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Vendée Militaire et Grand Ouest
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18 octobre 2019

Moreau de Saint-Méry Médéric Louis Élie

Clic pour voir sa généalogie sur la ligne en dessous

 

 

Moreau de Saint-Méry

220px-Moreau_Saint-Mery

Pastel de James Sharples.
Naissance 13 janvier 1750
Fort-Royal, Martinique
Décès 28 janvier 1819 (à 69 ans)
Philadelphie
Activité principale
Historien
Autres activités
Homme politique
Signature de Moreau de Saint-Méry.

Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry, né le 13 janvier 1750 à Fort-Royal, en Martinique et mort le 28 janvier 1819 à Philadelphie, est un historien célèbre pour sa contribution à l’histoire d’Haïti.

Avocat, homme d’une vaste culture juridique, c’est aussi un acteur de la Révolution française. Moreau de Saint-Méry est un colon créole1, érudit et propriétaire d’esclaves, il est tout autant engagé à Paris en 1789 dans le processus révolutionnaire antiabsolutiste que dans la réaction coloniale esclavagiste et ségrégationniste.

Sommaire

  • 1 Sa formation
  • 2 Révolution française
  • 3 Lois et constitutions des colonies françaises de l’Amérique
  • 4 Administrateur à Parme
  • 5 Notes
  • 6 Publications
  • 7 Bibliographie
  • 8 Biographie et sources manuscrites
  • 9 Articles connexes
  • 10 Liens externes

Sa formation

Avocat au Parlement de Paris en 1771, il s’embarque en 1776 pour l’île de Saint-Domingue et s’installe au Cap-Français où il se voit gratifié d’un poste au Conseil supérieur de Cap. Il s’intéresse au problème de la codification des lois coloniales et publie Lois et Constitutions des colonies françaises sous le vent. En 1785, il devient franc-maçon2.

Révolution française

Il revient à Paris en 1788 où il participe à la création d’un comité colonial, destiné à empêcher toute réforme du système esclavagiste, et collabore aux travaux du club de l'hôtel Massiac, représentant les grands planteurs esclavagistes à Paris.

Le 1er juillet 1789, Saint-Méry devient président de l’assemblée générale des Électeurs parisiens, il participe au 14 juillet comme membre du Comité des électeurs et organise la distribution des armes aux révoltés. Le 18 septembre, il se fait admettre comme député de la Martinique à l’Assemblée Constituante. Il participe aux débats à l’Assemblée constituante sur la question coloniale de mai 1791 sur la question de l’appartenance ou non des Africains et de leur descendants au genre humain. Député esclavagiste, il s’opposa aux revendications du métis de Saint-Domingue, Julien Raimond, pour la citoyenneté active dans le cadre de la constitution censitaire de 1791. Moreau de Saint-Méry fut l’artisan de la consécration constitutionnelle de l’esclavage lors du vote de l’Assemblée nationale constituante pour le décret du 13 mai 1791.

Lois et constitutions des colonies françaises de l’Amérique

Moreau de Saint-Méry, Président des Électeurs de Paris au Mois de juillet 1789.

C’est son ami Jean-Jacques Fournier de Varennes, dit le marquis de Bellevue, descendant d’une grande famille de Saint-Malo, commandant de la milice et membre de chambre d’agriculture du Cap-Français de Saint-Domingue, qui l’aide à écrire son plus fameux ouvrage, Lois et constitutions des colonies françaises de l’Amérique sous le vent3 en complète rupture avec la philosophie des Lumières.

Vers la fin du XVIIIe siècle, Saint-Méry développe dans son ouvrage Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’isle Saint-Domingue, une théorie arithmétique de l’épiderme dans les colonies, qui hiérarchise les cent vingt-huit combinaisons possibles du métissage noir-blanc en neuf catégories (le sacatra, le griffe, le marabout, le mulâtre, le quarteron, le métis, le mamelouk, le quarteronné, le sang-melé)4,5. Cette démarche traduit la préoccupation majeure des colons esclavagistes : la discrimination par l’épiderme, selon le préjugé de couleur6. La caste des colons blancs esclavagistes constitue l’« aristocratie de l’épiderme7. »

Par hostilité au décret du 15 mai 1791 sur l'égalité des droits des blancs et des hommes de couleur libres, avec plusieurs députés de colonies il boycotte l'assemblée constituante. À ce titre les 9 et 10 juin sur initiative de Danton le club des Jacobins entame une procédure de suspension contre quatre d'entre eux dont lui-même, Gouy d'Arcy, Jean-Baptiste Gérard et Joseph Curt. Les quatre représentants ont violé le serment du jeu de paume qui les engageait à ne jamais se séparer de leurs collègues avant d'avoir donné une constitution à la France8. En juillet ils adhèrent au club des Feuillants, nouvelle formation politique. Cinq autres députés des départements français, les frères Alexandre de Lameth et Charles Malo de Lameth, Antoine Barnave, Adrien Duport, Goupil de Prefeln, seront radiés du club des Jacobins après leur décision de faire révoquer le 24 septembre le décret du 15 mai. Moreau est attaqué par les fédérés de Marseille et il se réfugie, avec sa femme et ses deux fils, aux États-Unis avant de revenir en France en 1798 où l’appui de Talleyrand lui vaut une charge au ministère de la Marine.

Administrateur à Parme

Par le traité d'Aranjuez du 21 mars 1802, le duc Ferdinand Ier perd son duché au profit de la France. Présent à Parme depuis mars 1801 pour préparer ces changements, Moreau de Saint-Méry prend possession du duché en qualité d’administrateur délégué général des États parmesans, patronné par Talleyrand9. Par une série d’actes administratifs, il met en place d’importantes innovations dans le domaine du droit : il abolit les lois anti-hébraïques, interdit la torture, sépare complètement les lois civiles des lois pénales. Il réforme les tribunaux en introduisant de nouvelles lois, certaines dérivées de la nouvelle législation française. Franc-maçon, en 1804 il est fondateur de la loge de Parme10. Le 1er juillet 1805, les réformes juridiques qu’il a mises en place disparaissent avec l’introduction du code Napoléon dans tout l’Empire.

Lors de son séjour à Parme, il publie une étude sur la danse dédiée « aux Créoles, par leur admirateur ».

Le mécontentement de la population lié à la conscription militaire culmine en 1806 avec la révolte des paysans de Castel San Giovanni, qui dégénère en combat avec les militaires français à Bardi, Borgotaro. Napoléon voit dans ces évènements la preuve de l’incapacité de Moreau à gérer la situation : il le fait remplacer par le général Junot qui reçoit des ordres pour une répression sévère2. Moreau tombe en disgrâce, sans charge ni salaire de conseiller d’État, et rentre à Paris ruiné non sans emmener des documents anciens dont un code datant du IXe siècle2. L’impératrice Joséphine, peut-être parce qu’elle aussi est née à la Martinique, lui accorde une maigre pension, qu’il touche jusqu’à sa mort. Il se consacre à la franc-maçonnerie et devient, en 1810, grand officier d'honneur du Grand-Orient de France2. En 1817, ces difficultés financières se résolvent lorsque Louis XVIII lui rachète ses archives et sa bibliothèque 2. Il meurt le 28 janvier 1819 à Philadelphie où il fréquente d’autres ex-planteurs de sucre comme Jean-Simon Chaudron et devient l’une des figures de la communauté des réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique.

Notes

  1. Entendu au sens du XVIIIe siècle de « personne de race blanche » née sous les Tropiques de parents venus d'Europe et qui s'y sont installés, par opposition aux Français, Espagnols, Portugais récemment arrivés d'Europe ou simplement de passage sur une ile tropicale et aux non-blancs.
  2. a, b, c, d et e Zannoni 2006, p. 49
  3. [1] [archive]
  4. Il suppose que l'homme forme un tout de cent vingt-huit parties, blanches chez les Blancs, et noires chez les Noirs. Partant de ce principe, il établit que l'on est d'autant plus près ou plus loin de l'une ou de l'autre couleur, qu'on se rapproche ou qu'on s'éloigne davantage du terme soixante-quatre, qui leur sert de moyenne proportionnelle. D'après ce système, tout homme qui n'a pas huit parties de blanc est réputé noir. Marchant de cette couleur vers le blanc, il distingue neuf souches principales, qui ont encore entre elles des variétés d'après le plus ou le moins de parties qu'elles retiennent de l'une ou de l'autre couleur. Ces neuf espèces sont le sacatra, le griffe, le marabout, le mulâtre, le quarteron, le métis, le mamelouk, le quarteronné, le sang-melé. Le sang-mélé, en continuant son union avec le blanc, finit en quelque sorte par se confondre avec cette couleur.
  5. Chantal Maignan-Claverie, Le métissage dans la littérature des Antilles françaises: le complexe d'Ariel, Karthala, 2005, p.14
  6. http://www.monde-diplomatique.fr/2008/02/VENTURA/15605 [archive]
  7. Description topographique de la partie française de Saint-Domingue
  8. Jacques Thibau, Le temps de Saint-Domingue l'esclavage et la révolution française Paris,Jean-Claude Lattès, 1989 ; Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795), Paris, Karthala, 2002
  9. (it) Adele Vittoria Marchi, Parma e Vienna, édition Artegrafica Silva Parma, 1988 ; Gianfranco Stella, Parma, édition Quaderni Parmensi, 1988.
  10. Stefano Mazzacurati, "Tra due Orienti. Parabola massonica nell'esistenza di Moreau de Saint-Mery", Hiram, ruvue du Grand Orient d'Italie, 2014, n. 1, p. 59-66.

Publications

  • Lois et constitutions des colonies françoises de l’Amérique sous le Vent, Paris, 1784-1785, 6 vol.
  • Description topographique et politique de la partie espagnole de l’isle Saint-Domingue, Philadelphie, 1796
  • Idée générale ou abrégé des sciences et des arts à l'usage de la jeunesse, Philadelphie, 1796
  • Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’isle Saint-Domingue, Philadelphie, Paris, Hambourg, 1797-1798
  • Description topographique et statistique des États de Parme, Plaisance et Guastalla, 8 vol. (manuscrit inédit conservé à Parme)
  • De la danse, Parme, Bodoni, 1801 (et réédité en 1803).
  • Discours sur l'utilité du musée établi à Paris, prononcé dans sa séance publique du 1er décembre 1784, par M. L.-E. Moreau de Saint-Méry, Parme, Bodoni, 1805, 32 p. (numérisé Gallica)
  • Discours sur l'utilité des assemblées publiques littéraires, par M. L.-E. Moreau de Saint-Méry, Parme, Bodoni, 1805, 28 p. (numérisé Gallica)

Bibliographie

  • « Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • (it) Emilia Carra, Gli inediti di Moreau de Saint-Méry à Parme, Parme, Fresching, [1954].
  • Florence Gauthier, L’Aristocratie de l’épiderme. Le combat de la société des citoyens de couleurs, 1789-1791, Paris, CNRS Editions, 2007. (ouvrage confrontant les positions de Moreau de Saint-Méry à celle de Julien Raimond pendant la période révolutionnaire)
  • Edna Le May, "Moreau de Saint-Mery" dans Dictionnaire des constituants Edna Le May (dir) Paris, 1991.
  • (it) Adele Vittoria Marchi, Parma e Vienna : cronaca di tre secoli di rapporti fra il ducato di Parma Piacenza e Guastalla e la corte degli Asburgo, Parme, Artegrafica Silva, 1988.
  • Christine Peyrard, Francis Pomponi et Michel Vovelle, dir., L'administration napoléonienne en Europe : adhésions et résistances, Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence, 2008.
  • Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des noirs Noirs dans la révolution française(1789-1795), Paris, Karthala, 2002.
  • (it) Gianfranco Stella, Parma, Parme, Quaderni Parmens, 1988.
  • Gérard Thélier, Le Grand Livre de l’esclavage, des résistances et de l’abolition: Martinique, Guadeloupe, la Réunion, Guyane, Chevagny-sur-Guye, éditions Orphie, 1998, p. 123.
  • Jacques Thibau, Le Temps de Saint-Domingue, l'esclavage et la Révolution française, Paris, Jean-Claude Lattès, 1989.
  • (it) Mario Zannoni, Napoleone Bonaparte a Parma nel 1805, Parme, MUP-Fondazione Monte di Parma, 2006. 

Biographie et sources manuscrites

Catalogue des livres et manuscrits de la bibliothèque de feu M. Moreau de Saint-Méry,... dont la vente se fera le mercredi 15 décembre 1819, Paris, Merlin, novembre 1819, VIII-109 p.

Moreau de Saint-Méry, Description topographique et statistique des États de Parme, Plaisance et Guastalla, 8 vol. (manuscrit inédit).

Journal de Moreau de Saint-Méry (manuscrit inédit)

Taffin (Dominique), dir., Moreau de Saint-Méry ou Les ambiguïtés d'un créole des Lumières : actes du colloque des 10-11 septembre 2004 organisé par les Archives départementales de la Martinique et la Société des amis des archives et de la recherche sur le Patrimoine culturel des Antilles avec le concours de l'Université des Antilles et de la Guyane, Fort-de-France, Société des amis des archives et de la recherche sur le patrimoine culturel des Antilles, 2006

Articles connexes

  • Idéologie coloniale française

Liens externes

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