Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vendée Militaire et Grand Ouest
Vendée Militaire et Grand Ouest
Publicité
Newsletter
7 abonnés
Archives
Vendée Militaire et Grand Ouest
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 294 903
1 mai 2016

Bataille de Kerguidu

Clic pour voir sa notice sur son nom couleur orange

 

Bataille de Kerguidu

 

Bataille de Kerguidu

260px-Prise_d'Armes_en_Bretagne

Prise d'armes en Bretagne, huile sur toile de Julien Le Blant, 1889.

Informations générales
Date 24 mars 1793
Lieu Pont de Kerguidu, Plougoulm et Tréflaouénan
Issue Victoire des patriotes
Belligérants
Flag of France.svg Républicains Drapeau france ancien regime.svg Paysans contre-révolutionnaires
Commandants
• Jean-Baptiste de Canclaux • François Botloré de Kerbalanec
Forces en présence
700 hommes 1
2 canons
3 000 hommes
Pertes
0 à 3 morts 31
8 à 10 blessés 3
6 à 120 morts 3

Chouannerie

Batailles

Révoltes paysannes (1792-1793)
1er Vannes · Fouesnant · Scrignac · Lannion ·Pontrieux · Bourgneuf-la-Forêt · Plumelec · Savenay ·Loiré · Ancenis · 2e Vannes · Pluméliau · Pontivy ·1er La Roche-Bernard · 1er Rochefort-en-Terre · Pacé ·Guérande · Fleurigné · Fougères · Vitré ·Mané-Corohan · Plabennec · Saint-Pol-de-Léon ·Kerguidu · Lamballe · Saint-Perreux ·2e Rochefort-en-Terre · 2e La Roche-Bernard
Coordonnées 48° 37′ 18″ Nord4° 04′ 24″ Ouest

 

La bataille de Kerguidu se déroula le 24 mars 1793 après le combat de Saint-Pol-de-Léon lors d'une révolte paysanne contre la levée en masse préfigurant la Chouannerie.

 

Sommaire

  
  • 1Prélude
  • 2Le combat
  • 3Les pertes
  • 4La répression
  • 5Bibliographie
  • 6Roman
  • 7Liens externes
  • 8Références

 

Prélude

Malgré leur échec du 19 mars, les paysans du Léon restent sous les armes, les insurgés de Plouescat, Plougoulm, Cléder, Sibiril, Roscoff, Plounévez-Lochrist, Plouzévédé, Plouvorn, Saint-Vougay et Tréflaouénan 1 continuent d'encercler Saint-Pol-de-Léon. De son côté, le général Canclaux gagne le pays de Lesneven, après avoir vaincu les insurgés des environs de Plabennec lors du combat de Plabennec.

Les insurgés commandés par Botloré de Kerbalanec fils, espèrent délivrer les municipaux de Plougoulm et prendre la ville patriote de Lesneven. Ils doivent faire face à deux colonnes républicaines, la première occupe toujours Saint-Pol-de-Léon, la seconde, commandée par le général Canclaux est à Lesneven, mais les insurgés la croient à Ploudalmézeau. Leur plan est de couper les communications entre les patriotes, le 21 mars, ils tentent de couper le pont de l'étang près de Saint-Pol, mais reculent à la suite de l'arrivée de troupes. Dès le lendemain, ils récidivent et détruisent le pont de Kerguidu 1, que franchit l'antique rocade reliant l'amirauté de Brest à la capitale de l'évêque-comte qu'est Saint Pol, à mi distance entre Lesneven (près Vorganium) et Plougoulm (ex Castel Meriadec 4).

La garnison de Saint-Pol-de-Léon envoie des courriers, demandant à Morlaix 500 hommes en renforts et réclame l'aide du général Canclaux et de ses 1 200 hommes. Dans leurs courriers, ils évaluent à 8 000 le nombre des insurgés mais cette estimation est probablement exagérée. Pour l'heure, les patriotes élèvent des retranchements craignant l'imminence d'une attaque 1. Le 22 mars, on signale 1 500 hommes armés à Plouescat et Berven 2.

Le 21 mars 1793, interrogé par le Comité de sûreté local, des témoins déclarent :

« Michel Kerbaol, domestique chez Tanguy Le Roux, de Kérolland en Plouédern, qui a déclaré qu'environ deux cents personnes de Plounéventer, tous armés de fusils et de faucilles, en passant par Kérolland l'avaient forcé à se mettre en route avec eux pour aller à Plabennec, mais qu'il n'était allé que jusqu'au moulin de Luchan, ayant trouvé moyen de s'échapper, parce qu'on marchait sans chef et sans surveillants, qu'il s'était armé d'un fusil parce qu'on le lui avait commandé. (...) Gabriel Gestin, du Rest en Ploudaniel, dit que plus de trois cents personnes passèrent devant sa maison ; elles étaient, dit-on, de Plounéventer, Saint-Servais, Plougar, que plusieurs entrèrent chez lui et le forcèrent à les suivre et à s'armer de sa faucille sous peine d'être tué. (...) Le comité se consulte ensuite s'il y a lieu de faire abattre les clochers où le tocsin a sonné ; on ajourne la question 5. »

Le combat

En effet, le comité de surveillance de Landerneau est informé par une dénonciation que les rebelles ont planifié une attaque sur Saint-Pol pour le 24 mars. Les Républicains se décident à agir au plus vite, le 23, menés par Guillier, commissaire du département et Pinchon, commissaire du disctrict de Morlaix, 400 hommes de la garnison de Saint-Pol-de-Léon, comprenant les volontaires du Calvados et des gardes nationaux de Morlaix, marchent sur Kerguidu dans le but de réparer le pont 1.

A 10 heures du matin, après seulement une lieue de chemin, les Républicains se heurtent aux paysans embusqués sur le versant droit de la vallée du Guillec, qu'ils ne dispersent que grâce à leur pièce d'artillerie. Les Bleus poursuivent leur progression, mais subissent, quelques pas plus loin, une seconde attaque. Ils parviennent néanmoins à se frayer un chemin jusqu'au pont mais se heurtent à des insurgés de plus en plus nombreux. On remarque notamment, parmi ces derniers, bon nombre de femmes. Les paysans finissent par encercler les patriotes, ces derniers se mettent en formation carrée et gagnent la colline dominant la rive droite de la rivière du Dourdu, où le terrain est plus favorable pour maintenir à distance les rebelles. Pendant ce temps, les ouvriers s'attellent à la réparation du pont 1.

Après une heure et demie de combat, la situation commence à devenir délicate pour les Républicains, ils sont presque à court de cartouches et l'essieu de leur canon s'est brisé. Alors qu'ils commencent à faiblir, ils sont secourus par l'arrivée sur la rive gauche du général Canclaux à la tête de 300 2 à 1 000 6 hommes. Les renforts lancent alors une charge à la baïonnette et s'emparent de la colline à gauche de la rivière, les artilleurs y placent leur pièce d'artillerie qui achève la déroute des rebelles 1.

Cependant sur la rive droite, les paysans continuent l'attaque du carré républicain. Canclaux hésite avant de les secourir, craignant que la retraite sur Lesneven ne soit coupée. Finalement, il traverse le pont, entretemps réparé, et prend les insurgés à revers. Les paysans prennent la fuite et se dispersent en direction de leurs paroisses, les Républicains sur leurs talons. Dans la déroute le canon détruit plusieurs bâtiments, et selon Guillier, les patriotes préfèrent fusiller les insurgés plutôt que de faire des prisonniers. À quatre heure du soir, la bataille est finie 1.

Les Républicains se mettent ensuite en route sur Saint-Pol-de-Léon, mais en chemin, l'arrière-garde est attaquée par 400 à 500 paysans sur la route de Landivisiau, quelques tirs d'artillerie suffisent pour les repousser 1.

« Le lendemain matin, je demandais au commissaire du district, au nom des volontaires, de marcher sur les rebelles. Il me refusèrent cette satisfaction, ou plutôt ils la retardèrent jusqu'au dimanche des Rameaux où j'eus ordre, de la part du général Canclaux, de marcher à la tête de 400 hommes pour réparer le pont de Kerguidu que les révoltés avaient cassé, pour faciliter la jonction du général avec nous, à la tête d'environ 300 hommes et une pièce de canon. Je me mis donc en marche à huit heures du matin, à la tête de 340 de nos volontaires. 60 hommes de la garde nationale de Morlaix et une pièce de canon. Je me plaçai sur une hauteur, aux environs du pont je me fis éclairer de tous les côtés afin de n'être pas surpris. Les révoltés nous croyant descendus au pont, vinrent au nombre de 3 on 4 000, pour fondre sur nous. J'en fus averti par l'officier d'arrière-garde. Aussitôt, je fis transporter ma troupe de ce côté avec la pièce de canon, et vis effectivement la route couverte de paysans. Nous fîmes trois décharges de notre canon sur eux, ce qui les obligea de quitter la route pour se retrancher derrière de larges fossés et faire feu sur nous de cette position. Notre seule ressource était donc de charger sur eux, mais au moment où j'en donnais l'ordre les canonniers vinrent me dire que notre pièce était démontée et que l'essieu venait de casser. Cela ne nous déconcerta point. Je fis faire front ma troupe et plaçais quelques pelotons de volontaires derrière les fossés qui bordaient le chemin et à mesure que les révoltés se montraient pour faire feu sur nous, ils tiraient sur eux. Cette manière nous a tellement réussi, que nous n'avons eu que 5 ou 6 blessés, et personne de tué. Nous avons attendu dans cette position le général avec sa troupe il a fait tirer trois coups de canon sur eux, il s'est mis à notre tête et nous a ordonné de charger. Nous avons chargé sur eux avec vigueur. Plusieurs de nos volontaires les ont chargé si vigoureusement qu'ils ont risqué d'être tué par notre canon, en tirant sur les révoltés. C'était là ma seule crainte. Les révoltés ont perdu environ 250 hommes.

Voilà, mon ami, les volontaires qu'on ose traiter de lâches; je t'en laisse le juge.

Nous avons rentré à Saint-Pol en très bon ordre. Aucun volontaire ne s'est écarté; par conséquent, n'a pas pillé. Les révoltés sont venus demander accommodement; le lendemain ils se sont obligés de livrer leurs armes et de payer tous les frais. Nous savons mépriser les calomniateurs, et les aristocrates. Nous soutiendrons toujours, quoi qu'ils en disent, la République et nous nous ferons un devoir et un plaisir de verser jusqu'à la dernière goutte de notre sang pour la faire triompher.

Signé Le républicain Clouard.

P. S. J'oubliais de te dire que 2 000 hommes venaient fondre sur Saint-Pol sans que personne n'ait su leur marche; ils étaient dans la ville sans qu'on le sût. Un commissaire du district nous défendait de tirer au moment où on nous assassinait. Nous demandâmes des cartouches; on nous répondit qu'on n'en avait pas, qu'on allait en envoyer chercher à Roscoff, qui est à une lieue de Saint-Pol. Pèse bien tous ces faits; tu connaîtras les coupables. Au nom de l'amitié que tu as vouée au bataillon, je te prie de rendre publique la lettre et le certificat du général et de m'assurer la réception du tout, ainsi que de nous faire connaître nos dénonciations, afin de leur répondre. 7. »

— Lettre du chef de bataillon Thomas Clouard, commandant du 7e bataillon du Calvados, le 12 avril 1793, à Brest.

Les pertes

Selon les estimations républicaines, le nombre de paysans tués lors des affrontements de Kerguidu aurait été de 400 tués et 300 blessés 8, estimations probablement surévaluées 8.

D'après le chef de bataillon Thomas Clouard, commandant du détachement de Saint-Pol-de-Léon, les insurgés ont perdu 250 hommes environ, tandis que les pertes de son détachement ne sont que de 5 ou 6 blessés 7.

François Cadic avance une perte de trois morts et dix blessés pour les patriotes et de 100 à 120 tués pour les insurgés, attribuant les faibles pertes des Républicains à la médiocrité de l'armement des rebelles1.

Selon les recherches d'Albert Laot, les registres de décès des communes de Plougoulm et Tréflaouénan, théâtres des affrontements, ne mentionnent la mort que de six paysans insurgés, dont deux femmes, et d'aucun soldat 23. Cela semble confirmer le rapport de Canclaux selon lequel aucun soldat républicain n'est tué lors de la bataille, huit seulement sont blessés 23.

La répression

Le combat de Kerguidu met fin à l'insurrection dans le Léon. La répression se met en place, les communes insurgées sont désarmées, les cloches de leurs églises sont descendues et surtout elles sont contraintes de payer une lourde amende 2. Des centaines de paysans sont capturés et jugés et deux d'entre eux Jean Pedel et François Guivarch du Relecq-Kerhuon sont condamnés à mort et guillotinés 8. François Barbier et Jean Prigent maires de Ploudalmézeau et Plouzévédé subissent le même sort, le premier à Brest le 17 avril, le second à Lesneven le 23 2. La répression et la présence d'une forte garnison à Brest font que le Léon ne connait plus de soulèvements pendant la Chouannerie 2.

« À la suite de cette bataille, plusieurs personnes soupçonnées d’avoir participé à la révolte furent soumises à des interrogatoires. Le comité de sûreté de Landerneau a ainsi interrogé Jean Saout, cultivateur à Plouvorn, et Jean Goarnisson, bourrelier à Plouvorn. Le tribunal criminel du Finistère a jugé Jean Prigent, maire de Plouzévédé, et Prigent Autret, maire de Plouvorn ; dans ce tribunal figuraient des personnalités comme Le Guillou Kerincuff, qui fut maire de Quimper, et Roujoux, qui fut maire de Landerneau et connut une vie mouvementée 9. »

Bibliographie

  • Lan Inisan, Emgann Kerguidu / La bataille de Kerguidu, traduction et présentation d'Yves Le Berre, postface d'Anne de Mathan, Brest, CRBC, 2015, 768 pages.
  • Albert Laot : La bataille de Kerguidu. Skol Vreizh. année 2013.
  • François Cadic, Histoire populaire de la chouanneriet. I, éditions Terre de Brume,‎ 2003p. 363-367.
  • Louis Élégoët, Le Léon, Histoire et Géographie contemporaine, éditions palantines,‎ 2007p. 129-130.
  • Roger Dupuy, La Bretagne sous la Révolution et l’Empire, 1789-1815, éditions Ouest-France université, Rennes,‎ 2004,p. 114-116.
  • Roger Dupuy, La Chouannerie, éditions Ouest-France,‎ 1995p. 15.
  • Archives parlementaires de 1787 à 1860t. 63 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articlep. 503-504. texte en ligne sur Gallica

Roman

  • Lan Inisan, Emgann Kerguidu,‎ 1877-1878

Liens externes

Références

  1. ↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. I, p. 363-367.
  2. ↑ a, b, c, d, e, f, g et h Louis Élégoët, Le Léon, Histoire et Géographie contemporainep. 129-130.
  3. ↑ a, b, c, d et e Albert Laot, La Bataille de Kerguidu, Skol Vreizh, 2013.
  4.  An., Livre des faits d'Arthur, ~1000
  5.  Abbé Paul Peyron, "Documents touchant l'insurrection du Léon en mars 1793", 1902, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5656046p/f36.image.r=Ploun%C3%A9venter.langFR [archive]
  6.  Roger Dupuy, La Chouanneriep. 15.
  7. ↑ a et b Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. 63, p. 503-504.
  8. ↑ a, b et c Roger Dupuy, La Bretagne sous la Révolution et l’Empire, 1789-1815p. 113-114.
  9.  Jean-Louis Autret, "Documents judiciaires relatifs à la bataille de Kerguidu du 24 mars 1793", Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXXXIII, 2004
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité