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15 janvier 2018

Crémieux Adolphe

Clic pour voir sa généalogie sur la ligne en dessou

 

 

 

 

Adolphe Crémieux

260px-Adolphe_Crémieux_by_Lecomte_du_Nouy

Adolphe Crémieux
Portrait par Lecomte du Noüy.

Fonctions
Sénateur inamovible
 
Ministre
 
Sénateur de la Troisième République
 
Député
 
Ministre
Justice
 
Biographie
Naissance
30 avril 1796
Nîmes
Décès
10 février 1880(à 83 ans)
Paris
Sépulture
Cimetière du Montparnasse
Nationalité
Français
Lieu de travail
Paris
Formation
Université d'Aix-Marseille
Activités
Avocat, homme politique
Enfant
Mathilde Crémieux
Autres informations
Domaine
Liberté de la presse
Membre de
Franc-maçonnerie, Alliance israélite universelle

Adolphe Crémieux, à l’origine Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, né le 30 avril 1796 à Nîmes et mort le 10 février 1880 à Paris, est un avocat et homme politique français, dignitaire de la franc-maçonnerie, promoteur de l’Alliance israélite universelle et fondateur de l’École normale israélite orientale. Ami de l’abbé Grégoire, il a prononcé son éloge funèbre.

Il est surtout connu comme auteur du décret Crémieux d’octobre 1870 qui attribuait la citoyenneté française aux « indigènes israélites d’Algérie ».

Sommaire

  • 1 Biographie
    • 1.1 Famille
    • 1.2 La Restauration et la monarchie de Juillet
    • 1.3 La Deuxième République
    • 1.4 Le Second Empire
    • 1.5 La Troisième République
  • 2 L'œuvre politique de Crémieux
    • 2.1 Un défenseur des droits des Juifs
    • 2.2 Le décret Crémieux
    • 2.3 Un réformateur de la franc-maçonnerie
  • 3 Informations diverses
  • 4 Hommages
  • 5 Notes et références
  • 6 Voir aussi
    • 6.1 Bibliographie
    • 6.2 Articles connexes

Biographie

Famille

Ses parents, des Juifs du Pape de Carpentras, émigrent à Nîmes où son père David Crémieux (1761-1819) crée avec son frère Élie un négoce de soieries « E. Crémieux et frères » et joue un rôle actif dans la vie politique municipale.

À sa naissance, Adolphe Crémieux, porte selon la tradition les prénoms de ses grands-pères, mais c’est avec le prénom d’Adolphe qu’il se fait connaître1,2. Sa sœur, Julie-Égalité Crémieux (1796-1880), se convertira au catholicisme.

En 1824, Adolphe Crémieux épouse Amélie Silny (1800-1880). De ce mariage naissent deux enfants, Gustave (1831-1872) et Mathilde (1834-1912), mariée à Alfred Peigné.

Adolple Crémieux est le grand-oncle par alliance de Marcel Proust (1871-1922). Il est l’un des témoins de sa petite-nièce, Jeanne Weil (1849-1905), lors de son mariage avec Adrien Proust en juillet 1870. (Rose Silny-Berncastel, la grand-mère maternelle de Jeanne Weil Proust, était la sœur d’Amélie Silny-Crémieux.)

Adéle Weil, la grand-mère de Proust, l’un des principaux modèles de la grand-mère du narrateur dans À la recherche du temps perdu, considérait Crémieux « comme son père », selon Ghislain de Diesbach3. Auprès de Crémieux, « Adèle avait pris le goût des lettres, celui de l’éloquence profane ou sacrée qu’elle devait à son tour inculquer à sa fille Jeanne. […] La tradition intellectuelle des Crémieux devait se conserver dans sa descendance », signale Diesbach3.

La Restauration et la monarchie de Juillet

Crémieux devient avocat au barreau de Nîmes, puis auprès de la Cour de cassation. Au début de sa carrière, Crémieux défend en particulier les victimes de la Terreur blanche, ce qui lui vaut d’être appelé l’« avocat des protestants ». En 1824, à vingt-huit ans, il occupe la première place au barreau de Nîmes et compte au nombre des avocats les plus renommés de la Restauration.

En 1828, il est nommé membre laïque du Collège des notables israélites de la circonscription de Marseille, et dénonce les inégalités au nom de la devise révolutionnaire : « Liberté-Égalité-Fraternité ».

En 1830, il s’installe à Paris.

Il est député de Chinon, de 1842 à 1848.

La Deuxième République

Le 24 février 1848, lorsque la révolution républicaine triomphe à Paris, Crémieux (avocat de la princesse Mathilde Bonaparte, mais également de la famille d’Orléans), conseille au roi Louis-Philippe Ier d’abdiquer en faveur de son petit-fils et de quitter le pouvoir. Le lendemain 25 février 1848, il devient ministre de la Justice du gouvernement provisoire qui proclame la Deuxième République, poste qu’il occupe jusqu’au 7 juin 1848.

Il fait prendre le décret qui décide que la justice sera désormais rendue au nom du peuple français. Le 1er mars, il fait supprimer par un autre décret le serment de fidélité à la couronne.

Le 3 mars, dans l’affaire du procès de Saverne où il est l’avocat d’un rabbin, il obtient de la Cour de cassation l’abolition du serment more judaico, contribuant ainsi à faire cesser la dernière discrimination légale à l’égard des Juifs de France.

Dès le 31 mars, il demande la démission d’une vingtaine de hauts magistrats et suspend ceux qui refusent d’obtempérer. Ces juges sont suspendus, les uns par Crémieux lui-même, les autres à la demande des commissaires du gouvernement (préfets provisoires). Un décret du 10 août 1849 annule les suspensions de Crémieux (démissionnaire le 5 juin 1848).

Le 9 mars 1848, Crémieux reçoit « une délégation de Noirs et de Mulâtres des colonies françaises » et leur déclare que « la nouvelle République accomplira ce que la République de 92 avait proclamé. Vous redeviendrez libres ». Cependant, le 15 mars 1848, François Arago envoie aux colonies, une dépêche contenant « un ajournement de l’émancipation, et les vagues promesses qui l’accompagnent ne sont guère que d’un Guizot républicain ».

Crémieux est représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848-1849.

Le 11 juin 1851, en tant qu’avocat, il assiste Victor Hugo, dans la défense de son fils Charles Hugo, journaliste à l’Événement, qui est poursuivi devant la Cour d’assises de Paris, pour « avoir outragé la loi en décrivant l’exécution d’un braconnier guillotiné à Poitiers ».

Le Second Empire

Élu député de la 3e circonscription de Paris, le 22 novembre 1869, il siège au Corps législatif, dans l’opposition parlementaire, parmi les représentants de la gauche républicaine. Il vote contre la déclaration de guerre à la Prusse, en juillet 18704.

La Troisième République

Après l’abdication de Napoléon III, il devient membre du gouvernement de la Défense nationale, du 4 septembre 1870 au 17 février 1871, comme ministre de la Justice. Suivant une décision du gouvernement, pour échapper à l’encerclement de Paris, Crémieux gagne Tours le 12 septembre. Il est suivi de ses collègues ministres Glais-Bizoin et Fourichon. Ils forment la délégation gouvernementale de Tours. Elle est renforcée le 9 octobre par Gambetta.

Après les événements de la Commune il tente en vain de sauver de la mort l’avocat engagé Gaston Crémieux, un temps à la tête de l’insurrection marseillaise et qui sera finalement fusillé. L’année suivante, Crémieux est élu député du département d’Alger, (jusqu’en 1875).

Au terme de sa longue carrière politique, Crémieux devient sénateur inamovible, de 1875 à sa mort en 1880. Il est enterré au cimetière du Montparnasse.

L'œuvre politique de Crémieux

Un défenseur des droits des Juifs

Crémieux revendique la liberté religieuse et n’hésite pas à s’opposer à l’État pour la défendre. Sans être un pratiquant fervent, Crémieux est croyant. Il déclare : « Dieu et l’immortalité de l’âme, voilà ma religion ». Fier d’être juif, il aime rappeler dans ses plaidoiries la primauté du judaïsme en tant que porteur de valeurs humanistes et universalistes, religion « qui la première comprit et proclama l’unité de Dieu, celle qui écrivit sur le mont Sinaï la plus pure morale dans cet immortel Décalogue, fondement de toutes vos lois ! ».

Préoccupé par l’oppression des Juifs dans le monde, il s’impose comme mission de les défendre où qu’ils soient et rivalise à cet égard avec son confrère anglais, sir Moses Montefiore. L’affaire de Damas, survenue en 1840, les décide tous deux à se rendre auprès du vice-roi d’Égypte – Muhammad Ali, nouveau conquérant de la Syrie – pour y obtenir la libération des Juifs damascènes accusés du crime rituel du père Thomas. Les négociations durent du 4 au 28 août à Alexandrie. Les neuf prisonniers survivants (sur les treize) sont finalement libérés le 6 septembre. Montefiore obtiendra par la suite du sultan Abdul Majid qu’il proclame un décret de protection des Juifs de l’Empire ottoman contre les accusations de crimes rituels: « Et pour l’amour que nous portons à nos sujets, nous ne pouvons pas permettre à la nation juive d’être inquiétée et tourmentée par des accusations qui n’ont pas le moindre fondement de vérité… ».

En 1867, il lance un appel aux israélites du monde entier à venir en aide aux « frères » chrétiens maronites du Liban, persécutés par les Turcs.5

En 1843, il est nommé président du Consistoire central israélite de France. Le 17 mai 1860, est créée l’Alliance israélite universelle, à l’instigation de Crémieux et de Charles Netter. Il en prend la présidence en 1864. Il met au service de l’Alliance israélite universelle sa personne et son prestige et œuvre pour faire de cette institution l’emblème du judaïsme émancipé, menant une mission internationale sur les plans intellectuel et politique : sous son égide, elle secourt les minorités juives opprimées, notamment en Afrique du Nord et en Orient, défend leurs droits et les aide, en leur inculquant la culture française, à s’insérer dans la société par l’instruction et la formation professionnelle. Elle œuvre aussi pour l’émancipation des Juifs d’Europe occidentale. Les archives de l’AIU conservent une riche correspondance témoignant de ses différents combats au service de ses semblables dans le monde. Il agit en faveur des Juifs de Roumanie, de Serbie, de Perse, des Balkans, de Russie, du Maroc, de Tunisie.

Le décret Crémieux
Article détaillé : Décret Crémieux.

Sur l’initiative de Crémieux, six décrets règlementant la vie en Algérie furent alors pris par la délégation. Et ce alors que la France était dans une situation militaire désastreuse, que Paris était assiégée par deux armées allemandes, que la priorité absolue du gouvernement était en principe la défense du pays et qu’enfin la légitimité de ce gouvernement n’était assise sur aucune élection. Cela fut ensuite vivement reproché à Crémieux.

Ces décrets comprenaient :

  • Le décret mettant fin à l’administration militaire de l’Algérie ;
  • Le décret interdisant la polygamie en Algérie ;

Mais les plus fameux d’entre eux sont les décrets du 24 octobre 1870.

Le décret no 136, le Décret Crémieux, accordait la citoyenneté française aux trente sept mille Juifs d’Algérie, leur permettant de s’extirper du statut islamique de dhimmi en ces termes : « Les israélites indigènes des départements de l’Algérie sont déclarés citoyens français ; en conséquence, leur statut réel et leur statut personnel, seront, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française. Toutes dispositions législatives, décret, règlement ou ordonnance contraires sont abolis ».

Le décret no 137 portait quant à lui sur la naturalisation des « Indigènes musulmans et des Étrangers résidant en Algérie », sous réserve de prouver l’âge légal de 21 ans par le cadi ou le juge de paix, et de formuler leur demande auprès des bureaux arabes. À l’article II on peut lire: « Titre III, article 11 : L’indigène musulman qui veut être admis à jouir des droits de citoyen français doit se présenter en personne devant le chef du bureau arabe de la circonscription dans laquelle il réside, à l’effet de former sa demande et de déclarer qu’il entend être régi par les lois civiles et politiques de la France. »

Le décret no 136 reprenait les dispositions du décret d’application du senatus consulte du 14 juillet 1865, mais supprimait l’enquête sur les antécédents et la moralité du demandeur qui devait être transmise au gouverneur général de l’Algérie et recevoir l’approbation du garde des Sceaux pour être statuée par l’Empereur et le Conseil d’État. Le décret impérial encadrait l’enrôlement militaire, dans le contexte de l’époque. Dans le cas du décret Crémieux, l’approbation devait venir du gouverneur général civil sur avis du comité consultatif. À chaque naturalisation, un bulletin était néanmoins gardé sous forme de casier judiciaire déposé à la préfecture du département (titre III, article 4).

Crémieux prit également avec la délégation le décret du 25 novembre 1870, réformant l’usage de la peine capitale (suppression de l’échafaud) et uniformisant la charge de bourreau (suppression des exécuteurs provinciaux).

Un réformateur de la franc-maçonnerie

Crémieux fut initié à la franc-maçonnerie en 1818, à la loge du « Bienfait anonyme » (à Nîmes), qui dépendait du Grand Orient de France6,7.

En 1860, il quitte le Grand Orient pour le Suprême Conseil de France (Rite écossais ancien et accepté), dont il devient le « Souverain Grand Commandeur » en 18692. En 1875, Crémieux réunit à Lausanne en Suisse, une assemblée des Suprêmes conseils de la franc-maçonnerie, pour harmoniser le Rite écossais ancien et accepté avec les « légitimes exigences de la civilisation moderne ». Cette déclaration de l’assemblée de Lausanne proclame « l’existence d’un Principe Créateur ».

Informations diverses

En 1828, il participa à la rédaction du livret de l’opéra Guillaume Tell de Gioachino Rossini8.

Portraits connus :

  • Portrait d’Adolphe Crémieux par Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (Paris, 1842 - 1923)
  • Photographie de Nadar.
  • de Simone Mrejen-O’Hana, Dictionnaire, « Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, Avocat, homme politique, président du Consistoire central et de l’Alliance israélite universelle (Nîmes, 30 avril 1796 - Paris, 10 février 1880 » in Archives juives 36/2,2e semestre 2003, Les Belles Lettres, p. 139-146 et dessin d'Henri Meyer, p. 139.

Les papiers personnels d’Adolphe Crémieux sont conservés aux Archives nationales sous la cote 369AP9.

Hommages

Une rue du 12e arrondissement de Paris porte son nom, la rue Crémieux.

Notes et références

  1. « Isaac-Jacob Adolphe Crémieux, avocat, homme politique, président du Consistoire central et de l’Alliance israélite universelle » [archive], sur https://www.cairn.info [archive] (consulté le 15 mai 2015).
  2. a et b Stora (Benjamin), Les trois exils. Juifs d’Algérie, Paris, Stock, 2006, p. 51.
  3. a et b Ghislain de Diesbach, Marcel Proust, Perrin, 1991, p. 10.
  4. Adolphe Crémieux, sénateur, sur le site du Sénat www.senat.fr.
  5. Historique de l’Alliance [archive].
  6. Éric Saunier (dir.), Encyclopédie de la franc-maçonnerie.
  7. Le psychanalyste Jean-Jacques Rassial répète cette date de 1818 dans une planche à la tenue ouverte de la loge Sigmund Freud, 3 mars 2013 [archive], tandis que l’historien Jacob Katz, pour sa part, dans une note de bas de page de son ouvrage Juifs et francs-maçons en Europe (1723-1939), rapporte (en page 248 de l’édition de poche publiée par CNRS Éditions) une entrée en maçonnerie qui serait survenue en 1812, mentionnant à l’appui un ouvrage de Salomon Posener, Adolphe Crémieux (1796-1880), paru en 1934 (aux éditions Félix Alcan).
  8. Fiche [archive] sur le site de la Bibliothèque nationale de France.
  9. https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/consultationPogN3.action?nopId=c614y151d9g-o3438ochnd3l&pogId=FRAN_POG_06&search= [archive].

Voir aussi

Bibliographie

 

  • « Adolphe Crémieux », dans Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, 1889 [détail de l’édition]
  • Daniel Amson Adolphe Crémieux. L’oublié de la gloire.Seuil : Paris, 1988
  • Ghislain de Diesbach, Marcel Proust, Perrin, 1991
  • David Feuerwerker, L’Émancipation des Juifs en France. De l’Ancien Régime à la fin du Second Empire, éditions Albin Michel, Paris, 1976 (ISBN 978-2-226-00316-4)
  • Eugène de Mirecourt, Histoire contemporaine : portraits et silhouettes au XIXe siècle, Volume 2, éd. Dentu, Paris, 1867
  • Henri Dabot, Calendrier d’un bourgeois du quartier latin, 1872-1888 [archive], Imprimerie Quentin, 1903
Articles connexes
  • Alliance israélite universelle

 

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