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Charles Platon
Charles Platon | ||
Charles Platon en 1942. |
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Nom de naissance | Charles Jean Guillaume Platon | |
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Naissance | 19 septembre 1886 à Pujols, Gironde |
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Décès | 28 août 1944 à Valojoulx, Dordogne (fusillé) |
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Origine | Français | |
Allégeance | ![]() ![]() |
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Arme | ![]() |
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Grade | Amiral | |
Conflits | Seconde Guerre mondiale | |
Autres fonctions | Secrétaire d'État aux Colonies | |
Charles Platon, né le 19 septembre 1886 à Pujols (Gironde) et mort le 28 août 1944 à Valojoulx (Dordogne), est un amiral et homme politique français. Ministre des Colonies dans le gouvernement de Vichy de 1940 à 1943, hostile à De Gaulle, il est mort exécuté par un commando de maquisards FTP pour collaboration avec l'Allemagne nazie.
Sommaire
- 1 Biographie
- 2 Mort
- 2.1 Les témoignages de 1973 et 1990
- 3 Oeuvres
- 4 Bibliographie
- 5 Notes et références
- 6 Liens externes
Biographie
Charles Platon est le fils de Jean-Georges Platon, protestant d'origine cévenole, bibliothécaire à la faculté de droit de Bordeaux, et de Jeanne Labonne, professeur à l'école normale d'institutrices de Bordeaux. Il a un frère cadet, Georges Platon. Il est reçu à l'école navale en 1904 et se marie le 9 mars 1911 à Quiberon avec Suzanne Bellamy, fille de Jean-William Bellamy, et d'Elisabeth Prouchet, fille de l'amiral. Ils ont quatre enfants, Jean, Janine, Claude et André.
Il est breveté torpilleur, commande en second, puis en chef plusieurs sous-marins de 1912 à 1926, publie en 1915 une étude remarquée sur les torpilles. Il devient en 1923 commandant instructeur sur le croiseur Jeanne d'Arc, puis professeur de tactique navale à l'École de guerre, et en 1926 au Centre des hautes études navales.
Il commande la Marine à Dunkerque en 1937.
En 1939, il commande comme contre-amiral les secteurs maritimes du Nord (Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer)1. Le 20 mai 1939 il assure la défense de Dunkerque, puis l'évacuation et la destruction du matériel intransportable, sous le commandement de l'amiral Abrial et avec le commandement britannique, l'évacuation de Dunkerque, permettant la retraite de toute l'armée britannique et canadienne, emportant aussi environ 120 000 soldats français et belges qui seront ensuite renvoyés combattre sur le continent, soit en tout 340 000 soldats. Il est le dernier à quitter Dunkerque le 5 juin 1940.
Il est cité trois fois à l'ordre de l'armée.
L'attaque anglaise de la flotte française à Mers-el-Kébir renforce son animosité contre la gouvernement britannique et contre de Gaulle1,2.
Il est nommé en septembre 1940 ministre des Colonies dans le premier gouvernement du régime de Vichy et propose la reconquête des pays d'Afrique-Équatoriale française qui ont rallié de Gaulle3. Il est un des rares protestants évoluant dans l'entourage du chef de l’État français.
Témoignant de vifs sentiments anti-gaullistes et anti-britanniques, et d'un fanatisme à l'encontre des fonctionnaires juifs1, il est partisan d'une politique de collaboration avec l'Allemagne nazie3.
Il soutient la démarche de l'amiral Darlan à l'Été 1941 d'une alliance militaire avec l'Allemagne. Laval, qui se méfie de son fanatisme, le tient à l'écart des grandes décisions relevant de son ministère1.
Revenu malade d'une longue tournée africaine, il est hospitalisé plusieurs semaines à partir de novembre 19411. Promu vice-amiral, il est néanmoins en avril 1942, écarté du gouvernement par Pierre Laval.
Du fait de sa proximité avec le maréchal1, il obtient un strapontin1 dans le nouveau gouvernement où il est secrétaire d'État chargé de la coordination des forces armées3. Il est également au même moment à la tête de la police anti-maçonnique3.
Lors du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, il est partisan d'une alliance avec l'Allemagne et s'oppose à l'amiral Auphan qui est favorable à un arrêt des combats entre Français et Américains.
Charles Platon est finalement écarté du gouvernement en mars 1943 par Laval qui trouve son zèle excessif et ses manières maladroites3. Il se rapproche des ultras de la collaboration et multiplie les déplacements auprès de responsables allemands à Paris1. Il envisage l'intégration de marins français dans la Kriegsmarine1. Il ne cesse alors de comploter pour renverser Laval1. Il est porteur en juillet 1944 d'une « déclaration sur la situation politique3 » auprès du maréchal Pétain, déclaration signée, entre autres, par Marcel Déat, Jean Luchaire et Fernand de Brinon visant à remettre en cause Laval, qu'ils jugent trop tiède face à l'offensive anglo-américaine en Normandie. Il propose même sa candidature à la présidence du Conseil1. Cette tentative échoue et Charles Platon est assigné à résidence dans son domicile en Gironde.
Mort
Le 22 juillet 1944, il est capturé dans sa maison de Pujols par un commando de maquisards FTP de la Dordogne (6e bataillon) des Forces françaises de l'intérieur. Il est conduit au PC du sous-secteur C de la Dordogne à Saint-Jean-d'Eyraud où il est traduit devant une cour martiale qui le condamne à mort le 24 juillet 1944. Quelques jours plus tard, il est transféré au domaine de la Querrerie (commune de Valojoulx), près de Montignac, avant d'être traduit devant une nouvelle cour martiale et d'être à nouveau condamné à mort4.
Il est fusillé le 28 août 1944 dans les allées du domaine de la Querrerie à 22 h 40, commandant lui-même le peloton d'exécution4. La date du 28 août est confirmée par Odile Girardin Thibeaud5.
Une rumeur1, soutenue par Robert Aron dans son Histoire de l'Épuration et par André Figueras dans son livre Onze amiraux dans l'ouragan, dit qu'il aurait été écartelé, suivant les versions entre deux ou quatre camions, des GMC, ou bien des 15 CV Citroën1,6, des tracteurs7, voire par des bœufs. Cette version est également mentionnée par Jean-Marc Van Hille dans un ouvrage consacré à l'amiral Platon8.
Il est inhumé dans le caveau familial de Pujols (Gironde) en 1956.
Les témoignages de 1973 et 1990
En novembre 1973, la librairie Jules Tallandier, éditrice de la revue Historia dont le directeur était alors Christian Melchior-Bonnet, recevait le témoignage d’un résistant témoin des derniers instants de l’amiral Platon.
L’auteur, un maquisard hostile à Vichy et aux idées de l’amiral, rapporte qu’un certain N. lui a annoncé le lundi 28 août 1944 la décision d’exécuter Platon. Le commandant R. lui ordonne de faire creuser un trou, ce qu’il fit « à quelques pas d’une large allée bordée d’ormes centenaires ». À 21 h 40, les terrassiers ayant terminé leur tâche, trois hommes du peloton d’exécution prennent leurs armes (un Mauser, un Enfield, une Sten) et emmènent Platon dans l’allée. D’après ce témoin, l’amiral aurait prononcé les paroles suivantes : « Avant de mourir, je tiens à proclamer que j’ai toujours aimé mon pays, que j’ai toujours cru le servir jusqu’au sacrifice suprême… » avant de commander lui-même : « En joue ! Feu ! » Ces dernières paroles consignées précautionneusement par le témoin sur un morceau de carton ont été dictées par lui au secrétaire de mairie de Thonac, lui-même résistant. Ce témoignage est signé X.X.X9.
Les anciens Francs-tireurs et partisans de la Dordogne ont confirmé ce témoignage dans un ouvrage collectif paru en 199010.
Oeuvres
- Préface à Dunkerque, septembre 1939-juin 1940, Paris, Payot, 1944
- Préface avec Charles Huntziger à Mémorial de l'Empire, Gabriel Bonnet, Paris, Sequana, 1941
Bibliographie
- Jean-Marc Van Hille, Le vice-amiral Charles Platon (1886-1944) ou Les risques d'un mauvais choix, Estadens, Pyregraph, 2003, 298 pages.
Notes et références
- Philippe Valode, Le Destin des hommes de Pétain : de 1945 à nos jours, Paris, Nouveau Monde éditions, 2010, 415 p. (ISBN 978-2-36583-987-7), p. 122-123.
- Francs Tireurs et Partisans en Dordogne, 5e partie, Tulle, 1990, p. 508 et 620-622.