans le même temps, elle décide de mettre en accusation ceux que l’on appelle « les ennemis de la Révolution et les suspects», définition vague qui frappe pêle-mêle toutes sortes de citoyens : 3 000 personnes sont arrêtées, pour souvent être relâchées les jours suivants[29]. Une partie des défenseurs du palais des Tuileries, lors de l’insurrection du 10 août, sont exécutés sommairement[30]. Sous la pression des sans-culottes un tribunal d’exception est organisé le 17  août  1792, avec un jury populaire composé de membres des sections parisiennes ; ce sont aussi les sections parisiennes, qui à la même période, forment des comités de surveillance, lesquels organisent des visites domiciliaires, des perquisitions et des arrestations [31].

L’annonce de la chute de Verdun aux mains des Prussiens (29 août 1792) et les rumeurs de complot créèrent un climat favorable aux massacres qui se déroulèrent au début du mois de septembre 1792 dans les prisons.

Ces opérations furent décidées par le commandant de la garde nationale, le général Santerre (qui prit sur lui de couvrir l’opération) et les membres du Comité de surveillance de la Commune de Paris, à savoir Étienne-Jean Panis, Pierre Jacques Duplain, Didier Jourdeuil et Antoine Sergent. Ces responsables s’adjoignirent l’aide d’un certain nombre de personnes parmi lesquelles Jean-Paul Marat. Celui-ci annonça lui-même, la veille, les massacres dans son journal. Ces tueries préméditées à l’arme blanche contre lesquelles le maire de Paris Jérôme Pétion et le président de l’assemblée nationale ne purent rien faire, durèrent trois jours et ne furent pas l’effet d’une folie collective ou d’une colère. Les massacres de Septembre 1792, qui préludèrent à la terreur de 1793, firent entre 1 000 et 1 400 morts. Les réactions indignées des Parisiens, malgré la peur, commencèrent à s’exprimer à partir de la mi-septembre - Roch Marcandier et Olympe de Gouges furent les premiers à protester - et furent relayées par les députés de la Législative puis de la Convention qui réclamèrent une commission d'enquête parlementaire.[réf. nécessaire]

Après les défaites à répétition de l’armée, la bataille de Valmy (20 septembre 1792) marqua un premier succès militaire - même si les raisons de ce succès sont obscures[32] - et déclencha l’enthousiasme à Paris. La Première République fut proclamée le lendemain et la Convention nationale remplaça l’Assemblée législative.

La nouvelle assemblée de la Convention fut élue au suffrage universel, à charge pour elle de rédiger une nouvelle constitution pour le pays. Les députés siégèrent selon leur appartenance politique : en haut des tribunes de la salle du manège, située dans le jardin des Tuileries, se trouvaient les Montagnards ; les Girondins prirent l’habitude de s’asseoir ailleurs, dans la « plaine ». Le fossé entre les deux « partis » s’agrandit au cours des premiers mois de 1793. Les Montagnards et les Girondins ne s’entendirent pas sur le contenu à donner à la République. Beaucoup de députés, liés d'amitié profonde quelques mois plus tôt se séparèrent sur des questions d’hommes et de projets. Ils se divisèrent sur différentes questions importantes. La première, qui envenima leurs rapports jusqu’à l’élimination physique des uns par les autres fut celle des sanctions judiciaires à donner aux responsables des tueries de septembre. Puis ils se divisèrent sur les pouvoirs de la Commune, exorbitants aux yeux des Girondins qui redoutaient le poids de son bras armé sur l’indépendance et la sérénité des débats parlementaires. Le troisième point d’achoppement tint au procès de Louis XVI, à son principe et à sa forme puis à son déroulement ; et le dernier aux questions diplomatiques relatives à la Grande-Bretagne, à la Hollande et aux pays qui n’étaient pas encore entrés dans la coalition.

Après le procès de Louis XVI, la Convention nationale vota l’exécution du roi (21 janvier 1793), ce qui fut l'une des causes de la formation d’une coalition européenne : les Britanniques attaquèrent les côtes méditerranéennes et du Nord-Ouest, les Espagnols tentèrent de passer les Pyrénées, les Sardes franchirent les Alpes ; les frontières du nord et de l’est cédèrent devant les armées austro-prussiennes. Les armées révolutionnaires reculèrent (défaite de Neerwinden, le 18 mars 1793), à cause des faiblesses du commandement et des effectifs. Les émigrés français étaient souvent d’anciens officiers : même si leurs forces sont en réalité très faibles, elles alimentent l’idée du complot aristocratique[33].

Pour pallier le manque de soldats, la Convention décréta en mars 1793 la levée en masse de 300 000 hommes, sur le principe du volontariat. Devant le manque de volontaires, on décida de procéder à un tirage au sort. Les départements de l’Ouest refusent de partir à la guerre et dénoncent les privilèges accordés aux notables. Avec la guerre de Vendée, l’unité de la République est mise en péril. La Convention réagit d’abord en envoyant des contingents armés en Vendée et prit des mesures radicales : tout insurgé serait condamné à mort et des listes de résidents seraient affichées sur les portes des immeubles de la capitale[34].

Au cours du printemps 1793, des pillages de magasins et de boulangeries eurent lieu dans Paris. L’approvisionnement que gérait la Commune, se faisait mal et on fit courir le bruit que la faute en incombait aux « aristocrates ». Le 4 mai la Convention para les manœuvres destinées à faire soulever la population en fixant un maximum des prix pour les grains et les farines, afin d’arrêter le renchérissement des denrées.

Dans la rue et dans les sections parisiennes, les quelques meneurs de la Commune qui avaient la force armée pour eux, réclamèrent, sous de fallacieux prétextes, l’arrestation des députés girondins qui réclamaient avec insistance le renvoi des meneurs aristocrates de la Commune devant le tribunal révolutionnaire. Devant l’intimidation créée par les canons de la Commune sur la Convention, et pour éviter de nouveaux massacres, les députés décidèrent de prendre des mesures radicales et exceptionnelles. Danton affirmait : « Soyons terribles pour éviter au peuple de l’être »[35]. Le comité de sûreté générale, principal organe de la répression eut des pouvoirs d’investigation étendus. Il était issu du Comité des recherches de la Constituante auquel s’était substitué sous la Législative un comité de surveillance et de sûreté dont les principaux membres furent François Chabot, Claude Basire et Merlin de Thionville. Sous la Convention, le comité de surveillance fut trois fois réorganisé : le premier comité de surveillance, issu le 2 octobre 1792 de l’installation de la Convention[36], fut considérablement restructuré en janvier 1793, et il fonctionna avec la même composition de X membres jusqu’au 14 septembre suivant ; à cette date, des scandales multipliés avaient amené le Comité de salut public et la Convention à réorganiser entièrement et à recomposer le Comité de sûreté générale (à l’exception de Amar) que Barère plaça sous l’autorité de son ami Vadier : c’est le « grand » comité de sûreté générale qui donna consistance à la répression, débouchant très vite sur la période dite de terreur[37]. Outrepassant ses droits au nom de l’efficacité révolutionnaire, pratiquant le zèle par calcul politique, le Comité de sûreté générale fut une véritable police inquisitoriale, qui monta des affaires politico-policières et cultiva le secret sur ses opérations. Son influence dévastatrice fut combattue par Robespierre mais maintenue par Barère, Billaud-Varenne et Collot d’Herbois jusqu’au 9 thermidor. Au niveau local, les comités de surveillance et les comités révolutionnaires de section qui furent institués le 21 mars, complétèrent le dispositif de contrôle politique par les citoyens, y compris pour dénoncer les « ennemis de la République ».

Un tribunal révolutionnaire réclamé par les députés de tous les bords fut chargé de juger les « ennemis de la République » selon une procédure d’exception fondée par le décret du 10 mars qui énumérait ses prérogatives. Il fonctionna en liaison étroite avec le Comité de sûreté générale auquel il était subordonné dans les faits. Ses membres principaux (présidents successifs, accusateur publics, substituts et adjointe, et également la composition de son jury, à Paris, se caractérisèrent, dès le début, par une forte homogénéité politique de tendance exagérée.

Le 28 mars, l’appareil législatif contre les émigrés rentrés fut revu et durci (Loi des témoins).

Enfin et surtout le grand Comité de Salut Public où entrèrent Bertrand Barère de Vieuzac et Georges-Jacques Danton fut mis en place par décret le 6 avril, en remplacement du comité de défense général : organe de gouvernement révolutionnaire, il était en principe subordonné à l’Assemblée et devait permettre de concentrer le pouvoir exécutif. Bientôt, la Convention nationale, débarrassée en deux fois d’une centaine de députés Girondins[38], entérina ses décisions dans la crainte puisque le Comité de salut public s’était donné le droit de faire arrêter les députés « suspects » à titre préventif. Composé de neuf puis de douze membres, le Comité de Salut Public fut l’un des organes de coordination de la répression. Son membre le plus influent - et le premier rentré - ne fut pas Robespierre mais Bertrand Barère de Vieuzac qui eut, après le départ de Danton en juillet 1793, constamment une majorité pour lui et les décisions qu’il voulait imposer à la Convention devenue une chambre d’enregistrement.

En septembre 1793, Bertrand Barère de Vieuzac mettait la terreur à l’ordre du jour le 5 septembre 1793. Jouant avec les mots, celui-ci mêlait deux concepts distincts : la répression aussi sévère soit-elle, prônée par Robespierre qui ne vit pas immédiatement le danger, et le terrorisme d’État qui est l’exagération de la répression, selon la définition qui en fut donnée au Tribunal révolutionnaire chargé de juger en ventôse an II ceux qui l’avaient pratiquée, du moins ceux que l’on avait identifié et décidé de sacrifier[39]. C’est de cette époque et sur cette question du terrorisme comme instrument de gouvernement que devait se fissurer l’unité apparente qui avait prévalu au sein du Comité de salut public. Les divisions – qui devaient déboucher sur le 9 thermidor – sont en effet directement en rapport avec la question cruciale de la poursuite de la guerre et de la reconnaissance de la république, puisque, indépendamment des neutres (Suède, Danemark, Turquie), plusieurs États, comme la Prusse et l’Espagne, se disaient prêts – si l’on arrêtait le terrorisme – à négocier et reconnaître la République.

Le 4 frimaire an II (24 novembre 1793) fut présenté le décret relatif à l’organisation du gouvernement révolutionnaire, qui renforçait la centralisation du gouvernement.

Les mesures de la Terreur (juin 1793-juin 1794)

Plusieurs mesures sont prises pour rétablir la situation militaire de la République et éviter un coup d’État : des représentants en mission sont envoyés pour inspecter les armées et surveiller les généraux. Cette surveillance aboutit à des exécutions de généraux jugés trop tièdes ou traîtres : en 1793, 11 d’entre eux sont exécutés comme Adam Philippe de Custine ou Jean Nicolas Houchard, 31 en 1794 (voir aussi Liste des généraux de la Révolution et du Premier Empire ayant été exécutés). Ces généraux sont remplacés par de jeunes officiers sortis du rang et fidèles à la République. Ils mettent en pratique la stratégie offensive décidée par le Comité de salut public. Ensuite, les étrangers sont bannis de l’armée car ils sont considérés comme suspects[40].

Les armées républicaines sont réorganisées, notamment par Lazare Carnot, surnommé l’Organisateur de la victoire : les effectifs augmentent grâce à la levée en masse (23 août 1793), qui porte momentanément les effectifs de l’armée à 750 000 hommes fin 1794[41] (contre 270 000 fin 1792 et 550 000 fin 1793). Tous les hommes célibataires de 18 à 25 ans sont mobilisés de force. Le budget consacré à l’effort de guerre est augmenté. Les régiments sont transformés en demi-brigades, par l’amalgame de l’armée royale et des volontaires : chaque bataillon de soldats de l’armée d’Ancien Régime reçoit deux bataillons de volontaires ; ces derniers, plus jeunes et généralement plus enthousiastes envers la Révolution, bénéficient de l’expérience des premiers, les entraînent lors des combats et les surveillent, ce qui évite les trahisons d’unités entières. L’amalgame est achevé en 1796.

Pour combler le déficit d’armes et de munitions, le Comité de salut public crée, en 1793, la Commission des armes et des poudres, qui multiplie les manufactures d’armes et réorganise la collecte des matières premières, et confie au comité militaire, réduit à un rôle technique et consultatif, l’organisation des levées d’hommes et leur encadrement, le développement de la cavalerie et la réquisition des charrois, la surveillance des hôpitaux militaires et des troupes cantonnées à Paris[42]. La production d’armes augmente. Pour améliorer la qualité des métaux utilisés et les techniques de fabrication, le chimiste Gaspard Monge et l’ingénieur des mines Hassenfratz sont chargés de l’organisation de la manufacture d’armes de Paris, le chimiste Carny de faciliter l’extraction du salpêtre, Berthollet et Choderlos de Laclos de travailler sur la composition de la poudre et expérimenter de nouveaux projectiles. Le 14 frimaire an II (4 décembre 1793), tous les citoyens, y compris les enfants, sont invités à récolter le salpêtre sur les murs de leurs caves[43]. La Convention décide le 26 juillet 1793 la construction de relais pour le télégraphe par sémaphore de Claude Chappe ; la première ligne est installée entre Lille et Paris durant l’été 1794. Dès l’automne 1793, l’armée utilise des ballons captifs, dont le général Jourdan se sert notamment à Fleurus. Des camps d’entraînement pour les nouvelles recrues sont aménagés.

Le 15 novembre 1793, la Convention décrète que l’approvisionnement des armées doit primer sur celui des civils. En décembre 1792, le ministre de la Guerre Jean Nicolas Pache a remplacé les intendants des armées, système qui favorise la corruption, par la régie directe, pratique abandonnée par son successeur Beurnonville en février 1793. Finalement, un décret du 27 juillet 1793 résilie tous les marchés passés et leur substitue la régie, et l’approvisionnement devient l’un des domaines de prédilection des envoyés en mission.

Après l’été 1793, la situation militaire semble se redresser : le 2 septembre, Toulon est reprise par les armées républicaines après un long siège. Ces dernières remportent plusieurs victoires dans le nord et l’est : Hondschoote (8 septembre 1793), Wattignies (16 octobre 1793), Tourcoing (18 mai 1794) et enfin Fleurus (26 juin 1794). Par ces victoires, la République se renforce et exporte ses idéaux révolutionnaires en dehors de la France.

Le but premier de la guerre est, pour la Convention, de détruire les forces contre-révolutionnaires et de libérer les peuples européens qui leur sont soumis. Les premières Républiques-sœurs sont constituées en 1793 (République rauracienne, dans le Jura suisse, et République de Mayence). Pourtant, les objectifs initiaux sont vite dévoyés et font place à une politique d’occupation des territoires conquis. L’armée doit réquisitionner du matériel et de la nourriture.

Répression ou Terreur ?

En juillet 1793, l’assassinat de Marat par Charlotte Corday renforce les sentiments anti-royalistes. Les insurgés fédéralistes de Normandie marchent sur Paris mais sont finalement arrêtés à Pacy-sur-Eure. Il faut attendre le mois d’octobre pour que Bordeaux et Lyon soient reprises par le gouvernement. En août, les sujets britanniques résidant en France sont menacés d’être arrêtés[44] et en octobre est instituée la loi contre les Anglais. Le 12 août 1793, Robespierre déclare à la Convention :

La loi des suspects est adoptée le 17 septembre 1793. Sont jugés « suspects » d’après l’article 2 :

La justice révolutionnaire est chargée de juger les suspects : elle est exclusivement parisienne après la création du tribunal révolutionnaire de Paris en mars 1793, puis elle se trouve étendue à la province par plusieurs représentants en mission, avec la création de commissions révolutionnaires ou militaires dans les zones de guerre civile.

Le 10 octobre 1793 est proclamé le gouvernement révolutionnaire : la constitution de 1793 n’est pas appliquée et les libertés sont suspendues en attendant le retour à l’ordre et à la paix. Le pouvoir est concentré et centralisé. Grâce à la création du Bulletin des lois de la République, les décisions de la Convention sont connues et applicables immédiatement. C’est à partir de cette date que Robespierre prend de plus en plus d’ascendant sur les différents acteurs politiques à Paris. Le comité de sûreté général ainsi que les comités locaux sont chargés d’appliquer les lois et de trouver les suspects. Ils font leur rapport hebdomadaire devant le Comité de salut public. En province, les institutions locales sont purgées. Finalement les agents nationaux surveillent les districts.

Malgré les victoires contre les fédéralistes (Lyon tombe le 9 octobre 1793), la Terreur continue en province comme à Paris. La loi de ventôse an II (février-mars 1794) permet la redistribution des biens des opposants vers les alliés des dirigeants politiques du moment. L’obtention d’un certificat de civisme devient une nécessité vitale pour les nombreuses personnes suspectes.

La Terreur dans l'Ouest

En mars 1793, de nombreuses révoltes paysannes éclatent dans l'Ouest, en Bretagne, en Anjou, dans le Poitou et le Bas-Maine en réaction à la Levée en masse. Si au nord de la Loire, les insurgés sont vaincus en moins d'un mois, au sud les troupes républicaines sont mis en fuite. Non seulement les gardes nationaux sont repoussés, mais le 19 mars une colonne de 2 300 soldats de métier est écrasée par les paysans à la bataille de Pont-Charrault. Vainqueurs les rebelles créent une armée catholique et royale, débute alors la guerre de Vendée.

Pour les Conventionnels, cette défaite, due en réalité à une maladresse tactique, est inexplicable. Le commandant de la colonne, le général Louis de Marcé, est alors accusé de trahison et de complicité avec Dumouriez dans un complot contre-révolutionnaire[45]. Au cours de la guerre, d'autres généraux républicains subissent la même accusation. Pierre Quétineau, battu à la bataille de Thouars, capturé par les Vendéens puis relâché, est accusé par ses propres soldats, il est emprisonné avec Marcé à la prison de l'Abbaye. En décembre 1793, Goupilleau de Montaigu réclame la comparution devant le tribunal révolutionnaire des généraux Marcé et Quétineau. Condamné à mort, Marcé est guillotiné le 26 décembre, Quétineau monte à son tour sur l'échafaud le 17 mars 1794[46].

Des querelles et des rivalités opposent également les généraux ; deux armées a lieu d'une seule se retrouvent à combattre les Vendéens; l'armée des côtes de La Rochelle qui tient l'essentiel du front et l'armée des côtes de Brest opérant en Loire-Inférieure. La première surtout est sujette aux intrigues, Armand-Louis de Gontaut Biron, son général en chef, ci-devant, entre en conflit avec le général sans-culotte Rossignol et présente à plusieurs reprise sa démission. Accusé de trahison par Charles Philippe Ronsin, alors adjoint au ministre de la guerre, Biron est arrêté, puis décrété d'accusation sur proposition de Robespierre, il est guillotiné le 31 décembre 1793[47]. À la suite d'une dispute, le général Westermann fait mettre aux arrêts le général Rossignol, cependant ce dernier bénéficie du soutien Charles Philippe Ronsin. Reçu par le Comité de Salut public, Rossignol obtient d'être renvoyé à l'armée, où quelques jours après, il est nommé général en chef de l'armée des côtes de La Rochelle. Destitué en août par les représentants en mission Bourdon et Goupilleau de Montaigu, il se défend devant la Convention. Soutenu par Danton, Robespierre, Bourbotte et Hébert, Rossignol est nommé général en chef de l'armée des côtes de Brest[48]. D'autres généraux sont compromis dans les luttes politiques, Ronsin et Beysser, ce dernier pourtant proche des Girondins, sont exécutés avec les Hébertistes, Westermann avec les Dantonistes.

Ces conflits divisent également les représentants en mission, ainsi Pierre Philippeaux, en mission à l'armée des côtes de Brest, et René-Pierre Choudieu, à l'armée des côtes de La Rochelle se querellent à chaque conseil militaire. Lemaignan est accusé de fédéralisme par Fayau, Duchâtel est accusé par Choudieu et Bourbotte d'être en correspondance avec les rebelles, Goupilleau de Montaigu et Carra entrent également en conflit[48].

En octobre, à la suite d'un nouveau décret de la Convention, l'armée de l'Ouest naît de la fusion des trois armées; de La Rochelle, de Brest et de Mayence. De plus sur l'initiative du ministre de la guerre Jean-Baptiste Bouchotte, les généraux ci-devants nobles, généralement compétents comme Canclaux, Grouchy et Aubert-Dubayet sont remplacés par des sans-culottes hébertistes tel que Léchelle, Rossignol, Ronsin, Tribout, Muller, Carpantier, Grignon, Grammont ou Santerre qui se révèlent être de médiocres généraux[49].

Mais une rivalité oppose bientôt les troupes sans-culottes parisiennes aux soldats d'élite de l'Armée de Mayence. Les déroutes des premiers étant raillées par les seconds[50]. Léchelle, en particulier, nommé par le Comité de salut public général en chef de l'armée de l'Ouest est décrit par le général mayençais Jean-Baptiste Kléber comme « le plus lâche des soldats, le plus mauvais des officiers et le plus ignorant des chefs qu'on eût jamais vus[51] ». L'incompétence de ce général et des sans-culottes ne tarde pas à devenir notoire pour certains représentants tels que Philippeaux et Merlin de Thionville. De leur côté, les sans-culottes se méfient de l'esprit peu révolutionnaire des Mayençais, ainsi Rossignol juge Kléber « Bon général, mais il sert la République comme il servirait un tyran. » Choudieu et Bourbotte étalent leurs préventions contre les Mayençais[52]. Début décembre, Prieur de la Marne menace même de faire guillotiner Kléber[53]. Bien que proche des sans-culottes, Carrier soutient néanmoins Marceau et Kléber et fait grand éloge des Mayençais[54].

Le renfort de l'armée de Mayence s'avère déterminant, commandés de fait par Kléber, les Républicains remportent une victoire décisive à la bataille de Cholet le 16 octobre. Cependant dix jours plus tard lors de la poursuite des Vendéens engagés dans la Virée de Galerne, le plan du général Léchelle pousse les Républicains au désastre lors de la bataille d'Entrammes. Mais le Comité de Salut public en tient les Mayençais pour responsable et décrète que « l'Armée de l'Ouest sera purgée de tous les Mayençais. » L'armée de Mayence est dissoute et ses effectifs amalgamés à l'armée de l'Ouest à partir du 1er novembre[55]. À cette même période, le Comité de Salut public écrit aux représentants en mission de « se défier de Kléber et de Haxo comme de deux royalistes[56]. » Rossignol est à nouveau nommé commandant en chef des forces combinées des armées de l'Ouest et des côtes de Brest, jusqu'à sa défaite à la bataille de Dol, après laquelle il offre sa démission. Mais celle-ci refusée par Prieur de la Marne et les représentants en mission qui favorisent les généraux sans-culottes et c'est le général d'état-major Nouvion qui est destitué[57]. « Quand même, déclare Prieur de la Marne aux généraux, Rossignol perdrait encore vingt batailles, quand il éprouverait encore vingt déroutes, il n'en serait pas moins l'enfant chéri de la Révolution[58]. » De même, Tribout, malgré sa déroute à la bataille de Pontorson, n'est pas suspendu[59]. Le 3 décembre, arrive le courrier de destitution de Kléber et Haxo, signé du ministre de la guerre Bouchotte mais Rossignol ne fait pas suivre l'ordre[60]. Finalement, le 27 décembre, le Comité de Salut public nomme le général Louis Marie Turreau à la tête de l'armée de l'Ouest, cependant ce dernier est alors loin du théâtre du combat et l'intérim est confié au général Marceau sur proposition de Kléber. Sous son commandement, l'armée vendéenne est écrasée à la fin du mois de décembre à la bataille du Mans, puis à la bataille de Savenay.

Dès le 19 mars 1793, soit quelques jours seulement après le début de l'insurrection vendéenne, la Convention nationale décrète la peine de mort pour tout insurgé pris les armes à la main ou porteur d'une cocarde blanche[61]. Ceux-ci doivent être jugés par une commission militaire ou le tribunal criminel du département et la sentence exécutée dans les 24 heures[62]. Le décret est modifié le 10 mai, sur l'initiative de Danton, de manière à ne viser désormais que les chefs rebelles[63]. Néanmoins dans les mois qui suivent, plusieurs représentants en mission et commissions militaires continuent de prononcer des condamnations à mort au nom de la loi du 19 mars[64].

À Paris, les révolutionnaires sont rapidement excédés par les victoires vendéennes, qualifiées de « coups de poignards dans le dos ». Le 26 juillet 1793, devant la Convention nationale, Barère réclame la destruction de la Vendée et l'extermination des rebelles[65],[66]. Le 1er août, la Convention nationale planifie la répression en décrètant la loi d'anéantissement de la Vendée ; la politique de la terre brûlée devra être appliquée en Vendée, la « race rebelle » des « brigands » sera exterminée[67], « Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles seront détruits, les récoltes seront coupées [...], pour être portées sur les derrières de l'armée, et les bestiaux seront saisis. Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l'intérieur ; il sera pourvu à leur subsistance et à leur sécurité avec tous les égards dus à leur humanité[68],[69]. »

Le 9 août 1793, toujours sur proposition de Barère, les soldats d'élite de l'armée de Mayence sont envoyés en Vendéens. Ces derniers remportent une série de victoire et appliquent les ordres d'incendies et de destructions, avant d'être finalement repoussés à la bataille de Torfou[70]. La Convention nationale adopte alors un second décret le 1er octobre, les troupes sont réorganisées et les généraux nobles sont destitués[71]. Ce décret est accompagné d'une proclamation dans laquelle les conventionnels ordonnent aux « soldats de la liberté » d'exterminer les « brigands de la Vendée » avant la fin du mois d'octobre[72].

Le 16 octobre, après la victoire républicaine de Cholet, les Vendéens, au nombre de 60 000 à 100 000[73], femmes et enfants inclus, traversent la Loire afin d'obtenir des secours des Britanniques, des Émigrés et des Chouans. C'est le début de la « Virée de Galerne ». L'armée de l'Ouest se lance alors à la poursuite des Vendéens et l'essentiel de la guerre se porte au nord de la Loire, dans le Maine et la Haute-Bretagne. De ce fait, l'application du plan d'incendie et d'extermination en Vendée est suspendue[74]. Pour les Républicains, la priorité est de détruire l'armée vendéenne avant qu'elle ne soit en mesure de recevoir des secours de la part des Anglais, aussi le 1er novembre 1793 la Convention nationale décrète que « toute ville de la république qui recevra dans son sein des brigands, ou qui leur donnera des secours ou qui ne les aura pas repoussés » sera rasée[75]. Ce décret ne sera cependant pas appliqué. De son côté, le Comité de salut public envoie ordres sur ordres réclamant « l'extermination des brigands » ayant traversés le fleuve[76].

Après la bataille de Cholet du 16 octobre 1793, les Vendéens, vaincus et acculés sur les bords de la Loire, se retrouvent forcés de traverser le fleuve. Les combattants, rejoints par une multitude de vieillards, de femmes et d'enfants fuyant les incendies et les dévastations des armées républicaines[77], pénètrent alors en Bretagne et dans le Maine où ils espèrent recevoir des secours des populations qui leur sont souvent favorables. Au total, ce sont 60 000 à 100 000 personnes selon les estimations, hommes femmes et enfants, qui franchissent le fleuve[73].

Les Vendéens s'emparent de Laval, puis repoussent les Bleus lors de la bataille d'Entrammes. Espérant obtenir des secours des Britanniques et des Émigrés à Jersey, les officiers royalistes décident de prendre un port. Les Blancs marchent alors vers les côtes de la Manche, prenant au passage les villes de Fougères, Dol-de-Bretagne et Avranches, ils attaquent le port de Granville le 14 novembre mais ils y sont repoussés après une journée de siège. Démoralisés et n'écoutant plus leurs chefs, les combattants font demi-tour impatients de regagner la Vendée.

L'exode prend alors une tournure particulièrement dramatique, la colonne vendéenne est décimée par le froid, la faim et surtout par le typhus, la dysenterie, le choléra et la gale[78],[79], elle laisse derrière elle de nombreux cadavres sur les routes et dans les villes[80], tandis que les malades et des blessés laissés en arrière sont systématiquement achevés par les Républicains lancés à leur poursuite. Ainsi dés le début de la Virée de Galerne, 400 blessés de la bataille Cholet sont massacrés par les troupes de Westermann à Beaupréau[81]. Quelques jours après, une trentaine de blessés abandonnés à Candé sont tués quand les patriotes reprennent la ville[82],[83]. Puis après l'échec du siège de Granville, les Vendéens quittent la Normandie et laissent encore derrière eux de nombreux blessés et traînards. À Avranches, le 16 novembre la municipalité fait exécuter 55 à 60 Vendéens pris dans les hôpitaux, puis cinq jours plus tard, le représentant Laplanche fait fusiller plus de 800 prisonniers vendéens, la plupart malades ou blessés lors du massacre d'Avranches[84],[85]. Le 18 novembre, les généraux Canuel et Amey reprennent Fougères, aussitôt les soldats torturent et massacrent 200 Vendéens dans les hôpitaux, dont de nombreuses femmes[86]. De même à Mayenne, par peur des contagions, le représentant Letourneur fait fusiller 200 malades vendéens, touchés par la dysenterie[87]. Le 10 décembre, en tête de la poursuite, le général Westermann tue et massacre 100 rebelles à La Flèche, puis fait égorger 600 autres traînards dans les villages des environs. Le lendemain, le général Kléber arrive dans cette même ville avec sa division et 300 malades et blessés sont encore massacrés[88].

À la suite de leur victoire à la bataille de Dol, les Vendéens peuvent regagner les bords de la Loire, mais il ne parviennent pas à prendre Angers. Finalement des renforts républicains dégagent la ville et les Royalistes s'enfuient sur La Flèche avant de trouver un refuge temporaire au Mans. Le 13 décembre, les Républicains prennent la ville d'assaut et la bataille dégénère en massacre des blessés, des femmes et des enfants. Arrivé dans la ville en plein combat le général en chef Marceau fait battre la générale pour rassembler les soldats et arrêter les tueries, il sauve, provisoirement, des milliers de prisonniers[89] alors que les fusillades et les viols se poursuivent devant la maison choisie par les représentants Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte qui laissent les tueries se poursuivre[90],[91]. Une fois la ville prise, le général Westermann se lance à la poursuite des fuyards, ses soldats aidés des paysans sarthois continuent le carnage sur la route de Laval. Au moins 10 000[92] à 15 000[93] Vendéens sont tués tant par les combats que par les massacres alors que les Républicains ne déplorent que 30[94] à 100[95] tués.

Les survivants fuient vers la Loire, le 16 décembre, ils sont à Ancenis. À Nort-sur-Erdre, Westermann massacre 300 à 400 traînards[96]. Le général Westermann, commandant de la cavalerie et chef de l'avant-garde se distingue par chevauchées sanglantes et gagne le surnom du « boucher[97]. » Le passage sur la Loire étant coupé par les chaloupes canonnières, les Vendéens se replient vers l'Ouest mais ils sont rattrapés le 23 décembre à Savenay.

La Bataille de Savenay est un nouveau massacre, 4 000 à 7 000 Vendéens sont tués au combat ou fusillés. Dans une lettre célèbre, le général Westermann écrit au Comité de Salut public que « Suivant les ordres que vous m’aviez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé[98]. » Le carnage se poursuit pendant plusieurs jours, le 26 décembre, 500 à 600 Vendéens sont fusillés à la butte de Sem à Prinquiau[3]. Dans les trois jours qui suivent la bataille, la commission Bignon fait fusiller 662 prisonniers pris les armes à la main tandis que les femmes et les enfants, au nombre de 1 679, sont envoyés dans les prisons de Nantes où ils disparaissent lors de la Terreur nantaise[99].

Lors de ces trois mois de combats, plus de 5 000 soldats républicains ont été tués, 50 000[100] à 70 000[101] Vendéens et Chouans sont morts; plus de 10 000 ont été faits prisonniers; 4 000 seulement[102] sont parvenus à regagner la Vendée militaire. Les autres trouvent des secours parmi les populations du nord de la Loire, certains combattants se joignent aux Chouans bretons et mainiaux.

Pendant la Virée de Galerne quelques combats se sont poursuivis en Vendée entre les forces républicaines du général Haxo et les troupes du chef vendéen Charette. Le 12 décembre Carrier écrit au général Haxo d'affamer les populations de la Vendée « Il entre dans mes projets, et ce sont les ordres de la Convention nationale, d'enlever toutes les subsistances, les denrées, les fourrages, tout en un mot dans ce maudit pays, de livrer aux flammes tous les bâtiments, d'en exterminer les habitants ; car je vais incessamment t'en faire passer l'ordre[103]. » Haxo, cependant, n'applique pas ces ordres de destructions.

La Loire-inférieure et le Maine-et-Loire sont les deux départements français où la Terreur fait le plus de victimes[104].

Dans le contexte de la guerre de Vendée, les premiers jugements de prisonniers détenus à Nantes sont rendus dés mars 1793 par le tribunal criminel extraordinaire chargé également de statuer sur les crimes de droit commun. Divisé en deux sections, il prononce quelques condamnations à mort contre les insurgés, notamment quatre à Guérande par la première section. Plus active, la seconde section présidée par Gandon puis Phelippes-Tronjolly, juge plus de 800 personnes de mars à novembre 1793; 14 sont condamnées à mort, dont le chef rebelle Gaudin de La Bérillais, 46 à la déportation, 7 aux fers, 8 à la prison et 503 sont acquittés[105].

La population nantaise est cependant divisée entre le peuple, montagnard, et la bourgeoisie du négoce et du barreau girondine. En juin, la municipalité de Nantes et le département de la Loire-inférieure, acquises aux Girondins, soutiennent l'insurrection fédéraliste, mais les révolutionnaires nantais restent unis et mobilisés contre les Vendéens de l'armée catholique et royale qui menacent Nantes. Cependant le maire de la ville, Baco de La Chapelle publie un arrêté par lequel la ville déclare s'opposer à la présence dans ses murs de tout représentant en mission, le texte est contresigné par le général Beysser, commandant de la place de Nantes, qui fait également libérer des suspects. En revanche, le général Canclaux, commandant en chef de l'armée des côtes de Brest et les représentants en mission Gillet et Merlin de Thionville se montrent hostile au mouvement fédéraliste[106]. Le 29 juin, l'armée républicaine soutenue par des volontaires nantais repousse les Vendéens lors de la bataille de Nantes, mais en Normandie les troupes fédéralistes sont vaincues à la bataille de Brécourt.

Arrivés à Nantes, les représentants Philippeaux, Gillet et Ruelle destituent la municipalité en septembre, pour avoir soutenu l'insurrection fédéraliste. Ils instituent alors un nouveau Comité de surveillance, plus tard rebaptisé Comité révolutionnaire de Nantes, recruté parmi les Sans-culottes. Le 19 octobre, le représentant Carrier vient prendre la direction de la ville jusqu'au 4 février 1794[107]. La solidarité née parmi la population de l'union contre la menace royaliste s'effrite devant le chômage qui frappe les classes populaires, également menacées par la disette. Malgré son rôle joué dans la bataille de Nantes, le général Beysser est destitué par les représentants, avant d'être décrété d'accusation par le Comité de Salut public, de même que le représentant Coustard de Massi et plusieurs administrateurs nantais. Le maire Baco de La Chapelle accourt à Paris pour prendre leur défense devant la Convention, mais attaqué par Fayau et Legendre, il est à son tour arrêté. Baco est néanmoins relâché à la suite des sollicitations de la municipalité de Nantes, suivies d'une pétition signée notamment par Canclaux et Gillet, sa carrière politique à Nantes est néanmoins finie. Coustard est guillotiné le 6 novembre. Beysser, un temps rétablit dans son grade, est dénoncé par Carrier, arrêté et guillotiné à Paris le 13 avril 1794[108],[109].

La répression contre les Vendéens prend davantage d'ampleur. La première commission militaire révolutionnaire de Nantes, la commission Pépin ou Lenoir, est établie le 30 octobre 1793 par les représentants en mission Carrier et Francastel pour juger les rebelles détenus dans les prisons de la ville. Elle fait également une expédition sur Paimbœuf au cours de laquelle, sur 162 personnes jugées, 103 sont condamnées à mort et fusillées ou guillotinées du 27 mars au 11 avril. Au total, du 5 novembre 1793 au 30 avril 1794, la commission juge 800 personnes et en condamne 230 à mort, dont le général vendéen La Cathelinière. 60 autres accusés sont condamnés aux fers et 46 à la prison, 167 sont renvoyés pour plus amples informations et 321 acquittés[110],[111].

En décembre 1793, la ville de Nantes, dirigée par le représentant Jean-Baptiste Carrier, voit arriver dans ses murs un afflux de prisonniers vendéens, capturés lors de la Virée de Galerne. Ces derniers, au nombre de 8 000 à 9 000, hommes, femmes et enfants, sont entassés dans la prison de l'Entrepôt des cafés[112]. Les conditions sanitaires sont épouvantables, le médecin Pariset décrit les détenus comme des « spectres pâles, décharnés, couchés, abattus sur les planchers, on s'y traînant en chancelant comme dans l'ivresse ou la peste[113]. » Rapidement, une épidémie de typhus éclate dans les prisons de Nantes, elle tue 3 000 détenus[114],[115],[116],[117], dont 2 000 dans l'entrepôt[118], ainsi que des gardiens et des médecins et menace de s'étendre à la ville. Le représentant Carrier et les Sans-culottes nantais, recourent alors massivement aux fusillades et aux noyades pour vider l'entrepôt et les pontons.

Après avoir jugé et fait fusiller les prisonniers vendéens pris lors des batailles du Mans et de Savenay, la commission Bignon est appelée à Nantes. Elle y tient ses séances presque chaque jour à la prison de l'Entrepôt des cafés du 29 décembre 1793 au 25 janvier 1794. Lors de cette période, elle condamne à mort 1 969 détenus et ne prononce que trois acquittements. Les condamnés sont fusillés dans les carrières de Gigant. La commission quitte ensuite l'entrepôt à cause du typhus. Les 2 et 3 avril, elle fait une expédition à La Montagne au cours de laquelle elle condamne à mort 209 habitants de Bouguenais, ces derniers sont fusillés lors du massacre du château d'Aux. À Nantes, du 27 janvier au 8 mai 1794, la commission prononce encore 53 condamnations à mort, 3 à la déportation et 27 acquittements[119].

En plus des fusillades, des noyades de prisonniers sont effectuées sur l'ordre du représentant Carrier. Ces exécutions sont organisées par Lamberty, Fouquet, Grandmaison, Robin et les Sans-culottes de la compagnie Marat. Plusieurs noyades sont effectuées du 16 décembre 1793 au 27 février 1794, les prisonniers, hommes, femmes et enfants, souvent dépouillés, sont entassés sur de vieux navires qui sont coulés au milieu de la Loire avec leur chargement humain. Les premières victimes sont des prêtres réfractaires, puis des prisonniers du Bouffay, enfin en grande majorité les Vendéens détenus à l'Entrepôt des cafés et aux pontons. 1 800 à 4 860 personnes périssent au cours des noyades de Nantes[120],[121],[122].

Outre les commissions militaires, de nombreux prisonniers sont exécutés sans jugements. Ainsi les fusillades de Nantes font 2 600[123] à 3 600 victimes au total[124]. 144 personnes sont également guillotinées, place du Bouffay[125]. Les exécutions de décembre marquent particulièrement les esprits. Le 17, 24 Vendéens, dont quatre enfants de 13 à 14 ans, sont exécutés sans jugement sur ordre de Carrier, de par sa petite taille, l'un des enfant a la tête fendue par la lame au lieu d'être décapité au cou. Le 19 décembre, 27 autres victimes suivent dont 7 femmes; les sœurs La Métayrie, âgées de 17 à 28 ans. Quelques jours après, le bourreau est remplacé, le bruit circula parmi la population qu'il avait mis fin à ses jours[126],[127].

Au total, sur les 12 000 à 13 000 prisonniers[128], hommes, femmes et enfants, que compte la ville, 8 000 à 11 000[129] périssent, dont la quasi-totalité des prisonniers de l'entrepôt[112]. La grande majorité des victimes sont des Vendéens[130], on compte aussi des Chouans, des suspects nantais, généralement girondins ou fédéralistes, des prêtres réfractaires, des prostituées[131], des droits communs, ainsi que des prisonniers de guerre Anglais et Hollandais[131].

Les 2 et 5 janvier 1794, Marc-Antoine Jullien fils écrit à Robespierre et Barère, il dénonce les « actes tyranniques » de Carrier et réclame son départ mais ses lettres restent sans réponse. Jullien récidive le 3 février, dans deux courriers écrits à son père et à Robespierre. Carrier, lui-même demande son rappel. Cinq jours plus tard, Barère demande à Carrier son retour à la Convention nationale, il est remplacé par Prieur de la Marne[132]. À Nantes, les adversaires de Carrier se vengent alors sur Lamberty et Fouquet qui sont arrêtés. Malgré les protestations de l'ancien représentant en mission, les deux sans-culottes sont jugés par la commission Bignon, condamnés à mort et guillotinés le 16 avril[133]. Le rôle joué par Robespierre dans le rappel de Carrier est controversé; le 23 novembre 1794, devant la Convention le représentant en mission Joseph François Laignelot, Thermidorien, déclare : « Avant que Carrier fût dénoncé, j'allai voir Robespierre, qui était incommodé ; je lui peignis toutes les horreurs qui s'étaient commises à Nantes ; il me répondit : Carrier est un patriote ; il fallait cela dans Nantes[134]. » À l'inverse, Charlotte Robespierre, écrit dans ses mémoires que plusieurs fois son frère « demanda, sans pouvoir l'obtenir, le rappel de Carrier que protégeait Billaud-Varenne[135]. »

D'autres commissions militaires sont mises en place dans les villes de Loire-inférieure. Du 31 mars au 26 avril 1793, la commission militaire d'Ancenis prononce 55 acquittements, 15 renvois environ devant le tribunal de Nantes et 24 condamnations à mort contre des paysans insurgés pris après le combat d'Ancenis. De mai à juin, une seconde commission est mise en place dans cette même ville, elle prononce 63 acquittements et aucune condamnation. En nivôse, la commission militaire de Châteaubriant fait fusiller 15 rebelles prisonniers. À Guérande, deux condamnations à mort en ventôse. Le 17 mars 1793, 3 insurgés sont exécutés à Paimbœuf après jugements du conseil militaire. Du 23 au 28 avril 1793, trois commission militaires sont mises en place à Machecoul prise aux Vendéens par les Républicains du général Beysser, outre 6 acquittements et 8 renvois, 16 à 17 accusés sont condamnés à mort, dont René Souchu, principal responsable des massacres de Machecoul. En janvier, la commission de Legé mise en place par l'adjudant-général Carpentier, fait condamner à mort 64 prisonniers Vendéens, ceux-ci sont fusillés les 12 et 13 janvier 1794 lors du massacre de Legé. Les jugements rendus par la commissions de Blain restent cependant inconnus[136].,

Le 27 février 1794, une noyade est ordonnée à la baie de Bourgneuf par l'adjudant-général Lefebvre et le commandant Foucault, 41 personnes: 2 hommes, dont un vieillard aveugle de 78 ans, 12 femmes, 12 filles, 10 enfants âgés 6 à 10 ans et 5 nourrissons sont embarqués à Paimbœuf sur un navire, conduits au large et précipités dans les flots[137],[138].

En juillet 1793, les troupes républicaines reprennent la ville d'Angers, chef-lieu du département du Maine-et-Loire, abandonnée par l'armée catholique et royale. Arrivés avec l'armée, les représentants Bourbotte, Choudieu et Tallien remplacent aussitôt l'administration de la ville, dont une partie avait ralliée les Vendéens, par un comité révolutionnaire. En 18 mois, ce comité fait arrêter et emprisonner au château d'Angers, 1 547 personnes, dont 203 femmes. 932 autres prisonniers sont également envoyés au château sur ordres de diverses autres autorités révolutionnaires[139].

Dès mars 1793, des commissions militaires sont mises en place pour juger les prisonniers. Elles supplantent rapidement le tribunal criminel du département qui avait prononcé un nombre de condamnation à mort assez modéré. La première instaurée est la commission Léger mais ses actions sont inconnues. Bien plus importante, la commission Parein-Félix est établie auprès de l'armée des côtes de La Rochelle dont le quartier-général se trouve à Angers, mais elle est également tenue de suivre les armée dans ses opérations. Présidée par Pierre-Mathieu Parein du Mesnil, puis par Antoine Félix, la commission juge, du 23 juillet 1793 au 5 mai 1794, plus de 2 000 prisonniers et prononce 1 158 condamnation à mort[140].

À Angers même, 290 prisonniers sont fusillés ou guillotinés et 1 020 meurent en prison par les épidémies[141]. Une tannerie de peau humaine est établie, 32 cadavres de Vendéens sont écorchés pour faire des culottes de cavalerie[142]. La majorité des exécutions ordonnées par la commission Parein-Félix ont lieu à Avrillé. Les fusillades d'Avrillé, au nombre de neuf, du 12 janvier 1794 au 16 avril 1794, font 900 à 3 000 morts, les estimations les plus probables vont de 1 200 à 1 994[143].

Les jugements ont lieu principalement à Angers mais la commission Parein-Félix effectue également des déplacements à Saumur, Chinon, Doué, Les Ponts-de-Cé et Laval. La plupart des condamnés sont fusillés, la guillotine étant réservée aux nobles, aux religieux et aux fonctionnaires. Ainsi sur ordre de la commission, 124 prisonniers vendéens sont fusillés à Juigné-sur-Loire le 2 décembre 1793. À Doué-la-Fontaine, du 6 au 12 décembre, 11 personnes sont guillotinées, et 200 fusillées contre 15 acquittements. Du 13 au 25 décembre, 29 prisonniers sont guillotinés à Saumur, 403 sont fusillés, 19 acquittés. De retour à Angers, la commission tient 109 séances du 31 décembre 1793 au 3 mai 1794, pendant cette période 143 personnes sont guillotinés et 199 fusillés, 97 religieuses sont déportées, 8 personnes sont condamnées à la prison, 2 aux fers, 400 sont acquittés, dont 128 soldats républicains, jugé le 8 mars pour fuite devant l'ennemi[144].

Parallèlement, le Comité révolutionnaire d’Angers met en place des commissaires recenseurs. Ces derniers opèrent à 43 recensements dans les sept prisons de la ville, à chaque visite et après un bref interrogatoire, les noms des détenus recensés sont accolés d’une lettre ; G pour guillotiner et F pour fusiller. 400 hommes et 360 femmes et filles sont ainsi condamnés à mort sans jugement par les commissaires recenseurs. Quelques prisonniers bénéficient cependant d’acquittements[145].

Aux Ponts-de-Cé, les représentants en mission Nicolas Hentz et Adrien Francastel font exécuter sans jugement 1 500 à 1 600 prisonniers de fin novembre 1793 à la mi-janvier 1794 lors 12 fusillades[111]. Quelques exécutions par noyades font entre 12 et plusieurs dizaines de victimes[111].

À Saumur, 1 700 à 1 800 personnes sont emprisonnées, 950 sont exécutés par les fusillades ou la guillotine, 500 à 600 périssent en prison ou meurent d'épuisement[146]. À Doué-la-Fontaine, du 30 novembre 1793 au 22 janvier 1794, 1 200 personnes sont emprisonnées, 350 à 370 sont exécutées et 184 meurent en prison[147].

De plus, 800 femmes sont emprisonnées à Montreuil-Bellay où 200 d'entre elles meurent de maladie, 300 sont transférées à Blois ou Chartes où elles disparaissent pour la plupart[128]. Près de 600 à 700 vendéens capturés lors de la Virée de Galerne sont évacués vers Bourges où seule une centaine d'entre eux survivent[146]. À Saint-Florent-le-Vieil, la garnison de la ville, commandée par le général Maximin Legros, effectue des rafles dans la population des environs, de décembre à mars, environ 2 000 hommes, femmes et enfants sont enfermés dans l'abbaye de Saint-Florent-le-Vieil avant d'être mis à mort lors des fusillades du Marillais[148],[147]. Environ 1 500 à 1 800 prisonniers sont encore passés par les armes à Sainte-Gemmes-sur-Loire au cours de quatre fusillades entre le 27 décembre 1793 et le 12 janvier 1794[149].

Au total, dans le Maine-et-Loire, 11 000 à 15 000 prisonniers vendéens ou contre-révolutionnaires du nord de la Loire, hommes, femmes et enfants, sont emprisonnées, parmi ceux-ci 6 500 à 7 000 sont fusillées ou guillotinées et 2 000 à 2 200 meurent dans les prisons[141].

 

Au nord de la Loire, après la Virée de Galerne, les représentants en mission établissent des commissions militaires pour juger les prisonniers vendéens et chouans. Dans la Manche, une commission militaire est établie par le représentant Le Carpentier aussitôt après le siège de Granville. Du 19 novembre 1793 au 11 mai 1794, au moins 43 condamnations à mort sont prononcées à Granville, il y en eut peut-être davantage[150]. À Coutances, le tribunal criminel de la Manche prononce 13 condamnations à mort de mai 1792 à juillet 1794 ; essentiellement des Chouans ou des déserteurs, ainsi qu'un fabricant de faux assignats et un prêtre réfractaire. Le 6 juillet, Le Carpentier fait envoyer sur Paris 24 détenus accusés de fédéralisme et d'aristocratie. Ces derniers sont jugés par le tribunal révolutionnaire et 20 d'entre-eux sont condamnés à mort et guillotinés[151]. Le tribunal militaire de Cherbourg ne prononce qu'une seule condamnation à mort, le 11 juillet 1794, contre un religieux[152]. À Alençon, dans l'Orne, dirigée par le représentant Le Tourneur, puis par Garnier de Saintes, le tribunal criminel prononce 189 condamnations à mort, dont 172 contre des prisonniers vendéens dans les jours qui suivent le siège de Granville et la bataille du Mans[153].

Dans la Sarthe, une première commission militaire est établie au Mans, mais elle ne siège qu'un jour en condamnant à mort un prêtre réfractaire le 8 mai. De septembre à décembre, la première commission de Sablé-sur-Sarthe, créée par le représentant Didier Thirion, gagne Le Mans et condamne à mort 23 Vendéens et Chouans, dont 7 femmes, tandis que les enfants âgés de 8 à 15 ans sont soumis à la détention jusqu'à la paix. En même temps, est mis en place le tribunal criminel de la Sarthe qui, de septembre à décembre, ne condamne à mort qu'un autre prêtre à Sablé-sur-Sarthe. Le tribunal s'enfuit du Mans en décembre, à la suite de l'approche de l'armée vendéenne, il y revient après la bataille du Mans, accompagné du représentant Garnier de Saintes. Dans un arrêté, le représentant simplifie les formalités judiciaire pour juger les prisonniers vendéens, « les condamnés à mort seront fusillés ». Le tribunal tient ses séances du 7 au 16 janvier 1794, 135 accusés sur 148 sont condamnés à mort, les prisonniers âgés de 15 ans sont graciés. Protégées par la municipalité, les femmes évitent le jugement, néanmoins plusieurs périssent du typhus dans les prisons. Par la suite les séances se font plus rares, du 17 janvier au 28 mai, le tribunal prononce 12 condamnations à mort, 3 déportations et 14 acquittements. En prenant en compte les jugements des commission Bignon, de Sablé et d'Angers, dite Proust, cette dernière ne prononçant cependant que des acquittements, 185 personnes sont exécutées au Mans, sans compter cependant les massacres commis après la bataille du 13 décembre[154].

À Sablé-sur-Sarthe, une deuxième commission fait exécuter 32 prisonniers vendéens en janvier 1794. Puis 16 ou 17 autres prisonniers sont jugés du 1er au 4 janvier par la commission Proust, 10 sont condamnés à mort. À la suite d'une révolte dans la commune de Brûlon, 450 personnes sont encore emprisonnées dans la ville sans être jugées ou condamnées[155].

En Mayenne, les représentants Bourbotte et Bissy instaurent le 23 décembre 1793, un tribunal baptisé Commission révolutionnaire qui fait « promener la guillotine » à travers les villes du département. En dix mois la commission juge 1 325 personnes parmi lesquelles 454 sont exécutées. Influencée par l’annonce du 9 thermidor, la commission modère ses sentences à partir d’août en prononçant une majorité d’acquittements. Au final, 243 hommes et 82 femmes sont exécutés à Laval, et 116 hommes et 21 femmes dans les autres villes du département ; Mayenne, Ernée, Lassay-les-Châteaux, Craon et Château-Gontier[156],[157],[158].

En outre, deux commissions révolutionnaires d'Angers font un bref passage en Mayenne. Ainsi à Laval, du 18 au 21 novembre la commission Félix condamne 12 personnes à mort, puis la commission Proust, du 22 au 29 décembre, prononce 28 condamnations à la peine capitale[156],[157].

En Ille-et-Vilaine, la commission militaire Brutus Magnier est mise en place à Antrain le 21 novembre, par les représentants Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte, elle est chargée de juger d'abord les soldats accusés de pillages, indisciplines ou actes de lâcheté, puis les prisonniers vendéens et chouans. Après Antrain, la commission siège à Saint-Aubin-du-Cormier, Fougères[159],[160] et Rennes. Du 21 novembre 1793 au 5 juin 1794, la commission Brutus Magnier tient 253 séances, juge 744 personnes (dont 258 militaires) et prononce 267 ou 268 condamnations à mort, dont 19 femmes. Sur l'ensemble des militaires, 169 sont acquittés, 2 condamnés à mort, 41 aux fers, 46 à la prison[161],[162].

La commission Vaugeois, mise place par le représentant Pocholle le 9 novembre 1793, siège initialement à Rennes où elle prononce 56 condamnations à mort, 17 peines de fers, 20 peines de prison et 37 acquittements. Elle se porte ensuite à Vitré, du 25 janvier au 8 juillet 1794, pendant ces sept mois, elle rend 28 condamnations à mort, 16 aux fers, 11 à la détention contre 354 acquittements. Elle condamne notamment à mort le prince de Talmont, général de la cavalerie vendéenne, qui est guillotiné à Laval[163].

À Saint-Malo, la commission militaire de Port-Malo ou commission O'Brien est instaurée par Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte le 17 novembre 1793, bien qu'elle soit par la suite remaniée par Bernard Tréhouart puis Le Carpentier. Du 2 décembre 1793 au 1er mai 1794, elle condamne surtout à mort des Vendéens capturés après la bataille de Dol. Le nombre des condamnés n'est pas connu avec certitude, 88 ont été identifiés par Prudhomme tandis que le représentant Laplanche écrit le 31 décembre que « les commissions militaires et révolutionnaire de cette commune ont délivré la République de plus de 200 rebelles[164] ». En outre, Le Carpentier fait conduire sur Paris, 27 prisonniers malouins, dont 12 femmes, accusés de fédéralisme, tous sont guillotinés le 20 juin 1794[165].

À Rennes, le tribunal criminel condamne à mort 76 hommes et 11 femmes, 80 personnes reçoivent des peines modérées, et 331 sont acquittés. Parmi les condamnés, on compte 33 hommes et 2 femmes, insurgés contre la levée en masse lors des révoltes paysannes de mars 1793, 17 émigrés, 23 prêtres réfractaires ainsi que 9 femmes exécutés pour avoir cachées des prêtres et 1 homme, pour conspiration[165].

Au total 500 à 700 personnes sont exécutées dans le département de l'Ille-et-Vilaine, dont 307 à Rennes de mars 1793 à juillet 1794[166] et 44 à Fougères[159]. Sans compter les nombreux prisonniers morts du typhus ou de leurs blessures dans les prisons[167].

Le 2 janvier 1794, l'armée républicaine attaque l'île de Noirmoutier, après plusieurs heures de combats les défenseurs capitulent contre la vie sauve. La promesse est accordée par le général Haxo, mais les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte arrivés sur place, passent outre et instaurent une commission militaire pour « faire une prompte justice de tous ces traîtres. » La commission, dite commission Collinet, après une instruction sommaire, fait fusiller les 1 500 prisonniers Vendéens ainsi que quelques civils les 5 et 6 janvier[168]. Parmi les victimes figure le général Maurice Gigost d'Elbée, qui blessé, est exécuté dans son fauteuil[169].

Le 4 mai 1794, à la suite de deux arrêtés de Prieur de la Marne et de Francastel et Hentz, la commission Collinet est reformée à Noirmoutier. Du 5 mai au 14 juin 1794, elle prononce 28 condamnations à mort et un nombre important d'acquittements[170]. À la suite d'un arrêté des représentants Bourbotte et Bô, la commission est renouvelée par des membres de la commission Félix d'Angers, celle-ci rend rend 25 condamnation à mort, 18 à la déportation et 600 acquittements du 17 juin au 14 août 1794[171]. Au cours de l'année 1794, 1 300 personnes sont emprisonnées dans l'Île de Noirmoutier, plusieurs prisonniers y meurent en captivité ou sont fusillés, au nombre de 128 officiellement, peut-être 400 victimes en réalité[172].

Du 2 avril au 30 mai 1793, la commission militaire formée aux Sables d'Olonne prononce 73 condamnations à mort. Un temps abandonnée, elle est reformée en octobre pour juger des prisonniers vendéens. Au final, du 2 avril 1793 au 13 avril 1794; 479 détenus sont jugés; 127 sont condamnés à mort, 6 à la déportation, 20 aux fers, 12 à la détention provisoire, 124 sont renvoyés au tribunal criminel, et 189 sont mis en liberté[173]. Une vingtaine de condamnés sont guillotinés, les autres sont fusillés. 105 prisonniers périssent également dans les prisons de la ville[174].

À Fontenay-le-Comte, la répression est d'abord assurée par le tribunal criminel qui, du 29 septembre 1793 au 24 avril 1794 prononce 47 condamnations à mort, en quasi totalité des Vendéens. Le représentant en mission Joseph Lequinio arrive dans la ville le 10 décembre 1793, dés le lendemain il est confronté à une mutinerie des 400 à 500 détenus des prisons. Lequinio met fin aux troubles en abattant lui-même d'un coup de pistolet l'un des prisonniers, deux autres sont tués la même journée. Aussitôt, le 11 décembre, le représentant en mission fait-il former une commission militaire qui, du 12 décembre 1793 au 31 mars 1794, juge 332 prisonniers et en condamne à mort 192 qui sont fusillés dans les vingt-quatre heures[175],[147].

Cependant, le 9 avril 1794, le comité de surveillance de Fontenay-le-Comte fait arrêter le général de brigade Jean-Baptiste Huché, l'un des commandants des colonnes infernales. Le 11 avril, la commission militaire, alors présidée par l'adjudant-général Cortez, condamne à mort le capitaine Vincent Goy-Martinière, aide de camp de Huché, pour viol, massacre et incendie dans « un pays resté fidèle à la République. » Goy-Martnière est fusillé, tandis que Huché est conduit à Rochefort. Aussitôt les représentants Hentz et Francastel accourent à Fontenay le 15 avril, ils révoquent la commission militaire, font arrêter des suspects relâchés par le représentant Laignelot et destituent l'adjudant-général Cortez ainsi que le maire de ville. Jugé à Rochefort, Jean-Baptiste Huché est acquitté. Défendu par Robespierre, il est renvoyé à son poste promu au grade de général de division malgré l'opposition de Carnot[176],[177].

Au total plus de 230 personnes ont été exécutées à Fontenay-le-Comte, du 1er janvier 1793 au 27 juillet 1794, un nombre important de détenus périt également dans les prisons des suites des maladies. En outre, le 25 avril 1794, à la suite d'un décret signé de Robespierre et Billaud-Varenne, 27 suspects de Challans, dont 20 femmes sont envoyés à Paris, jugés par le tribunal révolutionnaire le 24 ou le 25 juin, 25 d'entre-eux sont condamnés à mort et guillotinés. Arrivés en août 1794 à Fontenay, les représentants Dornier, Auger et Guyardin font remettre en liberté les 400 détenus alors enfermés dans les prisons de la ville[178],[174].

Dans les Deux-Sèvres, le tribunal criminel de Niort se montre indépendant et relativement modéré, il dénonce notamment les exécutions sommaires commises par l'armée dans les campagnes[179]. À Niort, 500 à 1 000 personnes sont emprisonnées[180], 107[180] à 200[179] sont jugées et 70 à 80 sont fusillées ou guillotinées[180],[179], majoritairement des rebelles vendéens ainsi que sept femmes et trois prêtres[179]. Dix autres accusés sont condamnés à de la détention jusqu'à la paix, quatre aux fers, quatre à la déportation, les autres sont acquittés[179], 200 prisonniers cependant meurent de maladie dans les prisons[180].

Dans la Charente-Maritime, le représentant Joseph Lequinio établit, le 23 septembre 1793, une commission révolutionnaire à La Rochelle[181] pour juger les 750 à 800[182] prisonniers vendéens enfermés dans les prisons de la ville. Selon les ordres du représentant en mission, la peine de mort n'est appliquée qu'aux prêtres, aux bourgeois, aux nobles, aux maltôtiers, aux déserteurs et aux contrebandiers, 60 sont guillotinés[181]. Les paysans et les ouvriers sont, de leur côté, condamnés aux travaux de la chaîne[181] mais 510 meurent des épidémies[182]. À Rochefort, les représentants Lequinio et Laignelot instaurent en octobre un tribunal révolutionnaire pour juger les équipages de L'Apollon, du Généreux et du Pluvier, impliqués dans l'insurrection de Toulon. Le 28 novembre, le verdict est rendu pour les accusés des deux premiers navires, sur 34, dix sont guillotinés, deux déportés, huit emprisonnés et 14 acquittés. Puis 14 février, sept membres de l'équipage du Pluvier sont condamnés à mort, le six autres sont acquittés. D'autres exécutions suivent telles celle de Gustave Dechézeaux, le 17 janvier 1794, puis celle du contre-amiral à la retraite, Nicolas Henri de Grimouard, le 7 février[181]. Au final, 52 personnes sont guillotinées à Rochefort, dont 19 officiers de marine[183].

Dans les Côtes-du-Nord, une première commission militaire est instaurée à Lamballe où elle condamne à mort, le 2 avril 1793, 7 paysans pris les armes à la main après le combat de Lamballe. Le tribunal criminel des Côtes-du-Nord, siège à Saint-Brieuc, avec un passage à Lannion en avril, il prononce, du 19 avril au 16 juillet 1793, 25 condamnations à mort dont 15 pour attroupement armé, 3 pour émigration, 3 pour propos contre-révolutionnaires, 3 contre des prêtres réfractaires et 1 contre la femme Taupin, épouse du futur chef chouan Pierre Taupin, jugée à Lannion et exécutée à Tréguier pour avoir cachée chez elle deux prêtres réfractaires. À Dinan, le 16 novembre 1793, 14 Vendéens, dont 3 femmes et 2 enfants, pris dans les environs de Dol-de-Bretagne, sont fusillés par une commission militaire en présence du représentant Prieur de la Marne[184].

Au Finistère, à mi-septembre, les représentants Tréhouart et Bréard sont envoyés à Brest, dont l'administration a menée l'insurrection fédéraliste en Bretagne. Les représentants procèdent à plusieurs arrestations d'administrateurs, de paysans rebelles de Léon, de prêtres réfractaires et de parents ou amis d'émigrés. En octobre, arrivent les membres du Comité de Salut public, Prieur de la Marne et Jeanbon Saint André, ce dernier s'active notamment à réorganiser la flotte militaire du port. La Société des Amis de la Liberté et de l'Égalité est remplacée par une société populaire de sans-culottes sur arrêté de Bréard et Jeanbon Saint-André. La municipalité puis le district sont épurés. Le 8 janvier, trois compagnies de canonniers de l'armée révolutionnaire de Paris entrent dans la ville. Disposant ainsi d'un soutien militaire, les représentants Jeanbon Saint-André et Bréard créent un Comité de surveillance et un tribunal révolutionnaire le 5 février 1794[185]. 975 personnes sont enfermées dans les prisons de Brest, parmi lesquels, 345 nobles, dont 239 femmes, 117 prêtres et religieux, 206 religieuses, 111 lingères, couturières ou domestiques, 56 cultivateurs, 46 artisans ou ouvriers, 17 marchands et 3 hommes de professions libérales. Du 9 février au 11 août 1794, le tribunal juge 180 accusés, prononce 71 condamnations à mort (dont 32 fédéralistes, 12 prêtres réfractaires, 8 parents d'émigrés), 70 acquittements et 28 peines de déportations, de fers ou de réclusion[186]. Le procès le plus important est celui des 30 administrateurs du Finistère, parmi ces derniers, 4 sont acquittés les 26 autres sont condamnés à mort et guillotinés, dont l'évêque constitutionnel Expilly de La Poipe[187]. Dans le même département, la ville de Quimper dispose également d'un tribunal criminel, mais malgré la présence de nombreux prisonniers, il ne prononce que trois ou six condamnations à mort[186].

Dans le Morbihan, les premiers jugements sont rendus contre les paysans insurgés en mars 1793 contre la levée en masse. De mars à août 1793, le tribunal criminel instruit plusieurs procès à Vannes, Auray et La Roche-Bernard. Il fait preuve d'une certaine indulgence, la plupart des accusés sont acquittés, seuls 7, généralement impliqués dans des assassinats, sont exécutés. Fin octobre Prieur de la Marne, accompagné de Marc-Antoine Jullien fils vient prendre la direction de la ville de Vannes et met en place un comité et un tribunal révolutionnaire[188]. Le 22 octobre, Prieur est rejoint par une armée de 3 000 hommes afin de soumettre la ville, fédéraliste, et les campagnes, acquises aux Chouans. La ville est mise en état de siège et 200 suspects y sont incarcérés[189]. Du 8 novembre 1793 au 3 août 1794, le tribunal révolutionnaire tient ses séances à Vannes mais se déplace également à trois reprises à Lorient et une fois à Auray et Josselin. Pendant cette période, il prononce 30 condamnations à mort, dont 10 contre des prêtres réfractaires, et 11 déportations à vie, contre 3 acquittements[188]. En outre, dans les campagnes, l'armée commet un certain nombre d'exécutions sommaires contre les insurgés. Ainsi, le 22 novembre, 10 Chouans sont fusillés à Le Gorvello[190]. Le 1er décembre 1793, à la suite du combat de Coëtbihan contre les Chouans, Le Batteux, envoyé par Carrier, fait piller le bourg de Noyal-Muzillac et fusiller huit habitants. À la suite de ces exactions, Le Batteux est arrêté sur ordre de Tréhouart et Jullien, avant d'être relâché à la suite de l'intervention de Carrier[191]. Puis, en mars 1794, à la suite du combat de Mangolérian, 20 paysans sont fusillés à Plaudren, Grand-Champ, Saint-Jean-Brévelay et Bignan[192].

Fin décembre 1793, le général Turreau, proche des Hébertistes[193], prend la tête de l'armée de l'Ouest. Le même mois, le Comité de Salut public et le ministre de la guerre annoncent au nouveau général en chef, leur intention de retirer des troupes de l'Ouest pour les redéployer sur d'autres fronts, estimant que les opérations dans l'Ouest sont presque achevées[194]. Ainsi, le 19 décembre, Turreau propose d'abord à la Convention d'offrir une amnistie aux rebelles, mais il ne reçoit aucune réponse[195]. Modifiant alors sa position, il déclare que les rebelles sont encore dangereux et rejette le plan de Kléber, qui propose de quadriller la région et de rétablir la discipline parmi les troupes pour gagner la confiance de la population. Le 7 janvier, Turreau demande des ordres clairs sur le sort des femmes et des enfants auprès des représentants en mission Francastel, Bourbotte et Louis Turreau qui ne lui répondent pas, se déclarant malades. Enfin, s'appuyant sur la loi du 1er août votée à la Convention nationale et sur divers décrets des représentants en mission, il met au point un plan de campagne dans lequel vingt colonnes mobiles, ultérieurement rebaptisées « colonnes infernales », sont chargées de dévaster et d'appliquer la politique de la terre brûlée dans les territoires insurgés des départements du Maine-et-Loire, de la Loire-inférieure, de la Vendée et des Deux-Sèvres qui forment la Vendée militaire. Seules quelques villes indispensables à la marche des troupes doivent être préservées. À ses troupes, il donne pour consigne de passer au fil de la baïonnette tous les rebelles « trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises, » ainsi que « les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. » Il ajoute que « les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l'ait préalablement ordonné. » En revanche les hommes, femmes et enfants dont le patriotisme ne fait pas de doute devront être respectés et évacués sur les derrières de l'armée[196].

Le Comité de salut public semble d'abord approuver le plan, le 8 février, Carnot écrit à Turreau que « ses mesures paraissent bonnes et ses intentions pures[197],[198]. » Mais quatre jours plus tard, il intervient de nouveau à la suite de la stupéfaction causée par la prise de Cholet par la Vendéens le 8 de ce mois. Le 12, devant la Convention, Barère dénonce une « barbare et exagérée exécution des décrets », il reproche au général d'avoir incendié des villages paisibles et patriotes au lieu de traquer des insurgés[199]. Le 13, Carnot somme Turreau de « réparer ses fautes », de mettre fin à sa tactique de dissémination des troupes, d'attaquer en masse et d'exterminer les rebelles enfin[200], « Il faut tuer les brigands et non pas brûler les fermes[201] ». Ne se sentant pas soutenu, Turreau présente par deux fois sa démission le 31 janvier et le 18 février, elle est à chaque fois refusée malgré les dénonciations des administrateurs départementaux[202]. Le Comité de Salut Public délègue alors ses pouvoirs dans l'Ouest aux représentants en mission Francastel, Hentz et Garrau, les jugeant les mieux placés pour apprécier les mesures à prendre sur place[203]. Ces derniers donnent leur approbation au plan de Turreau[204], estimant qu'il « n'y aurait de moyen de ramener le calme dans ce pays qu'en en faisant sortir tout ce qui n'était pas coupable et acharné, en en exterminant le reste et en le repeuplant le plus tôt possible de républicains[205] ».

Pendant cette période, de janvier à mai, le plan est mis à exécution. À l'est, Turreau prend personnellement le commandement de six divisions divisées en onze colonnes, tandis qu'à l'ouest le général Haxo dirige huit colonnes de tailles plus réduites. D'autres troupes sont envoyées former les garnisons des villes à préserver. Cependant les différents généraux interprètent librement les ordres reçus et agissent de manière très diverses[206]. Certains officiers, notamment Haxo, n'appliquent pas les ordres de destruction et de tueries systématiques[207]. De plus, les membres de la Commission civile et administrative créée à Nantes pour récupérer vivres et bétail au profit des Bleus, accompagnent les armées, ce qui permet d'épargner des vies et des localités. Cependant presque toutes les colonnes se livrent au pillages, massacrent la population civile, violant et torturant, tuant femmes et enfants, souvent à l'arme blanche pour ne pas gaspiller la poudre, brûlant des villages entiers, saisissants ou détruisant les récoltes et le bétail. Des femmes enceintes sont écrasées sous des pressoirs, des nouveau-nés sont empalés au bout des baïonnettes[208]. D'après des témoignages de soldats ou d'agents républicains, des femmes et des enfants sont coupés vifs en morceaux ou jetés vivants dans des fours à pain allumés[209],[210]. Si la plupart des généraux respectent les ordres d'évacuations des populations jugées républicaines, les troupes commandées par Cordellier, Grignon, Huché et Amey se distinguent par leurs violences, au point d'exterminer des populations entières, massacrants indistinctement royalistes et patriotes[211].

Mais la position de Turreau est fragilisée par son incapacité à détruire les dernières troupes insurgées. Son plan, bien loin de mettre fin à la guerre, pousse en réalité les paysans à rejoindre les armées vendéennes. Les représentants en mission se divisent quant à sa stratégie. Si certains le soutiennent tels que Francastel, Hentz, Garrau[204], et Carrier[212], d'autres comme Lequinio, Laignelot, Jullien, Guezno et Topsent réclament son départ[213]. Le 1er avril, Lequinio présente un mémoire au comité de Salut public, peu après un délégation de Républicains vendéens est reçue à Paris afin de réclamer la distinction entre le pays fidèle et le pays insurgé[213].

Un dernier délai est accordé à Turreau qui précise ses objectifs ; « il faut exterminer tous les hommes qui ont pris les armes, et frapper avec eux leurs pères, leurs femmes, leurs sœurs et leurs enfants. La Vendée doit n'être qu'un grand cimetière national ; il faut expulser de son territoire les Royalistes non armés, les Patriotes tièdes, etc., et couvrir ce pays du plus pur de la Nation. Repeuplez-le de bons Sans-Culottes[214]. » Mais sans résultat, Turreau est tenu en échec par les troupes vendéennes, il est finalement suspendu le 17 mai 1794[215], et l'activité des colonnes infernales décroît progressivement au cours du printemps. Ceci traduit une reprise en main des rênes de l'État par le comité de salut public qui, « au prix d'une utilisation des mots d'ordre les plus fermes et d'une détermination de fer », parvient à contrôler les violences qui ensanglantent le pays[216].

Au cours de cette période, 20 000 à 50 000 civils vendéens ont été massacrés par les colonnes infernales[4],[5],[6]. De l'automne 1793 au printemps 1794, les armées républicaines ont renoué avec une tactique de massacres et de destructions qui n'avait plus été observé en Europe depuis la guerre de Trente Ans[217]. Des centaines de villages ont été brûlés, mais beaucoup d'habitants ont trouvé le moyen de se réfugier dans les bois et les bocages et de rejoindre les insurgés[218]. La Vendée est profondément marquée par ce passage dramatique de son histoire et en conservera longtemps les stigmates, tant dans le paysage que dans les mentalités.

La Grande Terreur (juin-juillet 1794)

La politique de Terreur inaugurée en juin 1793 semble porter ses fruits : les manifestations fédéralistes sont matées, les Vendéens sont écrasés, les attaques de la coalition sont repoussées. Cependant, le Comité de salut public souhaite asseoir la République. Pour ce faire, il lui faut exterminer ses ennemis, selon le mot de Couthon, dans son rapport de la loi de prairial, et développer une nouvelle classe de petits propriétaires. Les décrets de ventôse décident la confiscation des biens de ces ennemis de la République, qui doivent être distribués aux patriotes indigents ; ils prévoient la constitution de listes d’indigents par les autorités locales et la création de commissions révolutionnaires pour faire la part entre les vrais ennemis de la République et les personnes injustement emprisonnées (le tribunal révolutionnaire ne doit juger que des accusés triés, en contradiction avec le décret du 19 mars 1793) ; une partie, seulement, verra le jour. En outre, le 27 germinal (17 avril 1794), un décret ordonne la suppression des tribunaux populaires en province ; tous les suspects doivent passer devant le tribunal révolutionnaire de Paris, sauf dans le Nord et le Vaucluse, où les commissions révolutionnaires d’Orange et de Cambrai sont maintenues.

La loi de prairial et les préparatifs du 9 thermidor

Enfin, la loi du 22 prairial An II (10 juin 1794), rédigée par Robert Lindet et présentée par Georges Couthon simplifiait les procédures et, appliquée sans le filtrage des commissions populaires dont la mise en fonctionnement fut sabotée par les partisans de l’exagération, instaura ce que l’on a appelé la Grande Terreur. La sentence était rendue selon l’intime conviction morale des juges et des jurés. Désormais, il n’existait que deux issues aux procès : l’acquittement ou la peine de mort[219].

Ces décisions appliquées dans une précipitation calculée – avec l’aval de Barère de Vieuzac, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, les membres du Comité de sûreté générale excepté Le Bas, et Fouquier-Tinville – débouchèrent sur une accélération des procédures de jugement et une augmentation des condamnations au Tribunal révolutionnaire, en juin et juillet 1794. Pour le seul mois de juin 1794, on procède à des exécutions massives à Paris où la guillotine fonctionna presque tous les jours[220]. Le 29 Prairial an II (17 juin 1794), 54 personnes sont condamnées à mort dans le procès des chemises rouges. Au début de Thermidor, on comptait environ 8 000 suspects dans les prisons parisiennes[221]. Les prisonniers hanovriens et anglais sont massacrés[222] et la guérilla contre les chouans se poursuit avec violence. En fait, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la loi de Prairial représentait pour ses initiateurs un moyen de ramener la Terreur aux strictes « sévérités nécessaires », en limitant les causes d’exclusion politique : l’esprit de cette loi visait à absoudre tous ceux qui avaient été entraînés dans les excès contre-révolutionnaires à cause de leur ignorance (cela concernait beaucoup de fonctionnaires qui avaient suivi les sirènes de l’hébertisme), elle remettait en cause la systématicité de la répression en rapport avec la faute reprochée. De même, elle offrait une définition plus précise des motifs d’accusation (article 6), ce qui réduisait l’arbitraire. Déjà, en avril, Robespierre avait obtenu qu’on ne poursuive pas les nobles qui avaient acheté leur noblesse. De même, les articles 10, 11 et 18 stipulaient que les comités de salut public et de sûreté générale devaient pouvoir contrôler les poursuites engagées devant le Tribunal révolutionnaire[223].

Pour Jacques Godechot et Jean-Clément Martin, comme autrefois pour Albert Mathiez et Olivier Blanc[224], la loi du 22 prairial a été sabotée par les adversaires de Robespierre pour le discréditer, ainsi le 17 juin quand Fouquier-Tinville envoya un groupe hétéroclite de 54 condamnés (dont Henri Admirat et Cécile Renault) à l’échafaud, revêtus des chemises rouges de « parricides » (laissant ainsi sous-entendre que Robespierre serait le « roi de France »)[225], des assassins et empoisonneurs[226]. Patrice Gueniffey, de son côté, prétend à tort que Robespierre a eu un rôle central dans l’élaboration de la loi du 22 prairial rédigée en fait par Georges Couthon et Robert Lindet[227] – conçue intentionnellement comme un moyen de destruction des « ennemis du peuple », désormais définis selon des critères moraux et non politiques, indépendamment des périls susceptibles de menacer la Révolution[228].

Depuis le printemps 1794, en effet, des dissensions naissent au sein du gouvernement révolutionnaire. Le Comité de sûreté générale est ulcéré par la création du bureau de police générale, par le Comité de salut public, qui empiète sur ses fonctions. De même, quand Robespierre reprend le dossier de l’affaire Catherine Théot, à travers laquelle Vadier moquait le culte de l’Être suprême et tentait de compromettre l’Incorruptible, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois profitent de son départ volontaire du Comité de salut public – ne voulant pas s'associer aux crimes de la Grande Terreur – et tentent de le faire passer pour un tyran et un dictateur[229].

Carnot et la victoire de Fleurus, le 8 messidor (26 juin 1794).

D’autant qu’en juillet, le malaise économique s’aggrave (le 9 thermidor, des ouvriers manifestent contre la décision de la Commune de Paris d’appliquer strictement le maximum des salaires).

Par ailleurs, au sein de la Convention nationale, les représentants en mission corrompus et prévaricateurs, rappelés à Paris par Robespierre pour exagération dans l’accomplissement de leurs fonctions – ainsi Lebon à Arras qui voulut faire arrêter la sœur de Robespierre – intriguaient en secret à la mise en accusation de l’Incorruptible. Fouché prit la tête des opérations en concertation avec Tallien et Bourdon de l’Oise qui se savaient menacés eux aussi. À son retour des armées, après Fleurus, Saint-Just tenta de rétablir une apparence d’unité au sein du Comité de salut public[230] ; avec Barère de Vieuzac, qui feignit de se rallier à ce projet, ils organisent avec leurs collègues une réconciliation de façade qui ne dura qu’un ou deux jours (4 et 5 thermidor). Sans méfiance Saint-Just se chargea de rédiger un rapport manifestant l’unité retrouvée du gouvernement, et la création d’une seconde commission populaire (sur les quatre prévues à l’origine) fut décidée.

En fait les événements du 9 thermidor étaient programmés depuis un moment. Tout était désormais question d’opportunité. Ne croyant pas à la sincérité de ses adversaires, l’Incorruptible décida d’en appeler à la Convention par un de ses plus beaux discours le 8 thermidor. Bien qu’applaudi dans un premier temps, il ne convainquit pas ceux qui étaient décidés à l’abattre. Car il demandait la punition des "traîtres" (dans les différentes interventions, qu’il s’agisse de Robespierre ou de Couthon, ils sont au moins cinq ou six parmi lesquels Fouché, Tallien, Bourdon, Legendre et probablement Barras), le renouvellement des bureaux du Comité de sûreté générale, l’épuration de ce Comité lui-même, subordonné au Comité de salut public, l’épuration du Comité de salut public lui-même[231], l’établissement d’une réelle « unité du gouvernement sous l’autorité suprême de la Convention nationale, qui est le centre et le juge », et la fin des factions au sein de la Convention. Le soir, Robespierre relit son discours aux Jacobins, où il fut vivement applaudi, tandis que Collot d’Herbois et Billaud-Varenne étaient conspués ; le peintre David promit alors à son ami de boire la ciguë avec lui.

De retour dans les locaux du Comité de salut public, Jean-Marie Collot d’Herbois et Billaud-Varenne aperçurent Saint-Just, qui était occupé à rédiger le rapport sur les évènements au sein du gouvernement révolutionnaire, dont il avait été chargé, à la suite des réunions des 4 et 5 thermidor. Convaincus qu’il rédigeait leur acte d’accusation, ils se jetèrent sur lui en l’insultant et en l’accusant de préparer leur décret d’accusation. Choqué, Saint-Just quitta la salle ; on ne le reverra plus que le lendemain, à la Convention où, contrairement à ses promesses, il commença à lire son discours sans en avoir fait une lecture préalable à ses collègues du comité. Devant ce qu’ils prennent à tort pour l’attaque décisive des « robespierristes », les membres du Comité de salut public se joignirent alors au complot, qui s’était tramé avec l’appui des anciens représentants en mission rappelés et qui redoutent d'avoir à rendre des comptes (Tallien, Legendre, Fouché, Rovère, Guffroy, etc.). Il savaient avoir l’appui des députés du Marais à qui on avait promis la fin de la Terreur. Le 9 thermidor, cette coalition hétéroclite obtint la chute de Robespierre, puis son exécution sans procès, après l’insurrection de la Commune[232].

Thermidoriens contre anciens terroristes

Après quelques semaines, cette coalition qui avait réalisé le coup de force du 9 thermidor se défit d’elle-même. Elle éclata entre d’une part, les Thermidoriens, réunis autour de Tallien, Lecointre de Versailles ou encore Merlin de Thionville, etc., et les "Montagnards de l’an III", partisans d’une poursuite de la Terreur, rassemblés autour de Barère, de Billaud-Varenne et de Collot d’Herbois, les anciens terroristes comme on les appelait déjà. À l’hiver 1794, les militants des sections populaires et les Babouvistes abandonnèrent leur dénonciation de la Terreur et des Jacobins et s’unissent aux Crêtois. Dès l’été 1794, cependant, la réaction thermidorienne commence : ce fut le temps des comptes, que les sections de Paris furent les premières à réclamer. Les Thermidoriens mettent fin à la terreur économique et réintègrent les anciens députés girondins. Les sociétés jacobines sont dissoutes. Ils gardent cependant quelques éléments de la Terreur judiciaire, comme les lois contre les prêtres réfractaires et les émigrés. Jean-Baptiste Carrier est guillotiné en novembre 1794, les membres du Tribunal révolutionnaire de Paris en mai 1795, Joseph Lebon en octobre 1795. De nombreux Jacobins sont emprisonnés et plusieurs fonctionnaires accusés de « robespierrisme » révoqués. Parmi les personnes concernées, on peut citer Louis David, Jean Antoine Rossignol ou Napoléon Bonaparte (qui est d’ailleurs vite libéré). Par divers artifices, les grands artisans de la terreur, et à leur tête Bertrand Barère de Vieuzac, bien que dénoncés et décrétés d’arrestation puis mis en accusation[233], échappent à la guillotine. Collot et Billaud-Varennes sont néanmoins déportés, l’un mourra en Guyane, l’autre deviendra négrier. D’autres terroristes, comme le riche Vadier[234] et ses collègues du sanguinaire Comité de sûreté générale, ou encore Joseph Fouché l’auteur avec Collot d’Herbois des terrifiantes mitraillades de Lyon parviennent à se faufiler entre les mailles du filet.

La loi du 10 juin 1794, 22 prairial An II, (extraits) :

« Article 4 : Le tribunal révolutionnaire est institué pour punir les ennemis du peuple.
Article 5 : Les ennemis du peuple sont ceux qui cherchent à anéantir la liberté publique. […]
Article 6 : Sont réputés ennemis du peuple, ceux qui auront provoqué le rétablissement de la royauté, ou cherché à avilir ou à dissoudre la Convention nationale et le gouvernement révolutionnaire et républicain. […] Ceux qui auront cherché à empêcher les approvisionnements de Paris, ou à causer la disette dans la République. […]
Article 7 : La peine portée contre tous les délits, dont la connaissance appartient au gouvernement révolutionnaire, est la mort. […] L’accusé sera interrogé à l’audience et en public : la formalité de l’interrogatoire secret qui précède est supprimée comme superflue […] S’il existe des preuves […], il ne sera point entendu de témoins. […] »

Bilan de la Terreur

L’objectif principal fut, pour éviter les insurrections populaires, d’assurer le ravitaillement des armées et de Paris contre les provocations des Exagérés de la Commune[235]. Pendant le printemps et l’été 1793, la situation est dramatique : la valeur des assignats s’est fortement dépréciée et la pénurie menace la population. Les pillages se multiplient et les sans-culottes réclament des mesures énergiques. Pour faire face, la Convention décide de limiter certains prix dès le 4 mai 1793. En juillet, les municipalités peuvent utiliser la peine de mort contre les accapareurs (Loi sur l'accaparement) [236]. À partir du mois d’août, il est interdit d’envoyer des capitaux à l’étranger. Les sociétés par action, la Bourse et la caisse d’escompte sont fermées. Le 29 septembre 1793 est passée la loi du maximum général, (extraits) :

Le maximum général encourage le marché noir et met en difficulté les industries du textile.

Dans la nouvelle organisation administrative (découpage en départements), les représentants en mission sillonnent la France pour appliquer les consignes de la Révolution.

Les mesures de déchristianisation commencent à se faire sentir, comme le culte de la Raison, à partir de 1792-1793. Les agendas étaient le principal canal d’information des campagnes, faiblement alphabétisées. Il fallait donc supprimer le calendrier grégorien, et le remplacer par un nouveau calendrier.

Des mesures de rétorsion sont prises vis-à-vis des prêtres réfractaires.

Les prisons se multiplient à travers la France. Voir la Liste des prisons de Paris lors de la Révolution.

La déchristianisation, déjà entamée avec le culte de la Raison, s’intensifie.

Dans le rapport du 18 floréal, Robespierre présente, au nom du comité de salut public un calendrier de fêtes républicaines devant remplacer les fêtes catholiques, à travers lequel sont affirmées les valeurs républicaines et respecté le sentiment religieux de la majorité des Français de l’époque. La Convention affirme la croyance du peuple français en l’immortalité de l’âme et en l’Être suprême. La première fête de l'Être suprême, le 20 prairial an II (8 juin 1794), est orchestrée par le peintre David.

Les révolutionnaires attaquent les symboles de la monarchie absolue : la nécropole royale de Saint-Denis est livrée au pillage et plusieurs tombes royales sont dévastées. La Sainte Ampoule, utilisée pour le sacre royal, est détruite. De nombreuses églises subissent des mutilations ou des destructions.

Le culte catholique est interdit. Les églises parisiennes sont fermées le 23 novembre 1793, pour ne rouvrir que le 31 mai 1795. Elles sont transformées en temples de la Raison, ou bien en entrepôts. Le Concordat de 1802 entérine le retour au libre accès au culte.

Les agendas sont supprimés dans les campagnes, à la suite de l’instauration du calendrier républicain. Le calendrier grégorien n’est rétabli qu’en 1806.

La Terreur fit de plusieurs dizaines de milliers à peut-être plus de 100 000 victimes. Géographiquement, c’est l’Ouest, à cause de la guerre de Vendée, et la vallée du Rhône, en raison de l’activisme fédéraliste, qui ont été les plus touchés, ainsi que les provinces frontalières, où se déroulaient les opérations militaires. Près de quatre condamnations sur cinq ont été rendues pour cause de rébellion ou de trahison, contre seulement 1 % pour des motifs économiques, accaparement ou faux assignats, et 9 % pour délit d’opinion.

Les historiens ont tenté d’établir le profil social des victimes de la Terreur : les études font apparaître que 31 % des condamnés à mort sont des artisans ou des compagnons, 28 % sont des paysans[220]. Au total, 80 % des victimes appartiennent au Tiers État[244]. La répartition géographique des exécutions révèle qu’elles sont un instrument de répression dans un contexte de guerre civile : 52 % des condamnations ont été prononcées dans l’Ouest vendéen ou chouan[244].

Jugements sur la Terreur

La Terreur a longtemps fait l’objet de débats entre les historiens. Elle constitue l’un des épisodes les plus controversés et passionnés de l’Histoire de France. Les discussions portent sur les causes, les responsabilités et le lien entre Terreur et Révolution.

À Marseille et dans quelques villes, des citoyens, notamment les lecteurs de L’Ami du Peuple de Marat, inspirateur et auteur des massacres, et du Père Duchêne de Jacques-René Hébert, « juge du peuple » autoproclamé à la prison de la Force, se félicitent des meurtres pour des raisons qu’on n'a toujours pas fini d’élucider. Toutefois, plusieurs partisans de la Révolution, en France et en Europe, sont profondément choqués. En fait, ces massacres dans les prisons parisiennes, poursuivis en province les jours suivants, déclenchent une indignation généralisée et durable puisque le dossier des massacres de Septembre a été rouvert par tous les gouvernements et tous les régimes jusqu’à la Restauration[262].

Les libéraux européens, qui avaient placé leurs espérances dans la France révolutionnaire, désapprouvent les méthodes violentes et arbitraires du Comité de salut public.

Le Saint-Siège condamna évidemment les égorgements de prêtres sans défense. Les catholiques assimilèrent les Vendéens et les prêtres réfractaires à des martyrs. Les monarques étrangers ainsi que les royalistes réprouvent l’exécution de Louis XVI et des nobles.

Dès la période révolutionnaire, la Révolution française et sa période terroriste, ont font l’objet de nombreux pamphlets et de nombreuses études, parmi les royalistes, qu’il s’agisse du roman l’Émigré (1797), où Gabriel Sénac de Meilhan développe une analyse intelligente et pondérée, de l’Essai sur les révolutions (1797) de Chateaubriand, qui est fasciné par la Révolution mais bouleversé par ses excès, des essais de Joseph de Maistre, qui voit dans la guerre civile qui ensanglante la France sous la Révolution une catastrophe d’ordre métaphysique, ou des Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme de l’original abbé Augustin Barruel, qui voit dans la Révolution un complot des francs-maçons, thèse contrebattue par le Constituant Mounier et d'autres après lui. De même, parmi les républicains libéraux, on assiste à une critique de l’égalitarisme de l’an II, avec une dénonciation de la loi agraire, qui aurait été prétendument défendue par les Jacobins.

Jugements postérieurs

Plusieurs philosophes ont réfléchi sur la portée et le « sens » à donner à l’épisode terroriste dès le xixe siècle : Madame de Staël, Benjamin Constant. Louis-Gabriel de Bonald estime qu’elle est le prélude nécessaire d’une régénération. Sous la Restauration, on enseigne aux élèves que la Révolution française ne fut qu’une série de massacres et qu’une période d’anarchie généralisée. Les écrivains français Victor Hugo, Honoré de Balzac ou Alfred de Vigny « voient dans la violence révolutionnaire l’expression de la crise radicale des valeurs que la France a traversée263 … ». L’historien Hippolyte Taine est clairement hostile à la Terreur.

Plus récemment, Patrice Gueniffey a consacré un essai à la « politique de la Terreur »[265]. La définissant comme une stratégie destinée à provoquer un "degré de peur jugé nécessaire à l'accomplissement d'objectifs politiques", se basant intentionnellement sur l’arbitraire afin d’obtenir la soumission de tous les citoyens, l’auteur soutient que la Terreur est devenue un moyen de gouvernement destiné à asseoir la légitimité du régime révolutionnaire. Il la considère comme une fatalité dans toute révolution « considérée comme modalité du changement ». L’auteur tente de démontrer que, dès 1789, est apparue au sein même de l’Assemblée constituante une « rhétorique implacable et meurtrière ». Peu à peu, la concurrence entre les révolutionnaires a entraîné une surenchère de la violence, dans un contexte de décomposition de l’État. La Révolution a fabriqué et multiplié ses propres adversaires, sous le prétexte de complots, afin de permettre au système terroriste de se perpétuer, indépendamment des circonstances politiques et militaires. La période de la Terreur présentée comme consubstantielle à la Révolution française a continué de servir de repoussoir pour tous les pouvoirs libéraux, mais conservateurs. Pour les tenants des thèses adverses, elle continue à justifier d'une part le rejet de l’héritage révolutionnaire par les catholiques et les royalistes, d’autre part, de toute idéologie révolutionnaire (qualifiée par certains philosophes d’« utopistes », depuis les années 1980) par les libéraux et la gauche modérée.

Par comparaison, la Terreur blanche désigne deux épisodes de l’histoire de France au cours desquels la répression est menée par les royalistes. Après la révolution russe d’octobre 1917, les communistes, autour de Lénine instaurent ce qu’ils appellent la dictature du prolétariat qui se réclame de l’héritage terroriste de l’an II, pour asseoir le régime soviétique, tandis que, dans les territoires contrôlées par les armées blanches, favorables au tsar, se développe une autre terreur blanche, contre les communistes.

La Terreur comme instrument de gouvernement a pu être considéré comme indispensable, avec des nuances, et dans des sens différents, parmi les mouvements démocratiques des XIXe et XXe siècles, selon qu’ils parlaient de « terrorisme d'État » ou de « répression motivée en temps de guerre ».

Certains rares auteurs acceptent le principe du terrorisme d’État : c’est par exemple le cas de l’écrivain et révolutionnaire allemand Georg Forster (1754-1794)[266].

Après une lecture globalement hostile à la terreur révolutionnaire, dans les premières décennies du XIXe siècle, un mouvement s’est développé parmi les historiens français pour expliquer, justifier et atténuer la portée des crimes commis durant cette période. Ils ont cherché à voir la Terreur comme une réponse liée aux circonstances, avec des lectures extrêmement différentes selon ce qu’ils entendaient par "Terreur"[267], opposant des historiens modérés comme Edgar Quinet à des historiens socialisants comme Louis Blanc.

Sous la IIIe République, l’opposition entre 1789 et 1793 qui prévalait jusque-là parmi les républicains modérés tend à s’estomper (selon le mot de Georges Clemenceau : « la Révolution est un bloc »).

Toutefois, un conflit opposa, sur ce point, Alphonse Aulard, l’un des principaux spécialistes de la Révolution à cette époque, défenseur de Danton, contre son ancien élève, Albert Mathiez, admirateur de Robespierre. Pour Mathiez, les sévérités préconisées par Robespierre étaient nécessaires, aussi défend-il le rôle du gouvernement révolutionnaire de l’an II et établit les sources du socialisme dans le discours robespierriste. Albert Mathiez, mort prématurément sans avoir eu le temps d’aborder la question de la responsabilité relative de Robespierre dans les dérapages de la terreur révolutionnaire[268], a eu une influence décisive sur plusieurs grands noms de l’histoire, qu’il s’agisse de Lucien Febvre, de Georges Lefebvre ou de Albert Soboul[269], (qui reprend la grille de lecture marxiste de l’histoire et offre un regard plus amène sur Hébert et sur les exagérés). Les écoles de la IIIe République justifient la Terreur et les manuels Lavisse qui approuvent la mort de Louis XVI, la présentent sans nuance comme une réponse appropriée au soulèvement vendéen et à la coalition. S’impose peu à peu dans l’opinion française que la Terreur n’a été qu’une réponse à la violence de la monarchie absolue et aux agressions étrangères ; elle n’est exercée que par une minorité d’individus et ne doit pas faire oublier les sacrifices des autres Français.

La recherche historique de l’après Seconde Guerre mondiale tente d’analyser le mouvement révolutionnaire et la répression qu’il préconise dans ses structures politiques et socio-économiques, avec l’étude des mercuriales[270], de l’organisation du foncier, des pratiques agricoles, des structures proto-industrielles, etc. Le courant de la Nouvelle histoire se lance dans de grandes études sérielles, privilégiant les périodes longues. À partir de l’entre-deux-guerres, le courant de l’École des Annales, initié par Marc Bloch et Lucien Febvre, puis Fernand Braudel, dénonce le primat de l’histoire politique événementielle et la méthode positiviste de Langlois et Charles Seignobos, et base ses travaux sur des interrogations d’ordre économique, social ou culturel en multipliant les types de sources correspondant.

Dans la même orientation, les Annales historiques de la Révolution française, revue de la Société des études robespierristes (fondée en 1907, et dont le premier président fut Albert Mathiez) sous la direction de Georges Lefebvre et d’Albert Soboul, se désintéresse des épisodes sanglants de cette période, ne remet pas en cause l'« utilité » de la Terreur, s’attachant plutôt à l’analyse du rôle des classes sociales. Titulaire de l’histoire de la Révolution française à la chaire de la Sorbonne, Soboul étudie le mouvement sans-culotte, le mouvement jacobin, etc. Dans les années 1990, Michel Vovelle, membre de la société des études robespierristes, ne remet pas en cause les thèses de ses prédécesseurs. Il cherché néanmoins à renouveler les grandes études sociales et économiques, avec une approche plus directe de l’individu, liée à la micro-histoire et à l’histoire culturelle.

En rupture profonde avec les thèses communisantes sur les « circonstances », François Furet et Denis Richet ont relancé en 1989 le débat historiographique, intégrant les nouvelles problématiques et en plaçant la Révolution dans la longue histoire. Ils se placent depuis les années 1980 dans une perspective critique par rapport aux enseignements du régime soviétique et de l’idéologie communiste[271].

Pour les Révolutionnaires, la Terreur va de pair avec la vertu rousseauiste.[réf. nécessaire] Saint-Just oppose, dans un discours à la Convention du 23 Pluviôse an II, la terreur à la vertu et la terreur aux aristocrates cachés sous le masque du patriotisme, désignant par là certains membres de la Commune et des clubs : « Il est temps que tout le monde retourne à la morale, et l’aristocratie à la terreur ; il est temps de faire un devoir de toutes les vertus, de faire la guerre à toute espèce de perversité, de mettre la révolution dans l’état civil, d’immoler sans pitié sur la tombe du tyran tout ce qui regrette la tyrannie, tout ce qui est intéressé à la venger, tout ce qui peut la faire revivre parmi nous… Il y a dans la république une conjuration ourdie par l’étranger pour empêcher par la corruption que la liberté ne s’établisse ; c’est la ligue de tous les vices armés contre la vertu. Que la justice et la probité soient mises à l’ordre du jour ! »

Dans son Rapport sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l’administration de la République du 18 pluviôse, Robespierre fait allusion aux « affaires », entre autres celle de la liquidation de la Compagnie des Indes, à quoi il oppose la vertu. Il écrit que : « la première maxime de notre politique doit être que l’on conduit le peuple par la raison, et les ennemis du peuple par la terreur. Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire, en révolution est à la fois la vertu et la terreur. La vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. La Terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible : elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier qu’une conséquence du principe général de la démocratie appliqué aux plus pressants besoins de la patrie. »

Robespierre s’inscrit en faux contre Montesquieu[réf. nécessaire], qui avait théorisé que les formes de gouvernement républicain et despotique ont en commun, pour principe, la vertu et la crainte, en ajoutant : « On a dit que la terreur était le ressort du gouvernement despotique. Le vôtre ressemble-t-il au despotisme ? Oui, comme le glaive qui brille dans les mains des héros de la liberté ressemble à celui dont les satellites de la tyrannie sont armés. »

Que le despote gouverne par la terreur ses sujets abrutis, il a raison comme despote. Domptez par la terreur les ennemis de la liberté, et vous aurez raison comme fondateurs de la république. Le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie.[réf. nécessaire]

Cette vertu devient donc, comme celle du Prince de Machiavel, une vertu, moins morale que politique, dont l’ultime dessein est de conserver le pouvoir.[réf. nécessaire]

Gallerie

Voir aussi

Ces ouvrages ont été utilisés pour rédiger cet article :

  1. On trouve des définitions de ce mot dans les dictionnaires historiques cités en bibliographie et dans la majorité des ouvrages sur la Révolution tels ceux donnés en bibliographie
  2. Cliotexte, recueil de textes sur la Révolution française dont la décision du 11 octobre 1793 [archive]
  3. a et b Fournier 1984, p. 253-254
  4. a, b et c Roger Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine, p. 268-269. L'auteur évoque un ordre de grandeur entre 20 000 et 40 000 morts.
  5. a, b et c Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 140 et 466
  6. a, b et c Clénet 1993, p. 221
  7. a et b Jean-Clément Martin, La Terreur, part maudite de la Révolution, Découvertes/Gallimard, 2010, p. 14-15.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Paris, P. Dupont, 1897-1913, t. 65, p. 708 [archive].
  9. Définition de J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p. 1113 ; voir aussi P. Gueniffey, La Politique de la Terreur, 2000, p. 13 : la Terreur se caractérise par l’« emploi de la contraintes et de la violence à des fins politiques et dans le silence des lois »
  10. Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », L’Histoire, n°311, p. 39 ; P. Gueniffey, La politique de la Terreur, 2000, p.13
  11. Sur ce découpage voir : A. Soboul, La Révolution française, 1981, page 253, F. Furet, D. Richet, La Révolution française, 1999, p.158 et J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p. 1113
  12. Pas plus que la chute de la royauté, la première réunion de la Convention nationale n’aurait pu sauver la France des dangers qui la menaçaient.
  13. Frédéric Bluche, Septembre 1792. Logiques d’un massacre, Robert Laffont, 1986, p. 22
  14. Claude Mazauric propose de faire commencer la Terreur proprement dite le 17 septembre 1793, date de la « loi des suspects », dans Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, 2005, p. 1021.
  15. Pour Patrice Gueniffey, le 9 thermidor tourne plutôt une page de l’histoire de la Terreur qu’il n’en signe la fin. La Politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire 1789-1794, Gallimard 2003 p.16
  16. Alexandre Tuetey, Répertoire des sources manuscrites de l’Histoire de Paris pendant la Révolution (volumes IX, X et XI) : la Commune de Paris, qui possède, depuis le 10 août 1792, le pouvoir militaire, a participé dans une moindre mesure à la politique de répression ; le Comité de surveillance du département de Paris a, en revanche, délivré un certain nombre d’ordres d’arrestation et entraîné le renvoi de nombreux suspects devant le Tribunal révolutionnaire
  17. Cambon fut le seul ministre en titre qui exerça ses fonctions avec une relative indépendance
  18. Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », L’Histoire, no 311, page 39
  19. Selon Barère, dans sa "carmagnole du 5/9/1793, c’est la « pression » des sans-culottes – autrement dit la pression de la Commune hébertiste ou exagérée de Paris – qui avait dicté ce choix. Cette interprétation de Barère est validée par Diane Ladjouzi, « Les journées des 4 et 5 septembre 1793 à Paris. Un mouvement d’union entre le peuple, la Commune de Paris et la convention pour un exécutif révolutionnaire », in Annales historiques de la Révolution française, no 321, [En ligne], mis en ligne le : 21 février 2006. URL : http://ahrf.revues.org/document178.html [archive]. Consulté le 24 mai 2007.
  20. Ce constat montre que la « Loi des suspects » était indépendante de l'état de guerre, contrairement à ce que Barère avait fait croire à l'opinion.
  21. Ils ont cosigné de très nombreux sinon la plupart des mandats d’arrêt que leur présentaient Vadier et Amar du Comité de sûreté générale : voir A. Tuetey, Répertoire des sources manuscrites (…), vol IX, X et XI
  22. Dupin de Beaumont et son ami Barère prélevèrent une sorte de dîme sur l’argent récolté après la saisie des biens des fermiers généraux
  23. Et connue à Paris le 1eraoût suivant
  24. « La ville de Paris et tous ses habitants sans distinction seront tenus de se soumettre sur le champ et sans délai au roi. Leurs Majestés Impériales et Royales rendant personnellement responsables de tous les évènements, sur leur tête, pour être jugés militairement, sans espoir de pardon, tous les membres de l’Assemblée Nationale, du département du district, de la municipalité et de la garde nationale de Paris (…) déclarent (…) que si le château des Tuileries est forcé ou insulté, que s’il est fait la moindre violence, le moindre outrage à Leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale (…) elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable. » Extrait de manifeste de Brunswick, 25 juillet 1972»
  25. Dictionnaire historique de la Révolution française Albert Soboul édition « Quadrige », PUF, 2005 p. 363
  26. J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p. 1113 ; R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.156
  27. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac La Révolution française Librairie Félix Alcan 1930, p.120
  28. Il a été décidé que la déchéance du roi ne peut être prise que par une Convention élue au suffrage universel
  29. J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1987, p. 1113 ; A. Soboul, Dictionnaire historique…, 2005, p.1020
  30. A. Soboul, Dictionnaire historique …, 2005, p.1020
  31. François Furet et Denis Richet, La Révolution française Fayard 1973, p. 169
  32. De nombreux contemporains ont avancé que Brunswick s’était retiré volontairement pour éviter une nouvelle offensive de la Commune, cette fois sur la prison du Temple
  33. F. Furet, D. Richet, La Révolution française, 1999, p.135
  34. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.59
  35. F. Furet, D. Richet, La révolution française, 1999, p.195
  36. Le nombre de membres fut fixé à trente le 17 octobre suivant
  37. Composé de douze membres ; Vadier, Voulland, Amar, Jagot, La Vicomterie, Dubarran Moyse Bayle, Elie Lacoste, Louis du Bas Rhin, Ruhl, David.
  38. Le 2 juin 1793, la Commune de Paris envoya 80 000 hommes poussant des canons devant eux encerclèrent la Convention et réclamèrent l’arrestation de 29 députés et deux ministres girondins : F. Furet, D. Richet, La Révolution française, 1999, p.200
  39. Principalement des individus qui avaient prôné l’exagération comme Chaumette, Hébert, Desfieux, etc. que Barère et Collot d’Herbois, leurs soutiens jusqu’alors, abandonnèrent à contre cœur. Ils devaient donner des gages à Robespierre qui avait pris conscience du danger politique que représentait pour la République, l’exagération de la répression à Paris et en province.
  40. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.174
  41. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.175
  42. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.176
  43. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.178
  44. R. Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine. La République jacobine, 2005, p.146
  45. Jean-Clément Martin, Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée, p. 45-46
  46. Gabory 2009, p. 160
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  48. a et b Gabory 2009, p. 204
  49. Gabory 2009, p. 205
  50. Clénet 1993, p. 232
  51. Yves Gras, La Guerre de Vendée (1793-1796), p.81
  52. Gabory 2009, p. 209
  53. Jean Julien Michel Savary, Guerre des Vendéens et des chouans, par un officier supérieur de l'armée de Vendée (1824-1827), t. 2
  54. Gabory 2009, p. 375
  55. Gabory 2009, p. 292
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  61. Jean-Clément Martin, Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée, p. 47
  62. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 32
  63. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 34
  64. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 20-25
  65. Nicolas Delahaye et Pierre-Marie Gaborit, Les 12 Colonnes infernales de Turreau, p. 53
  66. [[#Secher|Reynald Secher, La Vendée-Vengé]], p. 156
  67. [http://books.google.fr/books?id=NpsFAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false [archive] Réimpression de l'ancien moniteur, tome XVII, p.339.
  68. Jean-Clément Martin, Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée, p. 134-135
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  75. Yves Gras, La Guerre de Vendée, éditions Economica, 1994, p. 102.
  76. Reynald Secher, Vendée : du génocide au mémoricide, p. 73-92
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  78. Roger Dupuy, Les Chouans, Coll. « La Vie Quotidienne », Hachette Littérature, Paris 1997, p.251
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  85. Félix Jourdan, La chouannerie dans l'Avranchin, p. 65-79
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  90. Jean-Claude-Gauthier-Louis de Benaben, Correspondance et papiers de Benaben, édités par Arsène Launay, A. Sauton, Paris, 1886 t. 1, 166 pages, p. 71-74 [archive].
  91. Fournier 1984, p. 201-218
  92. Jean-Clément Martin, Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée, p. 97
  93. Henri Chardon, Les Vendéens dans la Sarthe, p. 109-114.
  94. Yves Gras, La Guerre de Vendée, éditions Economica, 1994, p. 114.
  95. Charles-Louis Chassin, La Vendée Patriote (1793-1800), Tome III, édition Paul Dupont, 1893-1895, p. 412-424
  96. Reynald Secher, La Vendée-Vengé, p. 147
  97. Fournier 1984, p. 255
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  99. Fernand Guériff, La bataille de Savenay, p. 158-159
  100. François Lebrun, La virée de Galerne, Éditions de l'Ouest, 1989 (1 [archive]).
  101. Guy Richard (dir.), L'Histoire inhumaine, massacres et génocides des origines à nos jours, éditions Armand Colin, 1992, p. 74.
  102. Roger Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine, p. 230
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  104. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 453
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  108. Gabory 2009, p. 369-372
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  110. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 9-12
  111. a, b, c et d Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 461-462
  112. a et b Alfred Lallié, Les prisons de Nantes, p. 53
  113. Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, Volume XXIII, p. 214.
  114. Hippolyte Taine, Les origines de la France contemporaine, Volume 8, Hachette, 1904 (première édition en 1881), p.  125
  115. (en) Albert Parry, Terrorism: from Robespierre to ArafatVanguard Press, 1976, p.  57
  116. a et b Isabelle Soulard 2006, p. 116
  117. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 458
  118. Alfred Lallié, Les noyades de Nantes, p. 79
  119. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 12-30
  120. Nathalie Meyer-Sablé, Christian Le Corre, La Chouannerie et les guerres de Vendée, Édition Ouest-France, 2007 (ISBN 978-2-7373-3863-2), p. 127
  121. Alfred Lallié, Les noyades de Nantes, p. 80
  122. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 51-67
  123. a et b Roger Dupuy, Nouvelle histoire de la France contemporaine, p. 170.
  124. a, b et c Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 458
  125. Roger Dupuy, La Bretagne sous la Révolution et l'Empire (1789-1815), p. 133
  126. Hippolyte Taine Les origines de la France contemporaine. La Révolution: le gouvernement révolutionnaire, le régime moderne Edition Robert Laffont, 1896, p.167.
  127. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 95-103
  128. a, b et c Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 456.
  129. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 274
  130. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 457
  131. a et b Alfred Lallié, Les prisons de Nantes, p. 86
  132. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 121-133
  133. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 26-29
  134. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 126
  135. Charlotte Robespierre, Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères, p.123-124.
  136. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 174-177
  137. Hippolyte Taine Les origines de la France contemporaine. La Révolution : le gouvernement révolutionnaire, le régime moderne Edition Robert Laffont, 1896, p.224. D'après Le Moniteur universel XXII, 227.
  138. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 92-93
  139. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 135-138
  140. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 139-140
  141. a, b et c Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 452-453
  142. Gabory 2009, p. 383
  143. a et b Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 454
  144. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 140-146
  145. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 158-173
  146. a, b et c Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 465
  147. a, b, c et d Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 455
  148. Nicolas Delahaye et Pierre-Marie Gaborit, Les 12 Colonnes infernales de Turreau, p. 142-143
  149. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 464
  150. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 210-213
  151. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 214-215
  152. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 215
  153. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 205-207
  154. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 179-183
  155. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 183-185
  156. a et b Almire-René-Jacques Lepelletier, Histoire complète de la province du Maine, t.II, p. 817. lire en ligne sur google livres [archive]
  157. a et b Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 186-203
  158. a et b Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p.272-294.
    • Du 23 au 26 décembre 1793, à Mayenne : 39 condamnations à mort et 4 acquittements
    • Le 27 décembre 1793, à Ernée : 4 condamnations à mort.
    • Du 5 janvier au 28 février 1794, à Laval : 223 condamnations à morts, 3 aux fers, 91 à la détention et 204 acquittements.
    • Du 4 au 7 mars 1794, à Lassay-les-Châteaux : 6 condamnations à mort et 22 acquittements.
    • Du 12 au 20 mars 1794, à Ernée : 34 condamnations à mort, 4 à la détention et 39 acquittements.
    • Du 24 au 29 mars 1794 à Mayenne : 14 condamnations à mort, 3 à la réclusion, 2 à la détention et 7 acquittements.
    • Début avril ; renouvellement des membres de la commission.
    • Du 7 avril au 22 juin 1794, à Laval : 101 condamnations à mort, 44 à la détention et 273 acquittements.
    • Le 30 avril, la commission suspend ses séances à la suite d'un arrêté du Comité de Salut public, mais les reprend dès le 1er mai, à la suite d'un autre arrêté du représentant Laignelot.
    • Du 13 au 24 juillet 1794, à Craon : 19 condamnations à mort, 3 à la détention et 30 acquittements.
    • Du 27 juillet au 11 août 1794, Château-Gontier : 10 condamnations à mort, 8 à la déportation et 17 acquittements.
    • Du 16 août au 12 novembre 1794, à Laval : 15 condamnations à mort, 45 à la détention et 1 déportation à vie, contre 152 acquittements
  159. À Fougères, du 11 décembre 1793 au 5 juin 1794, 222 personnes sont jugées, 9 sont condamnés à la prison ou la déportation, 99 acquittés, 114 personnes sont condamnées à mort et exécutés, dont 70 à Rennes et 44 à Fougères
  160. Hippolyte de La Grimaudière (1879), p. 80-84.
  161. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 228-235
  162. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 222-227 lire en ligne sur google livres [archive]
  163. Journal général de la guerre, Volume 3,Numéros 1 à 30, p.87 [archive]
  164. a et b Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 216-221
  165. Roger Dupuy, La Bretagne sous la Révolution et l'Empire (1789-1815), p. 139
  166. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 228
  167. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 260-262
  168. Gabory 2009, p. 334-337
  169. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 262-263
  170. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 30-31
  171. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 466
  172. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 263-264
  173. a, b et c Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! », p. 463
  174. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 264-267
  175. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 267-269
  176. Yves Gras, La Guerre de Vendée, p. 135.
  177. Charles Berriat-Saint-Prix, La justice révolutionnaire, p. 268-269
  178. a, b, c, d et e
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