Informations générales
Date |
1er juin 1794 |
Lieu |
Mormaison |
Issue |
Victoire vendéenne |
Forces en présence
1 200 hommes 1 |
4 000 à 6 000 hommes |
Pertes
243 morts 1 |
inconnues |
Guerre de Vendée
La bataille de Mormaison se déroula lors de la guerre de Vendée. Le 1er juin 1794, les armées vendéennes, alors en marche pour attaquer Challans, battent une troupe républicaine placée sur leur chemin.
La bataille
À la fin du mois de mai, à l'appel de Charette, Jean-Nicolas Stofflet se réunit à lui avec ses troupes au village de la Bésilière, dans la paroisse de Legé afin de tenter une offensive sur Challans. Mais auparavant le 30 mai, Charette part attaquer les troupes républicaines signalées à Mormaison 2.
La garnison de Mortagne-sur-Sèvre commandée par l'adjudant-général Brière, forte de 1 200 hommes, s'est portée sur Mormaison afin de protéger un convoi de grains. Les Républicains prennent position sur la lande alors que les voitures sont en train d'être chargées, c'est à ce moment que les forces vendéennes passent à l'attaque1.
Selon le rapport de l'adjudant-général républicain Dusirat, les forces vendéennes étaient de 6 000 commandées par Charette et Stofflet, divisées en quatre colonnes 1. En revanche dans ses mémoires, l'officier vendéen Lucas de La Championnière affirme que l'armée était divisée en deux colonnes commandées par Charette et Guérin et que Stofflet n'arriva à Legé que plusieurs jours après cette bataille 3
Une partie des forces républicaines panique et prend aussitôt la fuite, le bataillon d'Ille-et-Vilaine tente de résister mais il est mis en déroute et perd son drapeau. Les Républicains se replient sur le camp de Saint-Georges. Selon le rapport de Dusirat au général Vimeux, successeur de Turreau à la tête de l'Armée de l'Ouest, les pertes républicaines sont de 243 hommes ainsi que de 19 charrettes de grains dont les troupes avaient « le plus grand besoin » de plus cette affaire « a jeté le découragement parmi les troupes qui semblent voir partout des drapeaux blancs 1. »
Premier rapport de l'adjudant-général Dusirat sur la bataille de Mormaison
« La garnison de Mortagne est arrivée hier à onze heures du soir; elle occupe le camp deSaint-Georges. Les douze cents hommes qui y étaient sont partis à une heure du matin, sous les ordres de l'adjudant-général Brière, pour aller du côté de Mormaison,afin de protéger un enlèvement de grains dont nous avons le plus grand besoin. Cette colonne a pris position dans une lande pendant que l'on chargeait les voitures : elle a été attaquée par quatre colonnes de Charette et Stofllet réunis. Une partie de nos troupes s'est très-bien battue; mais la grande majorité a pris lâchement la fuite, et la déroute a été complète. Je ne connais pas encore notre perte. Le bataillon d'Ille-et-Vilaine, qui s'était si bien battu à l'affaire de Craon, et qui s'est encore bien montré dans cette affaire, a perdu son drapeau. La troupe rentrée a été reconduite au camp.
Charette est dans le Bocage à la tête d'un puissant rassemblement, pendant qu'on fait un étalage pompeux dans le Marais. Pourquoi ne va-t-on pas l'y chercher ? Le quartier général à Niort est trop éloigné pour qu'on puisse correspondre facilement.
Je me propose d'aller avec deux mille hommes attaquer Charette, qui veut porter du secours au Marais. J'en préviens le commandant de Challans, et j'invite Crouzat à faire un mouvement vers Remouillé, pour couvrir la route de Nantes dans le cas d'un échec. J'ai ici quatre mille hommes ; ils sont sans souliers.
L'insatiable Cambray m'a enlevé tous les vieux corps et l'excellent bataillon du soixante-dix-septième régiment de la garnison de Mortagne; sa colonne doit être de quatre à cinq mille hommes. J'ai besoin d'une augmentation de forces, si l'on veut que je seconde les opérations de Cambray, attendu qu'il faut au moins trois mille hommes à Montaigu pour s'opposer aux entreprises de Charette.
Je vous invite, mon général, à présenter au comité de salut public un compte exact de la situation de la Vendée, ou, si vous l'aimez mieux, je lui rendrai compte moi-même de ce qui se passe, dussé-jey perdre la tête1. »
— Rapport de l'adjudant-général Dusirat, le 1er juin à Montaigu au général Vimeux.
Deuxième rapport de l'adjudant-général Dusirat sur la bataille de Mormaison
« La guerre de la Vendée est plus sérieuse qu'on ne pense, je ne cesserai jamais de le répéter.
Je n'ai pas reçu de nouvelles de Cambray depuis son départ de Mortagne. Il m'est impossible de faire aucun mouvement avec les troupes qui sont sous mes ordres, surtout depuis que j'ai envoyé deux mille hommes à Machecoul.
L'affaire du Ier. nous a coûté deux cent quarante-trois hommes, un drapeau et dix-neuf charrettes j elle a jeté le découragement parmi les troupes qui semblent voir partout des drapeaux blancs. J'ai changé la position du camp de SaintGeorges pour le porter sur la hauteur des moulins. La force du camp et du château de Montaigu consiste en deux mille hommes de mauvaises troupes sans souliers. Lorsque tous les
Je suis allé hier, avec trente hommes de cavalerie, jusqu'à Saint-Fulgent. J'enverrai trois ou quatre cents hommes d'infanterie pour s'assurer si les brigands ont un pos(e aux Quatre-Chemins, que l'on devrait occuper avec des forces suffisantes pour assurer la communication de Montaigu avec Niort ; Montaigu, étant le centre du pays occupé par les brigands, mérite qu'on y envoie un général divisionnaire 1. »
— Rapport de l'adjudant-général Dusirat, le 4 juin à Montaigu au général Vimeux.
La bataille de Mormaison dans les mémoires de Lucas de La Championnière
« M. Charette prit alors la route de son pays où M. Stofflet devait bientôt le rejoindre. Le quartier général fut établi à la Bérillière, village dans la paroisse de Légé. C'est là qu'on apprit la marche d'un peloton d'ennemis qui pillaient et brûlaient dans les environs des Landes de Béjarry. Notre armée marcha à leur rencontre sur deux colonnes. Guérin commandant l'avant-garde, arriva le premier dans la Lande et trouva l'ennemi en bataille au pied de deux moulins qui sont à peu près au milieu. Les républicains s'ébranlèrent aussitôt et vinrent au pas de charge sur les royalistes qui s'avancèrent aussi à leur rencontre ; mais les derniers, malgré l'exemple et les exhortations de Guérin, commençaient à plier lorsque M. Charette parut heureusement à l'autre extrémité de la Lande : un cor de chasse annonça son arrivée ; la fanfare épouvanta les républicains, ils se virent mis entre deux feux et prirent maladroitement la fuite. Notre cavalerie en eut bon marché 3. »
— Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.
Bibliographie
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, 1912-1931 (réimpr. 2009), p. 396.
- Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. III, p. 537-540. texte en ligne sur google livres
- Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen 1793-1796, Les Éditions du Bocage, 1994, p.89.
Références
- ↑ a, b, c, d, e, f et g Jean Julien Michel Savary, Guerre des Vendéens et des Chouans, par un officier supérieur de l'armée de Vendée (1824-1827), t. III, p. 537-540.
- ↑ Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, p. 396.
- ↑ a et b Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen, p. 89.