Bataille de Pont-Charrault
Date | 19 mars 1793 |
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Lieu | Près de Saint-Vincent-Sterlanges |
Issue | Victoire vendéenne |
Républicains | Vendéens |
• Louis Henri François de Marcé • Henri de Boulard |
• Charles de Royrand • Charles Sapinaud de La Verrie |
2 300 hommes 8 canons 100 cavaliers |
8 000 hommes |
300 à 500 morts 200 à 300 prisonniers |
250 morts |
Guerre de Vendée
Coordonnées | 46° 39′ nord, 1° 00′ ouest |
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Sommaire
- 1 Prélude
- 2 La bataille
- 3 Conséquences
- 4 Notes et références
- 5 Sources
Prélude
Dans l'Ouest de la France, la levée en masse avait provoqué de nombreux soulèvements. Une bande de paysans, ayant mis à sa tête Charles Sapinaud de La Verrie, prit le contrôle des Herbiers le 10 mars. Se joignant à une autre bande, menée par Charles de Royrand, ils prirent le 13 mars Saint-Fulgent et plus au sud le 15 mars Chantonnay, deux bourgades sur le cours royal Nantes-Bordeaux, axe stratégique traversant la Vendée du nord au sud.
Le général Louis Henri François de Marcé, commandant de la place de Nantes depuis mai 1792, fut informé du soulèvement alors qu'il inspectait la côte charentaise. Il fut chargé d'écraser les révoltés. Sa troupe de 2 300 hommes, pour la moitié soldats de métier, se mit en marche à partir de La Rochelle et prit la direction de Nantes3. Le 17 mars, ils reprirent Chantonnay et firent battre en retraite les insurgés vers le nord.
La bataille
Le mardi 19 mars, alors que Marcé et sa troupe remontaient le cours royal vers Nantes, ils furent d'abord arrêtés en début d'après-midi, après le bourg de Saint-Vincent-Sterlanges, par le pont de Gravereau rendu infranchissable par les insurgés. Une fois le passage rétabli, l'armée franchit la rivière le Petit Lay, traversa le village de la Ferrandière (commune de Mouchamps) et arriva sur la colline de La Guérinière (commune de l’Oie).
À cet instant, ils aperçurent devant eux une troupe avançant dans leur direction. Un débat s'instaura sur la nature de cette troupe : étaient-ce les insurgés ou les renforts républicains attendus de Nantes ? Les notes de la Marseillaise s'élevant des rangs de cette troupe semblaient valider cette dernière hypothèse. Un éclaireur fut envoyé et ce n'est qu'à son retour que la première hypothèse s'imposa. Les paroles chantées étaient celles de La Marseillaise des Blancs4.
Les insurgés vendéens mirent à profit tout ce temps pour se positionner de part et d'autre du cours royal, cachés par les haies du bocage. Vers six heures du soir, menés par Royrand, Sapinaud et Amédée-François-Paul de Béjarry, forts de leur supériorité numérique, ils attaquèrent l'armée républicaine étalée sur toute la longueur de la route. La nuit tombant, la peur saisit les soldats républicains, qui fuirent jusqu'à Sainte-Hermine, où, communiquant leur panique, ils entraînèrent les troupes locales jusqu'à Marans, et même La Rochelle.
Conséquences
Outre les fusils et les pièces d'artillerie, les insurgés vendéens se rendirent maîtres de Chantonnay et de ses environs jusqu'au Pont-Charron, au sud, là où le cours royal franchit le Grand Lay. Cette rivière devint la frontière naturelle sud de la Vendée militaire, cette victoire laissant aux mains des troupes de Royrand le centre du département.
La nouvelle de la défaite républicaine arriva à Paris le 23 mars 1793. Quand les membres du Comité trouvèrent le nom de Gravereau sur une carte (il figure sur celle de Cassini), ils virent qu’il se situait dans le nouveau département de la Vendée. L’Insurrection de l’Ouest (qui avait plutôt commencé en Loire-Inférieure et en Maine-et-Loire) fut désormais appelée « La Guerre de Vendée »5.
Alors qu'à la fin du mois de mars les révoltes dans l'Ouest de la France semblaient avoir été globalement matées par l'armée (au nord de la Loire, les généraux Canclaux et Beysser étaient en passe de reprendre le contrôle du pays), les paysans vendéens avaient réussi à vaincre des soldats de métier, ce qui leur permettait de conserver la maîtrise du territoire.
La victoire des Vendéens était complète, mais aux yeux des Républicains elle était surtout inexplicable. Il paraissait incompréhensible que des soldats de métier aient pu être vaincus par des paysans équipés de faux ou de mauvais fusils de chasse. La première explication retenue fut la thèse du complot et Marcé fut accusé de complicité avec les contre-révolutionnaires. La trahison du général Dumouriez persuada ensuite les conventionnels que de nombreux officiers de l'armée républicaine étaient susceptibles de trahir. Arrêté, Marcé fut guillotiné le 29 janvier 1794.
Notes et références
- "Ainsi ce n'est que récemment que l'on a montré que la bataille dite de Pont-Charrault, point de focalisation initial de la « guerre de Vendée », s'était déroulée au pont de Gravereau près de la Guérinière, au cœur du département." in Christine Le Bozec, Eric Wauters, Pour la Révolution française: Recueil d'études en hommage à Claude Mazauric, Université de Rouen, 1998, p. 517. (Une note renvoie à C. Valin, La bataille inaugurale dite de Pont-Charrault, in J.-C. Martin dir., La Vendée et le Monde, Enquêtes et Documents, no 20, 1993, Ouest-Éditions - Université de Nantes, p. 35-64). Le Pont-Charrault se situe sur la rivière le Grand Lay, plus au sud, sur la route (actuelle RD 31) reliant Chantonnay à Saint-Philbert-du-Pont-Charrault. L'événement notoire de la guerre de Vendée dont il fut témoin fut la mort du général vendéen Sapinaud de La Verrie, abattu lors d'une attaque des troupes de la République le 25 juillet 1793. Le Pont-Charrault, qui compte 5 arches basses, est parfois confondu avec le Pont-Charron, constitué d'une seule arche élevée, situé aussi sur le Grand Lay, mais en aval, à l'ouest du Pont-Charrault, sur l'ancien cours royal Nantes-Bordeaux, plus tard RN 137.
- Louis Prévost (comte) de la Boutetière, Le chevalier de Sapinaud et les chefs vendéens du centre, Paris, 1869, page 25
- Alain Gérard, La Vendée: 1789-1793, 1993, p. 117
- « La Bataille de Gravereau » [archive], sur La Maraîchine Normande, 23 mai 2013 (consulté le 27 février 2017).
- « Histoire de l'Armée du Centre - La Bataille de Gravereau » [archive], sur Éditions La Chouette de Vendée, 24 octobre 2016 (consulté le 27 février 2017).
Sources
- Jean-Clément Martin, Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée, Découvertes/Gallimard, 1986, 192 pages.
- Auguste Billaud, (1903-1970), La Guerre de Vendée, Fontenay-Le-Comte, 1972, impr. Lussaud.
- Alain Gérard, La Vendée: 1789-1793, Époques, Champ Vallon, 1993, 336 pages, p. 117-118.
- Louis Prévost (comte) de la Boutetière, Le chevalier de Sapinaud et les chefs vendéens du centre, Paris, 1869, p. 25-28.
- Chanoine Auguste Billaud et Jean d'Herbauges. 1793. La Guerre au Bocage vendéen, 1960, impr. Lussaud, 245 pages, p. 94-105.