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Vendée Militaire et Grand Ouest
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31 décembre 2022

Bonnard Abel

 

Clic pour voir sa notice sur son nom couleur orange

 

 

Abel Bonnard

260px-Abel_Bonnard_(1883-1968)

Abel Bonnard dans les années 1930.
Fonctions
Conseiller municipal de Paris
Muette
16 décembre 1942 - 20 août 1944
Jean Fernand-Laurent
Ministre de l'Éducation nationale
25 février 1942 - 20 août 1944
Jérôme Carcopino
René Capitant
Membre du Conseil national
24 janvier 1941 - 20 août 1944
Biographie
Naissance
19 décembre 1883


Poitiers

Décès
31 mai 1968

(à 84 ans)
Madrid

Sépulture
Sacramental de San Lorenzo y San José
Nom de naissance
Abel Jean Désiré Bonnard
Nationalité
Français
Formation
Lycée Thiers (1893-1900)
Lycée Louis-le-Grand (1900-1902)
École du Louvre (années 1900)
Faculté des lettres de Paris (1902-1905)
Activités
Écrivain, poète, homme politique, diariste
Période d'activité
1909-1937
Mère
Pauline Benielli 
Autres informations
Parti politique
Parti populaire français
Membre de
Académie française (1932-1944)
Mouvement
Club des longues moustaches (1908-1911)
Genres artistiques
Autobiographie, carnet de voyage, essai, journal intime, roman
Condamnation
Indignité nationale (1944)
Distinctions  
Liste détaillée
Œuvres principales
Les Familiers (1906), Les Royautés (1908), En Chine (1924), Les Modérés (1936)

Abel Bonnard (prononcé [bonar]) est un écrivain, homme politique et poète français né le 19 décembre 1883 à Poitiers et mort le 31 mai 1968 à Madrid.

Entré en littérature avec deux recueils de poèmes, Les Familiers et Les Royautés, il devient une figure des milieux mondains grâce à sa réputation d'homme d'esprit. Grand voyageur, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, il connaît le succès grâce à En Chine — qui lui vaut le grand prix de littérature — et aux Modérés. Participant aussi à de nombreux journaux, il est élu à l'Académie française en 1932.

Maurrassien, il évolue vers le fascisme dans les années 1930 et se rapproche du Parti populaire français de Jacques Doriot. Partisan d'un rapprochement franco-allemand, il devient, durant la Seconde Guerre mondiale, une figure de la collaboration avec l'occupant nazi. Nommé ministre de l'Éducation nationale en 1942, il fait partie des « ultras » et des derniers partisans du régime de Vichy qui se réfugient à Sigmaringen en 1944.

À la Libération, condamné à la peine de mort par contumace, il est déchu de l'Académie française et s'exile en Espagne. Rejugé en 1960, il voit sa peine commuée mais choisit de se fixer à Madrid, où il meurt en 1968.

Sommaire

  • 1 Biographie
    • 1.1 Naissance, famille et enfance
    • 1.2 Formation
    • 1.3 Poète, essayiste et journaliste
      • 1.3.1 Débuts à la Belle Époque
      • 1.3.2 Entre-deux-guerres
    • 1.4 En politique
      • 1.4.1 Engagement dans la mouvance « nationale » (années 1930)
      • 1.4.2 Partisan de la collaboration (1940-1944)
      • 1.4.3 Ministre de Vichy
    • 1.5 Fuite, condamnation et exil (1944-1968)
      • 1.5.1 Sigmaringen
    • 1.6 L'Espagne
      • 1.6.1 En prison
      • 1.6.2 Condamné à mort
      • 1.6.3 Installation dans le pays
      • 1.6.4 Nouveau procès
      • 1.6.5 Retour à Madrid
      • 1.6.6 Mort
    • 1.7 Postérité
  • 2 Ouvrages
    • 2.1 Posthumes
  • 3 Distinctions
    • 3.1 Décorations
    • 3.2 Prix
  • 4 Notes et références
    • 4.1 Notes
    • 4.2 Références
  • 5 Annexes
    • 5.1 Bibliographie
      • 5.1.1 Abel Bonnard et son œuvre
      • 5.1.2 Autres sources
    • 5.2 Liens externes

Biographie

Naissance, famille et enfance
Joseph Primoli, père biologique d'Abel Bonnard.

Fils d'Ernest André Étienne Bonnard, directeur des prisons de la Vienne1, et de son épouse Marie-Pauline Benielli2, sans profession1, il est corse par sa mère1. Son père biologique est en réalité un homme du monde, le comte Joseph Napoléon Primoli3, par lequel il descend de Joseph et Lucien Bonaparte, les frères de Napoléon4. Bonnard évoque d'ailleurs, dans Le Palais Palmacamini, sa rencontre, en 1882, avec « une jeune femme qu'il aimait » : sa mère5. Enfin, par sa tante maternelle, Barberine, il est le cousin germain du poète Pierre Bonardi4.

Il naît le 19 décembre 1883, à trois heures du matin, au 16, rue des Grandes-Écoles à Poitiers1, après un accouchement difficile6. Il reçoit les prénoms d'Abel, Jean, Désiré, mais d'après Olivier Mathieu, n'est pas baptisé7.

Il garde le souvenir de la maison familiale comme d'une « forteresse »8 ou d'une « arche », « pleine d'une vie plantureuse »6. Proche et complice de sa mère9, il mène une enfance « rêveuse, imaginative, traversée par les émotions discrètes et profondes de la province et de la nature »7. Son père, a contrario, est un « garde-chiourme » qui exerce sur lui une « sévérité inutile »9. Il s'ennuie lorsqu'il doit l'accompagner à la maison d'arrêt10. Il rapportera dans son autobiographie L'Enfance les disputes fréquentes de ses parents11.

À quatre ans, il sait lire et écrire couramment, et commence d'apprendre grec et latin à six ans. Très jeune, il acquiert un savoir vaste et varié 9 et commence un journal intime12. Il fait de fréquents séjours chez ses tantes à Ajaccio10 et chez le comte Primoli à Rome. Ce dernier, lettré, photographe et amateur d'art13, le « prend sous son aile »4. Bonnard le moque dans son journal — malgré l'affection qu'il lui porte5.

Il nourrit déjà son dégoût pour la « médiocrité humaine ». Sa mère lui lit les classiques, Homère, Sophocle, Virgile, La Fontaine, Perrault et les frères Grimm14, et lui raconte des légendes ; ce qui marquera, plus tard, sa vision « traditionnelle » du monde15.

Il n'a guère d'amis de son âge ; devant les timbres exotiques, qu'il collectionne, il développe une vaste imagination et se prend à rêver de terres inconnues16. Il se passionne surtout pour les bêtes, et les oiseaux en particulier17.

En février 1887, après une mutation du père, la famille doit déménager à Embrun18. Elle s'installe villa Roman, rue des Deux Casernes19.

Le 5 août de la même année, il lui naît un demi-frère20, fils d'Ernest et Pauline et prénommé Eugène Jefferson19.

En août 1893, les Bonnard quittent Embrun, alors que le père est nommé au centre de détention d’Eysses, à Villeneuve-sur-Lot. On en perd la trace jusqu'en octobre21.

Formation

Jusqu'à sa dixième année, il est éduqué par des maîtres particuliers18.

Le 1er octobre 1893, Abel Bonnard intègre enfin le collège du lycée de Marseille, comme boursier d'État21. Il s'y sent « étranger », et, guère préparé à la vie sociale, est mis à l'écart par les autres enfants ; il souffre aussi de l'éloignement d'avec sa mère21.

Élève irrégulier et désinvolte, il obtient néanmoins des prix d'excellence en compositions française, latine et grecque et en histoire22 — mais est un cancre en mathématiques23 — et n'en est pas moins remarqué par ses professeurs22. Il lit les provençaux Théodore Aubanel et Roumanille, mais aussi Goethe ou Maurras22, et passe la plupart de son temps dans la bibliothèque du lycée et près du Vieux-Port24. C'est à Marseille qu'il commence à écrire Les Familiers25.

Il passe ses étés en Corse, où il parcourt l'île26,27,28,29. Là, il conçoit l'idée d'écrire un Napoléon — projet qu'il poursuivra toute sa vie30.

Le 24 juillet 1900, il est reçu bachelier31. Lauréat du concours général la même année, il quitte Marseille pour Paris et s'installe au 17, rue Greuze avec Pauline et Eugène31.

Il entre au lycée Henri-IV, puis en khâgne à Louis-le-Grand31. En 1902, il présente le concours d'entrée à l'École normale (ENS) de la rue d'Ulm31. Il échoue, avec la note de 23,75 sur 60 et classé 25e sur 214 candidats31. Il néglige de le présenter à nouveau l'année suivante31. Inscrit en Sorbonne32, il obtient une licence en lettres — mention passable — en 190532.

Ses rapports avec son demi-frère Eugène — qu'il appelait déjà « le raté » — se dégradent, alors que lui réussit ses études avec brio32. Abel, déçu par l'esprit « sorbonnard », auquel il reproche de « méconna[ître] la beauté », préfère se consacrer à son œuvre en germe33. Ne côtoyant pas les autres étudiants, il préfère s'isoler dans sa chambre et entretenir des relations épistolaires, notamment avec Paul Géraldy34,35. Même s'il connaît beaucoup de monde, il ne fréquente guère qu'Émile Despax et Léo Larguier35.

Se partageant entre Paris et Rome, il est reçu par Jérôme Carcopino au palais Farnèse, logé par Primoli dans sa villa d'Ariccia35 et introduit par Ernest Dupuy dans le mondo36. Il travaille alors à un recueil de Sérénades, qu'il abandonnera ; mais il livrera les fortes impressions de cette époque dans Rome36. Entretemps, il devient élève de l’École du Louvre37,38.

Poète, essayiste et journaliste
Débuts à la Belle Époque

En 1906, à 22 ans, il publie son premier recueil de vers, Les Familiers, composé au domaine de Fontlaure à Éguilles chez Joachim Gasquet39 et dédié à sa mère38. Ayant reçu une forte promotion de François Coppée40, il est couronné par le nouveau prix de poésie de l'Académie française41. D'aucuns prétendent alors qu'Edmond Rostand se serait fortement inspiré de l'ouvrage de Bonnard pour écrire Chantecler, ce qui provoque la polémique42.

À l'invitation de Coppée, il découvre Venise43. Il visite la place Saint-Marc avec la princesse Bibesco44. Coppée, au contact duquel il se sent « près de l'ancienne France », devient son maître quelque temps, jusqu'à sa mort en 190843,45. Parmi les symbolistes, il fréquente aussi Catulle Mendès, Sully Prudhomme et Jean Richepin46.

Dans le même temps, il découvre les salons de la comtesse Thérèse Murat, née Bianchi — qui sera, quinze ans plus tard, sa maîtresse46 — et de la marquise de Ludre-Frolois, où il rencontre le Tout-Paris44. Il participe aussi aux « lundis hebdomadaires de la rue des Vignes » chez René Boylesve44.

Il séjourne cependant toujours en Provence, où il fréquente le groupe de la revue Le Feu : Joseph d'Arbaud, son vieil ami Joachim Gasquet, Xavier de Magallon et Émile Sicard47.

Le 5 mai 1908, il fait partie du comité d'initiative du « groupe des 45 », dont font partie avec lui Henri Barbusse, Tristan Bernard, Francis de Croisset, Reynaldo Hahn, Gabriel de La Rochefoucauld ou Paul Reboux48. Le second dîner, où il retrouve Pierre Mortier, a lieu le 5 juin 190948.

Entretemps, en 1908, écrit et publie coup sur coup deux autres volumes de poésie, Les Royautés et Les Histoires — lesquelles se constituent de deux contes en vers, La Sous-Préfète et Le Prince persan48. En outre, Abel Bonnard, au long de sa carrière, usera aussi du vers libre, comme dans son Poème du débauché paru dans la presse en 193840. Les deux volumes sont présentés au prix Archon-Despérouses, dans le jury duquel siègent Paul Bourget et Maurice Barrès — avec lequel il entretient une antipathie tenace49 : ce sont Les Royautés qui l'obtiennent48. Jean-Louis Vaudoyer dira d'une des pièces du recueil, Hercule et Prométhée, qu'elle constitue « l'un de ces chefs-d'œuvre à demi-ignorés de la poésie française50 ».

Au tournant des années 1910, il commence à visiter l'Europe, avec l'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie51. Il vit quelque temps à Muhlbach, en Alsace51. Il écrit dans Les Guêpes, journal maurrassien, et, dès 1912, entame une collaboration au Figaro47.

C'est alors que se forme ce que Paul Morand et Henri de Régnier ont appelé la « petite bande » ou « club des Longues moustaches »38. Le groupe se compose principalement de camarades de l'École du Louvre, dont Charles Du Bos, Auguste Gilbert de Voisins, Émile Henriot, Edmond Jaloux, Eugène Marsan, Francis de Miomandre52 et son proche ami Jean-Louis Vaudoyer38. Celui-ci décrit Bonnard à cette époque comme « un garçon au très fin et sensible visage, et dont les regards prompts, actifs, brillaient sous un front qu'une mousse de cheveux presque immatérielle enveloppait d'écume dorée38 ».

Le groupe se réunit au Caffè Florian à Venise52. Il loge chez les sorelle Zuliani, à côté du palais Venier53. Dans la ville, Bonnard prend des cours de chinois avec un certain Tchou Kia Kien54. Il y rencontre aussi Gabriele d'Annunzio, mais leurs relations ne sont que froidement courtoises55.

Alors, pendant quelques années, il n'écrit plus56. Mais il amasse des centaines de cahiers d'ébauche57. Parmi ceux-ci, on dénombre des projets de romans d'aventures, de textes fantastiques ou de science-fiction, picaresques, policiers58. Il multiplie aussi les ébauches d'autobiographies, de nouvelles59 et de portraits dans la veine des Caractères, et les notes sur tous les sujets60. Mais surtout, il écrit des milliers de pages poétiques61, parmi lesquels un Chant d'enthousiasme, un Hymne à soi-même et une Ode aux grands hommes62.

Il fait enfin paraître, en 1913, deux romans, Le Palais Palmacamini et La vie et l’amour, qualifiés de « préproustiens » par Mathieu, se déroulant en Italie et à Rome et dont les héros sont fortement inspirés de sa personne63.

À cette époque, dans l'immédiat avant-guerre, il traîne, avec Paul Géraldy et Pierre Mortier, à Montmartre, et notamment au cercle des artistes russes, et se tient à l'écart des mouvements « avant-gardistes » de l'époque64.

Le 11 juillet 1914, il témoigne au procès de madame Caillaux65,66.

Mobilisé en 1914, il tient à jour durant la Première Guerre mondiale un manuscrit, qu'il intitule Caractère de la guerre67.

Entre-deux-guerres

Journaliste littéraire, il est un ami de Marcel Proust68. Il collabore à un recueil littéraire et poétique avec Colette et Paul Morand — Affaires de cœur — ainsi qu'au second tome d'un ouvrage — Les merveilles de la mer — où il succède à Paul Valéry.

En 1920, il accompagne Paul Painlevé dans sa mission en Chine, avant de prolonger son séjour plusieurs mois69.

Chroniqueur, il écrit pour plusieurs journaux : Le Figaro, auquel il avait commencé de collaborer avant la Grande Guerre, Le Journal, Comœdia, le Journal des débats, ou encore Paris-Midi. D'un long voyage en Extrême-Orient, il tire de ses notes de voyage un ouvrage, En Chine, que l’Académie française couronne en 1924. Il publie bien d'autres livres, sur la littérature, les civilisations, la philosophie : La Vie amoureuse d’Henri Beyle, Saint François d’Assise, Au Maroc, Rome, L’Enfance, Éloge de l’ignorance, L’Argent, L’Amitiéetc.

Joachim et Marie Gasquet.

En 1928, il promet à Marie Gasquet, veuve de son ami Joachim, d'écrire Les Belles Fêtes, ce qu'il ne fera jamais39. C'est aussi à cette période qu'il s'éloigne de beaucoup de ses anciens amis, notamment de Pierre Mortier39. Il s'adjoint les services de son frère comme secrétaire39. En 1929 est publié son Saint François d'Assise.

Le début des années 1930 est pour lui l'occasion d'une intense activité artistique : il visite beaucoup d'expositions et s'adonne au dessin70. De là, il tire des articles de critique d'art et puise de l'inspiration pour écrire Rome — publié en 193170. C'est alors qu'il se brouille avec Bergson71. Le 11 juin de la même année, candidat à l'Académie française, il échoue contre Pierre Benoit alors que son ami Jules Cambon, malade, n'a pas pu prendre part au vote72. Mais, un an après, le 16 juin 193272, il est élu membre de l'Académie au fauteuil de Charles Le Goffic en s'imposant largement face à Francis de Croisset, René Pinon, Alfred Poizat et Jérôme Tharaud73, Son talent d'écrivain, mais aussi son entregent, son activité mondaine et ses dons de « causeur » expliquent son élection74. Le 16 mars 1933, en présence d'un public dense et composé de « longues moustaches »75, il est reçu, « non sans quelques flèches discrètes76 » par le cardinal Baudrillart77, après que ses amis, au premier titre desquels l'amiral Lacaze, lui eurent remis son épée78 au cours d'une brève cérémonie au siège du Journal des débats75. Il devient l'un des trois plus jeunes académiciens75. Il déclare alors à un journaliste qu'il regrette de n'avoir plus le temps de voyager, qu'il aimerait entreprendre un nouveau périple en Asie, et que son prochain ouvrage sera le Napoléon qu'il prépare de longue date75.

Abel Bonnard, selon Olivier Mathieu, est « désormais, en France, l'un des chroniqueurs les plus lus, sinon l'un des plus appréciés, et, à « droite », l'un des plus écoutés, sinon l'un des mieux compris79 ». Il est, « avec Céline, Giraudoux et Margaret Mitchell, l'un des quatre écrivains vivants qui suscitent le plus grand enthousiasme80 ». Mais il est aussi le nègre de plusieurs auteurs : toujours d'après Mathieu, il est ainsi l'auteur de la moitié du Turenne du général Weygand79,81.

En politique
Engagement dans la mouvance « nationale » (années 1930)
Abel Bonnard en 1933.

Très tôt, il a des contacts parmi les hommes politiques : Léon Bérard, Maurice Paléologue, André Tardieu ou Weygand, comme son ami André Delacour, lui font des confidences et lui donnent des informations ; il les rassemble dans son journal sous le titre Choses sues82. Jules Cambon lui insuffle le goût politique72.

Revenu des longs voyages, il se cantonne cette fois-ci à l'Europe83, et notamment à l'Espagne84, d'où il ramène Navarre et Vieille-Castille85, à la Yougoslavie85, à Venise86 et à Bruxelles, où il représente l'Académie87.

Il se fait connaître des milieux politiques nationalistes à partir de 1925 par sa collaboration au quotidien de Georges Valois, Le Nouveau Siècle, puis au Courrier royal avec Henry Bordeaux et Georges Bernanos. Proche de l'Action française, sa pensée politique est celle d'un nationalisme maurrassien, antiparlementariste. Il préside en novembre 1933 l'ouverture des cours de l'institut d'Action française, aux côtés de Maurras88,89. C'est un habitué des dîners des « Affinités françaises »n 1, qu'il préside à plusieurs reprises — une conférence de René Gillouin en 193090, de Pierre Gaxotte en 193291, et une avec Claude-Joseph Gignoux et Jacques Le Roy Ladurie en 193492 — et où il valorise le rôle des élites, un thème qui lui est cher93,94,. Il assiste à d'autres dîners, par exemple en 193395, 193496 ou 193997.

On le trouve aux banquets du cercle Fustel de Coulanges, proche de l'Action française, à des réunions de la Jeune Droite : il préside en février 1935 un dîner de La Revue du XXe siècle de Jean de Fabrègues, et participe à des réunions de la revue Combat, en juin et à l'automne 193698, : par exemple, une organisée par la revue en juin 1936 sur le thème « tradition et révolution », avec Gillouin, Brasillach et le critique d’art de Combat Jean Loisy, ou une autre sur « l'art d'État et l'art de classe »99,100,101.

Le 24 août 1933, il déclare à Candide :

« Quand la société se disloque, quand l'art politique est perdu, alors les artistes, placés au faîte de l'édifice, sont les guetteurs désignés pour avertir l'ensemble des hommes de tous les périls qui menacent aussi bien les activités les plus hautes que les plus modestes bonheurs81. »

Il est sceptique quant à l'action des ligues, en particulier lors de la crise du 6 février 1934 : il évoquera dans un discours en 1937 « ce touchant et misérable six février, cette ébauche d'un tableau qui n'a pas été peint, d'une œuvre qui n'a pas été faite102 ».

La victoire du Front populaire en 1936 le pousse à publier ce qui est son œuvre politique majeure, Les Modérés103, qui critique les parlementaires ainsi que la démocratie. Il rejoint des personnalités « nationales » comme René Gillouin et Gaston Le Provost de Launay au comité directeur du Rassemblement national pour la reconstruction de la France (1936-1937), aux côtés du général Maxime Weygand ou Bernard Faÿ notamment, qu'il a pu côtoyer aux « Affinités françaises »104,105,106,107,108,109,110. En février 1936, il suit la dépouille mortelle de Jacques Bainville110. En juin 1936, il préside un meeting nationaliste qui, avec comme orateurs Louis Darquier de Pellepoix et Henri Massis, célèbre l'action antibelliciste de Maurras et Thierry Maulnier, et y préconise la « Révolution nationale »111,112. On le trouve encore aux côtés de Maurras, à un dîner de « L'Œillet blanc » — cercle aristocratique royaliste — en 1936 et comme président d'une conférence de Bernard Faÿ donnée en 1939 sous les auspices de ce cercle113,114.

Il se rapproche du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, et préside ses « cercles populaires français » en 1937115, participe à des meetings115,116,117,118,119,120. Il préside en 1937 une conférence de Doriot donnée au Cercle des chambres syndicales patronales, ce qui donne l'occasion à la gauche de moquer le prétendu caractère « populaire » du PPFn 2,121,122,123,124.

Il ne rompt pas pour autant avec les milieux d'Action française et les autres cercles « nationaux ». C'est alors que le PPF prône l'union des « nationaux », avec notamment la création du Front de la liberté (FL). Il devient en 1936 membre du comité d'honneur du cercle Jacques Bainville de Paris, aux côtés de Maurras et Léon Daudet notamment125. Il prend la parole en juillet 1937 au meeting organisé au Vélodrome d'hiver pour célébrer la sortie de prison de Charles Maurras, comme d'autres personnalités du monde des « nationaux ». Maurras mérite alors selon lui « la gratitude et l'amour de tous les Français »126,127,n 3. En 1939, on le trouve encore à la table d’honneur lors d’une réunion organisée par Charles Trochu salle Wagram pour célébrer l’élection de Maurras à l’Académie française, en présence du « maître » et aux côtés de Le Provost de Launay, Henry Lémery, Gillouin, Georges Claude, Firmin Roz, etc.128,129. En outre, il préside une réunion du cercle Fustel de Coulanges, aux côtés de Maurras, au cours de laquelle les orateurs montrent « avec une vigueur vengeresse, la fausseté de quelques-unes des légendes à la gloire de la Révolution », dans le contexte du 150e anniversaire de la Révolution française : une réunion « nécessaire pour sauver l'honneur de l'esprit français devant une glorification frauduleuse » selon Bonnard, qui affirme : « Il faut sauver la France des suites chaque jour plus néfastes de la Révolution. [...] Nous voulons revenir, tenant compte des conjonctures nouvelles, à la France d'amitié d'avant 1789. »130,131.

Il prend position contre le racisme dans un article du Journal des débats du 11 avril 1933 intitulé « Les esprits libres » ; en outre, il fait élire Maurice Paléologue à l'Académie et attribuer le grand prix de littérature à André Suarès87, et Les Modérés reçoivent les louanges de personnalités juives comme Henry Bernstein, André Maurois, Henri Bergson132. Néanmoins, il prend des notes sur le racisme et la question juive en 1937133, qui ne seront publiées qu'un demi-siècle plus tard et qui montrent son évolution vers l'antisémitisme — évolution qui lui vaut les attaques de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICA)134.

Ce futur ministre de l'Éducation est convaincu qu'il n'est « pas bon de répandre aveuglement l'instruction » et qu'elle doit être réservée à une élite135. Il exprime souvent cette idée dans ses conférences et ses écrits, depuis son Éloge de l'ignorance en 1926 — un pamphlet contre l'école unique voulue par le Cartel des gauches —, notamment dans les cercles « nationaux » qui partagent ses convictions réactionnaires sur ce sujet, comme le cercle Fustel de Coulanges136,137,138,139. Selon lui, l'instruction n'est bonne ni pour les femmes140, ni pour le peuple. Bonnard fait l'apologie de l'instinct, de l'élitisme, de la sélection, du bon sens populaire141. Il figure au comité de patronage de la Ligue de l'éducation française, lancée en 1936142.

En 1935, il signe le Manifeste pour la défense de l’Occident et la paix en Europe110. Il soutient l'Espagne du général Franco143 et préside une réunion de L'Ordre national « en hommage à l'Espagne nouvelle »144,145.

Proche ensuite du comité France-Allemagne146, il voyage en Allemagne en 1937 ; le quotidien Le Journal publie ses impressions et ses interviews d'Adolf Hitler147,148 et du théoricien nazi Alfred Rosenberg149. La presse nazie souligne ses prises de position en faveur du rapprochement franco-allemand150,151. Ainsi, il sympathise avec Otto Abetz152 et Ernst Jünger153 et, le 21 janvier 1938, il reçoit Leni Riefenstahl à Cherbourg154.

C'est vers cette période qu'il rompt avec ses amis juifs, notamment Bernstein et Maurois71. En 1939, représentant l'Académie à l'occasion du tricentenaire de la naissance de Racine, il rencontre António de Oliveira Salazar, chef de l'Estado Novo, à Lisbonne133.

Après que la guerre éclate, il prononce encore une conférence, le 26 janvier 1940 ; il est aussi en contact Louis Thomas, futur collaborateur155.

Partisan de la collaboration (1940-1944)
Abel Bonnard vers 1942.

Il est davantage collaborationniste que maréchaliste sous l'Occupation : membre d'honneur du Groupe Collaboration, il prône « une vision musclée de la Révolution nationale156 ». Il écrit dans Aujourd'hui, Le Cri du peuple, France-Japon, La Gerbe et Le Matin157. Dans La Nouvelle Revue française de mars 1941, il dit sa réjouissance d'être « délivré » de l'Europe des Lumières158,159 ; auteur d'éditoriaux dans Je suis partout, il se fend notamment d'un article intitulé « Les réactionnaires »160, dans lequel il marque sa rupture avec le royalisme et l'antigermanisme de Maurras ; les deux hommes ne devaient plus se revoir161.

Avec Xavier de Magallon, il fréquente la fine fleur de la collaboration : Otto Abetz, Arno Breker, Hermann Bunjes (de), Werner Gerlach (de), Bernhard Payr (de), Rudolf Schleier (de), etc.162 ; il reçoit Ernst Jünger, qui voit en lui « l'un des derniers représentants d'une intelligence qui disparaît au monde162 ». Dans Les Décombres, Lucien Rebatet saluera « les articles vibrants et inspirés d'Abel Bonnard163 ». Son collaborationnisme exacerbé, et le soutien qui lui est apporté par Abetz, lui valent le surnom d'« Abetz Bonnard164 ».

Le 24 janvier 1941, il est désigné par Vichy membre du Conseil national165. La même année, il fait paraître ses Pensées dans l'action166. Du 21 au 26 novembre 1941, il fait partie du célèbre groupe de sept écrivains français — lui, Robert Brasillach, Jacques Chardonne, Pierre Drieu la Rochelle, Ramon Fernandez, André Fraigneau et Marcel Jouhandeau — qui se rendent au congrès international de littérature à Weimar, où ils rencontrent Joseph Goebbels167. Il y rencontre son ami John Knittel167. Avec Brasillach et Drieu, il se recueille sur les tombes de Goethe et Schiller168. Il y retourne dès 1942 avec, en sus, Georges Blond et André Thérive167.

Il soutient la formation de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) en juin 1941169

En février 1942, il se réconcilie avec Pierre Bonardi, son cousin germain avec lequel il était brouillé depuis son enfance170.

Ministre de Vichy
Microfiche d'Abel Bonnard.

Le 18 avril 1942, il est appelé au gouvernement de Vichy par Pierre Laval qui le nomme ministre de l'Éducation nationale171. Sa nomination est saluée dans La Gerbe et dans Je suis partout sous la plume de Robert Brasillach171, mais moquée par Jean Guignebert au micro de la BBC171,170.

À l'hôtel de Rochechouart, siège du ministère, il s'installe dans le bureau de Jules Ferry172. Son équipe ministérielle est composée principalement de René Georgin, directeur de cabinet, Jacques Bousquet173, Pierre Couissin174, Maurice Gaït, Serge Jeanneret175, Jean Mouraille, Marcel Giraudet, Jean-Alexis Néret, André Lavenir et Maurice Roy176 ; il a également Alfred Cortot comme conseiller technique177, tandis que Marie Susini devient sa secrétaire particulière178.

Membre du gouvernement, il n'assiste plus aux séances de l'Académie, ni n'écrit dans les médias179, si ce n'est dans La NRF dirigée par Drieu180 et au micro de Radio-Paris181.

Durant son passage au gouvernement, Bonnard est surtout connu du grand public pour sa réputation d'homosexuel, que lui-même entretient volontiers par ses allures de dandy, ou en s'affichant lors de sa prise de fonctions avec un jeune directeur de cabinet au physique avantageux164.

Malgré son attitude laudatrice en public, il n'apprécie guère le maréchal Pétain, qu'il décrit dans son journal comme « un brochet nageant dans l'eau bénite : les heures de lucidité du vieillard sont courtes comme les heures de lumière des jours d'hiver182 ». Il pousse à la coopération franco-allemande dans le domaine des échanges culturels183 et fait connaître ses positions anticléricales184.

En juillet 1942, il inaugure la grande exposition consacrée à Arno Breker à l'Orangerie185, puis entame une tournée des écoles primaires185. Le 12 août, il entre au comité de la Légion tricolore185. En octobre, il participe aux journées d'Interfrance, organisées par Dominique Sordet186,187. Il multiplie également les décrets imposant le service du travail obligatoire (STO) aux étudiants164, fonde, en novembre 1942, une chaire d'ethnologie et d'histoire du judaïsme à la Sorbonne, confiée à un antisémite, Henri Labroue183, ainsi qu'un institut anthropo-sociologique169. Il applique à la lettre les lois antisémites du régime français collaborateur en procédant à la révocation de tous les juifs en poste dans l'Éducation nationale, et notamment de l'inspecteur général de l'instruction publique Jules Isaac, auteur des célèbres manuels scolaires d'histoire Malet et Isaac, en déclarant le 13 novembre 1942 : « Il n'était pas admissible que l'histoire de France soit enseignée aux jeunes Français par un Isaac188. »

Le 16 décembre 1942, il est élu membre du conseil municipal de Paris181, représentant le 16e arrondissement de Paris189.

Le 31 janvier 1943, il est l'un des fondateurs du Service d'ordre légionnaire (SOL), embryon de la Milice169. Il révoque Simone de Beauvoir en juin 1943 pour « excitation de mineure à la débauchen 4,n 5 », mais échoue à faire de même pour Sartre190.

Il porte la responsabilité d'avoir, dans l'été 1943, donné un ordre de mission à un certain Jean-François Lefranc de laisser revenir à Paris — donc de livrer à l'Occupant qui la convoitait de longue date — la précieuse collection (mise en caisses) de 333 tableaux anciens d'Adolphe Schloss, dont ce marchand d'art parisien avait été désigné « administrateur »191. Transférée en 1939 de Paris au château corrézien de Chambon, la collection y fut localisée le 10 avril 1943, emballée en cinq ou six jours et dérobée par les hommes de main de la Gestapo192.

Le 8 juin 1943, il est conspué au Quartier latin par un groupe de 200 étudiants en médecine193. Le 6 novembre 1943, il se dispute violemment avec son frère Eugène, qui lui reproche sa politique « pro-allemande »194,195.

Le 3 juillet 1944, peu après l'exécution de Philippe Henriot, il fait partie de la vingtaine de signataires de la « note des ultras », qui réclament la « guerre sans merci »196. L'Humanité clandestine s'attaque alors à ce « nazificateur brutal » et « académicien doriotiste »196 et appelle à se venger sur sa famille197.

Le 17 août 1944, avec Jean Bichelonne, Maurice Gabolde, Raymond Grasset et Paul Marion, il assiste à son dernier conseil des ministres198. Il reste en poste jusqu'au 20 août, date à laquelle il quitte Paris197. Malgré sa relative longévité à ce poste, son œuvre de ministre est mince mis à part ses actions antisémites, ce qui est paradoxal compte tenu de ses réflexions antérieures sur l'éducation199.

Fuite, condamnation et exil (1944-1968)

Le 21 août 1944, il retrouve Pétain à Belfort200. Le 7 septembre, il part pour Sigmaringen200.

Sigmaringen

Arrivé à Sigmaringen avec Pauline Benielli, sa vieille mère, et son frère200, il y retrouve les « ultras » de la collaboration, Fernand de Brinon, Marcel Déat, Jacques Doriot et Georges Oltramare, et les écrivains Céline et Rebatet200.

Le 25 février 1945, il assiste aux funérailles de Doriot200.

Céline est le dernier médecin de sa mère, qu'il évoque dans D'un château l'autre. Elle meurt le 4 mars 1945200. Il signe son acte de décès, avant qu'elle ne soit inhumée au cimetière de Sigmaringen.

L'Espagne
En prison

Le 2 mai 1945, avec son frère, Maurice Gabolde, et Jeanne et Pierre Laval201,202, il s'envole pour l'Espagne dans un avion prêté par le diplomate allemand Rudolf Rahn201.

Arrivé dans le pays sans passeport, il est incarcéré à la forteresse du château de Montjuïc — où il s'occupe en dessinant203.

Condamné à mort

Entre-temps, il est mis à l'index par le comité national des écrivains pendant l'épuration204. Le 4 juillet 1945, après un procès d'un quart d'heure marqué par le réquisitoire de l'avocat général Blanchet205, il est condamné à mort par contumace pour « enrôlement pour l'Allemagne, intelligence avec l'ennemi, participation à une entreprise de démoralisation de l'armée et de la nation » et « atteinte à l'unité de la nation »203,206. Se voyant retirer ses décorations et confisquer ses biens206,207, il encourt la peine de dégradation nationale, laquelle entraîne, le 26 décembre, sa radiation par ordonnance de l'Académie françaisen 6,208,209. Il partage ainsi le sort du maréchal Pétain209 et de Charles Maurras209.

Mais, contrairement à ces deux derniers, et comme Abel Hermant209, il verra son fauteuil pourvu de son vivant209 : le 7 novembre 1946, élu face à Léon-Paul Fargue et Martin-Saint-René210, Jules Romains lui succède208.

Installation dans le pays

Finalement libéré le 17 janvier 1946211, il séjourne dans un hôtel de Barcelone208. Autorisé, le 28 avril, à circuler sur le territoire espagnol208, il obtient l'asile politique212, grâce à l'appui de José Félix de Lequerica213,201.

Eugène Bonnard meurt en août 1947214. Après avoir rencontré une Alsacienne qui devient sa maîtresse, il gagne Salamanque214,215, puis s'installe à Madrid, où il demeure une douzaine d'années.

Sombrant dans la misère, il change souvent de domicile214. Il rencontre des personnalités espagnoles, ainsi Manolete214, mort en 1947216. Il retrouve aussi d'anciens collaborateurs, comme Josée de Chambrun, la fille de Laval216, et Georges Guilbaud et sa jeune épouse Maud, qui le trouvera « irrésistible », et qu'il chargera de la documentation autour de l'étude sur Napoléon qu'il prépare de longue date, et les frères José Ignacio et Luis Escobar Kirkpatrick (es)213.

En décembre 1951, il rencontre incidemment l'illustrateur Pierre Labrouche, coauteur avec lui de Navarre et Vieille-Castille216. Tous les vendredis, jusqu'en 1957, il publie une chronique dans Madrid217. Peu avant sa mort, il fréquente assidûment Amélie d'Orléans, ancienne reine du Portugal, qui aurait été sa dernière maîtresse218.

Le 4 mars 1958, alors que la Haute Cour de justice s'apprête à juger les derniers hauts responsables du régime de Vichy, à savoir Louis Darquier de Pellepoix, Maurice Gabolde, André Masson et lui-même, il annonce, seul des quatre et à la surprise générale, son intention de se présenter à son procès217.

Nouveau procès

Le 1er juillet 1958, accompagné de ses défenseurs, Jacques Martin-Sané et André Toulouse, il quitte Madrid pour Paris, où il se constitue prisonnier219,220. Interpellé à l'aéroport du Bourget, il est conduit à la prison de Fresnes, où on lui signifie le mandat d'arrêt dont il fait l'objet ; incarcéré deux heures et demie221, il est mis en liberté provisoire222.

Il séjourne dans une maison de santé à Enghien, puis sur le boulevard Pereire et dans un hôtel à Passy222. Au début de 1959, il rentre deux semaines à Madrid pour revenir immédiatement à Paris222.

C'est le 22 mars 1960, salle de Brosse223 au Sénat, que la Haute Cour siège dans une séance extraordinaire présidée par le député Jean de Broglie224. Le jury est composé de sept députés et six sénateurs, et l'avocat général est Raymond Lindon224. Parmi les témoins de la défense, on compte André Lavenir, ancien membre du cabinet de Bonnard, Alexandre Rauzy, ancien député de l'Ariège, et Pierre Taittinger224. Dans le public, se trouve notamment Jacques Benoist-Méchin224.

Le magistrat instructeur, le conseiller Guy Raïssac, déclare dans son rapport qu'aucun des griefs retenus contre Bonnard n'est fondé224. Interrogé, Bonnard ne renie pas son engagement passé225 ; il est applaudi dans le public223. Le lendemain, second et dernier jour d'audience223, l'avocat général Lindon dresse un violent réquisitoire contre lui226,227. Me Toulouse souligne, lui, que Bonnard « n'avait rien à gagner dans cette aventure »228.

Après deux heures de délibération du jury, il est condamné à dix ans de bannissement avec sursis, avec effet à partir du 20 mai 1945 : la peine — symbolique — est donc déjà purgée. Il voit, en outre, sa dégradation nationale rapportée, et est déclaré fondé à « demander réparation de la saisie et de la vente de ses biens » à la Libération228. Mais, à propos du terme « bannissement », il dit : « il me signifie, je le dis avec un profond regret, que ma place n'est plus dans la France d'aujourd'hui229 » ; n'acceptant donc pas cette « flétrissure morale », il retourne à Madrid quelques jours plus tard229.

Retour à Madrid

Il fait encore paraître, en Belgique, deux plaquettes reprises d'anciens articles, et, après une visite de son directeur Raymond Bourgine en 1962218, accepte d'écrire quelques articles dans Le Spectacle du Monde229. À la fin de janvier 1962, il fait un ultime séjour à Paris230. Il continue à vivre dans la pauvreté231, et reçoit quelques subsides via Emmanuel Berl, Jacques Guérard et Paul Morand230. Certains de ses anciens éditeurs lui versent des droits d'auteur, et la bibliothèque de Caen, qui acquiert une part de sa bibliothèquen 7, l'indemnise230.

Parmi ses quelques plaisirs, on compte ses promenades nocturnes près du Jardin botanique royal, et ses visites au palais d'Orient, à la puerta de Alcalá et à la statue équestre de Philippe IV231. Il dîne régulièrement avec Léon Degrelle, Claude Martin, Saint-Paulien et Otto Skorzeny232, et reçoit des visites amicales de Jean-Marie Le Pen233,234.

Il donne des leçons de français dans certains quartiers de Madrid230. Il s'intéresse à Degas, Gobineau, Leopardi235. Malgré les sommes qu'on lui propose pour écrire ses Mémoires, il refuse ces offres231. Cependant, en 1962, il rédige son Testament politique218 — resté à l'état de manuscrit. En août 1962, les derniers exemplaires de l'édition originale des Modérés disponibles chez Grasset sont mis au pilon236. Au même moment, Roger Nimier237 propose à Bonnard de faire rééditer certains de ses livres ; mais il meurt dans un accident quelques semaines plus tard236.

Son dernier voyage hors d'Europe, Bonnard l'accomplit à Tenerife, dans les îles Canaries, en février 1964238. Alors que, toujours à Madrid, il déménage dans le quartier de Prosperidad — chez Sara Paniego ; ce sera sa dernière demeure — il est terrassé par un infarctus239. Il multiplie les problèmes de santé240. Il écrit dans une lettre : « Je suis bien fatigué, et encore plus las que fatigué. La lassitude, c'est la fatigue de l'âme240 ». Il lit son « cher Fontenelle, le sage intact »240, et Cournot, « un grand esprit241 ».

Le 19 décembre 1967, il remercie un ami : « Votre bouquet m'arrive le jour anniversaire de celui où j'ai fait la maladresse de naître, qui va bientôt être réparée242 ». Le 6 avril 1968, il est admis à l'hôpital Jiménez Díaz pour une thrombose coronaire243.

Mort
Tombe d'Abel Bonnard à Madrid en février 2018.

Ayant refusé de recevoir les derniers sacrements244, l'un de ses ultimes propos est : « La parole est au chaos, et rien ne la lui ôtera plus245 » ; sur sa table, se trouvent le Coran et un livre de Schopenhauer246. Âgé de 84 ans, il meurt « seul et abandonné », le 31 mai 1968 à 22 h 55243.

Ses obsèques, qui ont lieu le lundi de la Pentecôte 1968, se déroulent de manière quasi confidentielle246. Son acte de décès, signé par un simple employé des pompes funèbres, porte la mention « défunt de père et de mère inconnus246 ».

Enterré au Sacramental de San Lorenzo y San José246, à la concession numéro 136, sa tombe porte simplement246 :

ABEL BONNARD
MDCCCLXXXIII
MCMLXVIII

Il a interdit, par testament, le rapatriement de ses cendres en France247.

Postérité

Les livres d'Abel Bonnard, ses manuscrits — dont celui de son Napoléon — et ses archives sont dispersés et vendus248,249.

Bonnard désigne, dans son testament daté du 3 novembre 1964, Suzanne Roth-Matthis comme légataire universelle249. Ses archives passent ensuite notamment dans les mains d'Enrique Pérez Comendador (es), Bernard et Marcel Laignoux, Christian du Jonchay, Jacques Guérard, Paul Morand et Maurice Gaït249. La duchesse de Durcal aurait fait main basse sur la collection des articles parus dans Madrid250.

Après-guerre, Bonnard tombe dans un relatif oubli, son parcours ayant peu intéressé les historiens. Parmi les rares synthèses consacrées au personnage, on compte un article de Jacques Mièvre, publié en 1977 dans la Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, et une biographie rédigée par Olivier Mathieu, un militant néo-nazi et négationniste199, que Patrick Buisson qualifie de « panégyriste » de Bonnard164.

Dans la pièce radiophonique Terminus Sigmaringen de Louis-Charles Sirjacq, diffusée en 2006 sur France Culture, il apparaît avec la voix de Jacques Ciron251,252.

En 2014, un jeu en ligne sur le site de France 3, « Sauvons le Louvre », met en scène Abel Bonnard253.

Le nom d'Abel Bonnard est, de nos jours, principalement associé, non seulement à son image de collaborateur, mais à sa réputation d'homosexuel, qui lui a valu de son vivant le sobriquet de « la Belle Bonnard ». Cette image, conjuguée avec son soutien extrême au nazisme254 lui vaut également le surnom de « Gestapette » inventé par le chroniqueur Jean Galtier-Boissière et repris par Pétain255,256. Bonnard semble avoir lui-même entretenu cette réputation, y compris durant son passage au gouvernement, par plaisir de choquer164.

Patrick Buisson relève à cet égard que : « avant d'entrer dans le gouvernement, l'auteur de Pensées dans l'action (1941) apparaît comme l'une des figures de cette homosexualité individualiste, élitiste, aristocratique qui, depuis Proust, se répand dans les milieux littéraires sans pour autant s'identifier à une quelconque « cause homosexuelle » [...]. Une fois ministre, il n'est plus perçu, par une majorité de Français, qu'à travers la seule identité que lui confère son orientation sexuelle, comme si celle-ci avait réduit ou phagocyté toutes les autres composantes de sa personnalité. Il faut dire que d'entrée, ni le comportement ni les propos du ministre n'ont été de nature à faire se dégonfler la rumeur. Choquer l'amuse et le divertit […] » et souligne que : « tous ses choix politiques, sa conception même de la collaboration, découlent d'une vision sexuée de l'histoire selon laquelle l'Allemagne serait l'élément mâle du vieux continent, le principe viril et fécondant de l'Europe nouvelle […] Quels que soient les lieux et les auditoires, le discours d'Abel Bonnard durant les quatre années de l'occupation se ramène à un thème unique, obsessionnel, envahissant : c'est un discours sur le corps, un discours qui fait du corps la projection et le réceptacle de la race, un enjeu idéologique, un objet d'affrontement entre partisans de l'« homme nouveau » et adeptes de l'« homme du refus ». » Cette homosexualité est niée par Olivier Mathieu, qui argue de l'existence de liaisons féminines dans la vie de l'écrivain164.

Olivier Mathieu soutient qu'après avoir été attiré par la pompe du catholicisme dans sa prime enfance, Bonnard était devenu païen — inclination qui parcourra son œuvre257 : « sa seule métaphysique fut l'Art, avec une majuscule ; sa seule religion, le panthéisme ; sa vraie foi, le paganisme258. » Ces affirmations sont contestées par Philippe Baillet dans la notice de sa réédition des Modérés en 1993.

Ouvrages

  • Les Familiers, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1906, 260 p. (notice BnF no FRBNF31840234, lire en ligne [archive])
    Reparu en extraits sous le titre Les Bêtes, nos amies... en 1937.
  • Les Royautés : poèmes, Paris, Fasquelle, 1908, 287 p. (notice BnF no FRBNF31840248)
  • Les Histoires, Paris, Fasquelle, 1908, 189 p. (notice BnF no FRBNF31840238)
    Comprend « La sous-préfète » et « Le prince persan ».
  • La Vie et l'Amour : roman, Paris, Fasquelle, 1913, 389 p. (notice BnF no FRBNF31840257, lire en ligne [archive])
  • Le Palais Palmacamini, Paris, Fasquelle, 1914, 280 p. (notice BnF no FRBNF31840245, lire en ligne [archive])
  • La France et ses morts : poème (ill. François-Louis Schmied), Paris, Société littéraire de France, 1919, 55 p. (notice BnF no FRBNF31840237)
  • En Chine : 1920-1921, Paris, Fayard, 1924 (réimpr. 1931), 362 p. (notice BnF no FRBNF41626598, lire en ligne [archive])
  • Éloge de l’ignorance, Paris, Hachette, coll. « Les Éloges », 1926, 61 p. (notice BnF no FRBNF31840230)
  • La Vie amoureuse d'Henri Beyle (Stendhal), Paris, Flammarion, coll. « Leurs amours », 1926, 185 p. (notice BnF no FRBNF34150098)
  • Au Maroc (ill. Jean Berque), Paris, Émile-Paul frères, coll. « Ceinture du monde », 1927, 97 p. (notice BnF no FRBNF31840215)
  • L'Enfance, Paris, Le Divan, coll. « Les soirées du Divan », 1927, 74 p. (notice BnF no FRBNF31840233)
  • L'Amitié, Paris, Hachette, 1928 (réimpr. 1991), 189 p. (notice BnF no FRBNF31840211)
  • L'Argent, Paris, Hachette, coll. « Notes et maximes », 1928 (réimpr. 1992), 58 p. (notice BnF no FRBNF31840214)
  • Le Solitaire du toit, Paris, Société du Livre d'art, 1928, 219 p. (notice BnF no FRBNF31840253)
    Édition tirée à 150 exemplaires. Réunit des articles parus dans Le Journal des débats.
  • Supplément à De l'amour de Stendhal (ill. Paul Baudier et Fernand Siméon), Paris, Le Trianon, coll. « Suppléments à quelques œuvres célèbres », 1928, 131 p. (notice BnF no FRBNF31840254)
    Supplément à De l'amour, essai de Stendhal.
  • Océan et Brésil, Paris, Flammarion, coll. « La Rose des vents », 1929, 248 p. (notice BnF no FRBNF31840244)
  • Saint François d’Assise, Paris, Flammarion, 1929 (réimpr. 1934, 1943, 1992, 2005), 249 p. (notice BnF no FRBNF31840249)
  • Rome, Paris, Hachette, coll. « Capitales du monde », 1931, 99 p. (notice BnF no FRBNF31840247)
  • Les Modérés : le drame du présent, Paris, Grasset, 1936 (réimpr. 1986, 1993, 2013), 330 p. (notice BnF no FRBNF34811509)
  • Les Merveilles de la mer : le monde des poissons (ill. Paul-André Robert), t. 2, Paris, Laupen-Berne, coll. « Iris », 1937, 11 p. (notice BnF no FRBNF32522504)
    Publication en deux tomes, le premier étant l'œuvre de Paul Valéry. Ouvrage suivi d'un commentaire et d'explications des planches par Georges Petit.
  • Savoir aimer, Paris, Albin Michel, coll. « Les Savoirs du temps présent », 1937 (réimpr. 1944), 191 p. (notice BnF no FRBNF31840252)
  • Navarre et Vieille-Castille (ill. Pierre Labrouche), Paris, Creuzevault, 1937, 125 p. (présentation en ligne [archive])
    Édition tirée à 160 exemplaires. On ne trouve pas trace d'une notice dans le catalogue général de la BNF.
  • Le Bouquet du monde, Paris, Grasset, 1938, 355 p. (notice BnF no FRBNF31840217)
    Contient « Rome », « La côte Dalmate », « Athènes », « Constantinople (1923) », « En Chine (1920) », « Andalousie (1924) » et « Au Brésil ».
  • L'Amour et l'Amitié, Paris, Grasset, 1939, 287 p. (notice BnF no FRBNF31840213)
    Comprend Savoir aimer et L'Amitié.
  • Pensées dans l’action, Paris, Grasset, 1941, 128 p. (notice BnF no FRBNF34189983)
    Comprend des articles — « En écoutant la voix anglaise », « Nos défauts et nous », « Morale d'une défaite », « Le maréchal Pétain chef de l'État », « L'instant décisif », « Franchise ou « habileté » ? » et « Des jeunes gens ou une jeunesse ? » — parus entre le 22 août et le 28 novembre 1940.
  • Discours aux chefs miliciens prononcé le 30 janvier 1943, Paris, Plon, 1943, 23 p. (notice BnF no FRBNF31840227)
  • Benjamín Palencia, Madrid, Palma, coll. « Pintores de España », 1948, 28 p..
  • Le Prince de Ligne (ill. Hubert Clerget), Liège, Dynamo, coll. « La toison d'or », 1965, 19 p. (notice BnF no FRBNF36959568)
    Tiré à part d'un article paru dans la Revue des deux mondes, vol. 34, no 3, d'août 1926. Édition tirée à 111 exemplaires.
  • Le Comte de Gobineau, Liège, Dynamo, coll. « Brimborions », 1968, 10 p. (notice BnF no FRBNF35785579, lire en ligne [archive])
    Texte repris d'un article intitulé « Un grand amateur » et paru dans Le Gaulois, no 16 148, du 20 décembre 1921.
Posthumes
  • Berlin, Hitler et moi : inédits politiques (éd. Olivier Mathieu), Paris, Avalon, coll. « Histoire », 1987, 280 p. (notice BnF no FRBNF34972347, lire en ligne [archive])
    Comprend Pensées dans l'action et le Discours aux chefs miliciens, ainsi que des inédits : Berlin en mai, Notes sur Hitler et La Question juive.
  • Ce monde et moi (éd. Luc Gendrillon, note préliminaire d'Alain-Valery Aelberts et Jean-Jacques Auquier), Haut-le-Wastia, Dismas, 1992 (réimpr. 2012), 220 p. (lire en ligne [archive])
    Recueil d’aphorismes et de fragments.
  • Écrits politiques (av.-pr. Jean Mabire), Coulommiers, Déterna, coll. « Documents pour l'Histoire », 2008, 200 p. (lire en ligne [archive])
    Réédition des textes politiques d'Abel Bonnard parus dans Berlin, Hitler et moi.

Distinctions

Décorations
  • Officier de la Légion d'honneur Officier de la Légion d'honneur (1919)
  • Croix de guerre 1914-1918 Croix de guerre 1914-1918 (1919)
Prix
  • Prix de poésie de l'Académie française 1906 pour Les Familiers.
  • Prix Archon-Despérouses de l'Académie française 1909 pour Les Royautés.
  • Grand prix de littérature de l'Académie française 1924 pour En Chine.

Notes et références

Notes
  • Sur ces dîners, cf. la page consacrée à leur fondateur, Louis de Fraguier.
  1. Le fonds Abel-Bonnard sera en effet constitué avec 12 000 ouvrages (cf. « Reconstitution des collections » [archive], sur scd.unicaen.fr).
Références
  1. Mathieu 1988, p. 37

Annexes

Bibliographie
Abel Bonnard et son œuvre

Articles

  • Alphonse de Parvillez, « M. Abel Bonnard, poète, romancier et voyageur », Études, t. 210,‎ 20 février 1932, p. 459-475 (lire en ligne [archive])
  • Jean Cazes, « Souvenirs sur Abel Bonnard », La Revue hebdomadaire, no 11,‎ 18 mars 1933, p. 326-334 (lire en ligne [archive])
  • « Relisons Abel Bonnard », Rivarol, no 743,‎ 8 avril 1965, p. 1
  • « M. Abel Bonnard est mort à Madrid », Le Monde,‎ 2 juin 1968, ? (lire en ligne [archive])
  • Jean Ferré, « Abel Bonnard o el », ABC,‎ 8 juin 1968, p. 12 (lire en ligne [archive])
  • Saint-Paulien, « Hommage à Abel Bonnard », Écrits de Paris,‎ août 1968, p. 79-84
  • Jacques Mièvre, « L'évolution politique d'Abel Bonnard (jusqu'au printemps 1942) », Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, no 108,‎ octobre 1977, p. 1-26 (JSTOR 25728877)
  • Olivier Mathieu, « Découverte d'Abel Bonnard », Rivarol,‎ 13 mai 1983, p. 6-8
  • Denis Charles et Daniel Burdeyron, « Centenaire d'un proscrit : Abel Bonnard, 1883-1968 », Lyon nationaliste, no 2,‎ juillet 1984, p. 11
  • Olivier Mathieu, « Sylvia, la petite madeleine de Berl », Nouvelle Revue de Paris, no 5,‎ mars 1986, p. 166-172
    Traite des rapports entre Bonnard et Emmanuel Berl.
  • Jean-Philippe de Vivier, « Le vrai visage d'Abel Bonnard », Éléments, nos 57-58,‎ printemps 1986, p. 47-48
  • Michel Bulteau, « L'ennemi de son siècle », La Nouvelle Revue de Paris, no 7,‎ décembre 1986, p. 169-170
  • Antoine Germigny, « Abel Bonnard, ce méconnu célèbre », Écrits de Paris, no 485,‎ décembre 1987, p. 74-79
  • Jean-Michel Barreau, « Abel Bonnard, ministre de l'Éducation nationale sous Vichy, ou l'éducation impossible », Revue d'histoire moderne et contemporaine, nos 43-3,‎ juillet-septembre 1996, p. 464-479 (lire en ligne [archive])
  • Jean-François Condette, « Un ministre du gouvernement de Vichy dans le Nord occupé : la visite d'Abel Bonnard, ministre de l'Éducation nationale à Lille, 13 juillet 1942 », Revue du Nord, no 349,‎ 2003, p. 139-162 (DOI 10.3917/rdn.349.0139)
  • Camille-Marie Galic, « Abel Bonnard : Écrits politiques », Rivarol, no 2917,‎ 4 septembre 2009, p. 10 (lire en ligne [archive])
  • Philippe Baillet, « Abel Bonnard : poésie de l'ordre et engagement sans réserve », dans Philippe Baillet, Le Parti de la vie - Clercs et guerriers d'Europe et d'Asie, Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2015, 241 p. (ISBN 978-2-913612-57-0), p. 77-108.
  • Dossier sur Abel Bonnard, dans Livr'arbitres, no 21, automne 2016 :
    • Xavier Eman, « Bonnard, le grand oublié… », p. 33-34
    • Rémy Martin, « Abel Bonnard ou l'éloge de l'amour », p. 35-36
    • Juan Asensio, « De nouveau l'âme vacille » : sur Océan et Brésil d'Abel Bonnard », p. 37-40
    • Michel Lhomme, « Abel Bonnard ou du décès d'un raffiné proustien en Espagne », p. 41-43

Notices

  • « Bonnard (Abel Jean Désiré) », dans Benoît Yvert (dir.), Dictionnaire des ministres de 1789 à 1989, Paris, Perrin, 1990 (ISBN 2-262-00710-1), p. 671.
  • Jean-François Homassel, « Bonnard (Abel) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, 2009 (ISBN 978-2-02-099205-3), p. 195-196.

Ouvrages

  • Louis Chaigne, Vies et œuvres d'écrivains : Juliette Adam, Louis Bertrand, Abel Bonnard, Paul Cazin, Georges Duhamel, Georges Goyau, Rudyard Kipling, Jacques de Lacretelle, Louis Le Cardonnel, Henri Pourrat, Henri de Régnier, Jean Yole, t. 2, Paris, Lanore, 1938, 248 p. (notice BnF no FRBNF31923694)
  • Yves Gandon, Le Démon du style, Paris, Plon, 1938, 224 p. (OCLC 299993983, notice BnF no FRBNF32143233), « Abel Bonnard ou le style en fleur »
  • Saint-Paulien, Le Tombeau d'Abel Bonnard, Liège, Dynamo, coll. « Brimborions », 1968 (réimpr. 1969), 18 p. (notice BnF no FRBNF35785590, lire en ligne [archive])
    Édition tirée à 51 exemplaires.
  • Robert Brasillach (ill. Antonio Pedro), Abel Bonnard, Liège, Dynamo, coll. « Brimborions », 1971, 12 p. (notice BnF no FRBNF35285656)
    Édition tirée à 51 exemplaires.
  • Georges Fabre et Anne Henry (dir.), Abel Bonnard et le culte de la beauté (mémoire de diplôme d'études approfondies (DEA) en littérature et civilisation françaises), université Paul-Valéry Montpellier 3, 1988
  • Olivier Mathieu (postface Léon Degrelle), Abel Bonnard, une aventure inachevée, Paris, Avalon, 1988, 429 p. (ISBN 2-906316-16-4, notice BnF no FRBNF35002210, lire en ligne [archive])
  • Olivier Mathieu, Les Deux cortèges : Bonnard et Céline, Bruxelles, Van Bagaden, coll. « Céliniana », 1989, 7 p. (notice BnF no FRBNF37638360)
    Plaquette tirée à 180 exemplaires dans une édition de luxe.
  • Marie Benhamou, La Littérature de collaboration à l'Académie française pendant l'occupation allemande : le cas de Bonnard, Hermant, Benoît et Baudrillard (mémoire de maîtrise (MA) ès lettres), Ramat Gan, université Bar-Ilan, 2012, 113 p. (OCLC 827865040)
  • Yves Morel, Abel Bonnard, Grez-sur-Loing, Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2017, 128 p. (ISBN 978-2-8671-4522-3)
Autres sources

Autres sources, non centrées sur Abel Bonnard.

  • Paul Souday, Les Livres du temps, t. 2, Paris, Émile-Paul frères, 1929 (lire en ligne [archive])
  • Octave Pesle, La judicature, la procédure, les preuves dans l'islam malékite : en marge d'Abel Bonnard, Casablanca, Imprimeries réunies de la Vigie marocaine et du Petit marocain, 1942, 178 p.
  • René Benjamin (ill. André Jacquemin), L'homme à la recherche de son âme, Genève, La Palatine, 1943, 313 p.
    On ne trouve pas trace d'une notice dans le catalogue général de la BNF.
  • Henry Muller, Trois pas en arrière, Paris, La Table ronde, 1952 (réimpr. 2002), 247 p. (notice BnF no FRBNF32474590)
  • Georges Oltramare, Les souvenirs nous vengent, Genève, L’autre son de cloche, 1956 (réimpr. 2000), 197 p. (notice BnF no FRBNF38885585)
  • Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre, Paris, Gallimard, 1957 (réimpr. 1961, 1969, 1973, 1976, 1982, 1994, etc.), 315 p. (notice BnF no FRBNF31920012)
  • Paul Sérant, Le romantisme fasciste : étude sur l'œuvre politique de quelques écrivains français, Paris, Fasquelle, 1960, 324 p. (notice BnF no FRBNF33172767)
  • Eugen Weber (trad. Michel Chrestien), L'Action française, Paris, Stock, 1964 (réimpr. 1985), 676 p. (notice BnF no FRBNF36254249)
  • Pascal Jardin (préf. Emmanuel Berl), La guerre à neuf ans, Paris, Grasset, 1971 (réimpr. 1972, 1974, 1975, 1989, 2005), 199 p. (notice BnF no FRBNF35173329)
  • Maud de Belleroche, Le ballet des crabes, Paris, Filipacchi, 1975 (réimpr. 2002), 301 p. (ISBN 2-85018-068-8, notice BnF no FRBNF34568028)
  • Paul Morand (préf. Michel Déon), Lettres à des amis et à quelques autres, Paris, La Table ronde, 1978, 291 p. (notice BnF no FRBNF34610541)
  • Marcel Proust, Correspondance : 1907, t. 7, Paris, Plon, 1981, 393 p. (ISBN 2-259-00746-5, notice BnF no FRBNF36599875)
    Édition — comme pour les tomes suivants — de Philip Kolb.
  • Marcel Proust, Correspondance : 1906, t. 6, Paris, Plon, 1982, 404 p. (ISBN 2-259-00534-9, notice BnF no FRBNF36598890)
  • Henri Michel, Paris résistant, Paris, Albin Michel, 1982, 375 p. (ISBN 2-226-01548-5, notice BnF no FRBNF34732371, lire en ligne [archive])
    Fait suite à Paris allemand.
  • Marcel Proust, Correspondance : 1910-1911, t. 10, Paris, Plon, 1983, 479 p. (ISBN 2-259-01029-6, notice BnF no FRBNF36604081)
  • Marcel Proust, Correspondance : 1912, t. 11, Paris, Plon, 1983, 405 p. (ISBN 2-259-01086-5, notice BnF no FRBNF34748978)
  • Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration : Sigmaringen, 1944-1945, Bruxelles, Complexe, coll. « Historiques », 1984, 441 p. (notice BnF no FRBNF34771115)
  • Marcel Proust, Correspondance : 1916, t. 15, Paris, Plon, 1987, 398 p. (ISBN 2-259-01533-6, notice BnF no FRBNF34908734)
  • Michel Bulteau, Le Club des longues moustaches, Paris, Quai Voltaire, 1988 (réimpr. 2004), 209 p. (ISBN 2-87653-020-1, notice BnF no FRBNF34988680)
  • Marcel Proust, Correspondance : 1920, t. 19, Paris, Plon, 1991, 877 p. (ISBN 2-259-02389-4, notice BnF no FRBNF36649903)
  • Marcel Proust, Correspondance : 1921, t. 20, Paris, Plon, 1992, 744 p. (ISBN 2-259-02433-5, notice BnF no FRBNF36657369)
  • André Gueslin (éditeur scientifique), Les facs sous Vichy : étudiants, universitaires et universités de France pendant la Seconde Guerre mondiale, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, coll. « Prestige », 1994, 371 p. (ISBN 2-87741-068-4, notice BnF no FRBNF35738950)
    Actes du colloque organisé par les universités de Clermont-Ferrand-II et de Strasbourg en novembre 1993.
  • Héctor Feliciano (en), Le musée disparu : enquête sur le pillage des œuvres d'art en France par les nazis, Paris, Austral, 1995, 230 p. (ISBN 2-84112-035-X, notice BnF no FRBNF36690000)
  • Lionel Richard, L'art et la guerre : les artistes confrontés à la Seconde Guerre mondiale, Paris, Flammarion, 1995, 335 p. (ISBN 2-08-011718-1, notice BnF no FRBNF35828626)
  • Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-1944, Paris, Perrin, 1997 (réimpr. 2000, 2004), 279 p. (ISBN 2-262-01123-0, notice BnF no FRBNF37023059)
  • Marc Olivier Baruch (préf. Jean-Pierre Azéma), Servir l'État français : l'administration en France de 1940 à 1944, Paris, Fayard, coll. « Pour une histoire du XXe siècle », 1997, 744 p. (ISBN 2-213-59930-0, notice BnF no FRBNF36186031, lire en ligne [archive])
  • Marie Hamon-Jugnet, Collection Schloss : œuvres spoliées pendant la deuxième guerre mondiale non restituées, 1943-1998, Ministère des affaires étrangères, direction des archives et de la documentation, 1998, 186 p.
  • François Dufay, Le voyage d'automne : octobre 1941, des écrivains français en Allemagne, Paris, Plon, 2000 (réimpr. 2008), 232 p. (ISBN 2-259-19130-4, notice BnF no FRBNF37195662)
  • Jean Mabire, Rêve d'Europe : douze écrivains français face à l'Allemagne nationale-socialiste, vol. 1, Lyon, Irminsul, 2000, 125 p. (notice BnF no FRBNF37649960)
    À propos de Jacques Chardonne, Alphonse de Châteaubriant, Abel Bonnard et Édouard Dujardin.
  • Sébastien Laurent (préf. Serge Berstein), Daniel Halévy : du libéralisme au traditionalisme, Paris, Grasset, coll. « Patrick Weil », 2001, 595 p. (ISBN 2-246-60681-0, notice BnF no FRBNF37224793)
  • Alain de Benoist, Bibliographie générale des droites françaises : Georges Sorel, Charles Maurras, Georges Valois, Abel Bonnard, Henri Béraud, Louis Rougier, Lucien Rebatet, Robert Brasillach, t. 2, Coulommiers, Dualpha, coll. « Patrimoine des lettres », 2004, 472 p. (ISBN 2-915461-04-X, notice BnF no FRBNF39173531), « Abel Bonnard (1883-1968) », p. 313-337
  • Collectif (préf. Maurice Vaïsse), De Gaulle et la Libération, Bruxelles, Complexe, coll. « Questions à l'Histoire », 2004, 221 p. (ISBN 2-8048-0016-4, notice BnF no FRBNF39298950, lire en ligne [archive]), « De Gaulle et la République des lettres », p. 184-186
    Textes tirés des actes du colloque organisé par la fondation Charles-de-Gaulle, la FNSP et l'association française des constitutionnalistes avec la participation de l'université de Caen, les 6, 7 et 8 octobre 1994.
  • Corinne Bouchoux, Rose Valland : résistance au musée, Paris, Geste, coll. « Archives de vie », 2006, 134 p. (ISBN 2-84561-236-2, notice BnF no FRBNF40123804)
  • Mark Antliff, Avant-garde fascism : the mobilization of myth, art, and culture in France, 1909-1939, Durham, Duke University Press, 2007, 367 p. (ISBN 978-0-8223-4034-8, notice BnF no FRBNF41178416)
  • Patrick Buisson, 1940-1945, années érotiques : Vichy ou les infortunes de la vertu, t. 1, Paris, Albin Michel, 2008, 576 p. (ISBN 978-2-226-18394-1, notice BnF no FRBNF41243999), p. 264-269
  • Simon Epstein, Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque Albin Michel. Histoire », 2008, 622 p. (ISBN 978-2-226-17915-9, notice BnF no FRBNF41232722)
  • Dominique Fernandez, Ramon, Paris, Grasset, 2009, 807 p. (ISBN 978-2246739418)
    On ne trouve pas trace d'une notice dans le catalogue général de la BNF.
  • Corinne Hershkovitch et Didier Rykner, La Restitution des œuvres d'art : solutions et impasses, Paris, Hazan, coll. « L'art en travers », 2011, 112 p. (ISBN 978-2754103886)
    On ne trouve pas trace d'une notice dans le catalogue général de la BNF.
  • Patrick Séry, Dieu aime-t-il Wagner ?, Paris, Écriture, 2013, 528 p. (ISBN 978-2359051216)
    On ne trouve pas trace d'une notice dans le catalogue général de la BNF.
  • Alain Decaux, Morts pour Vichy, Paris, Perrin, 2013, 504 p. (ISBN 978-2262042769, notice BnF no FRBNF43700843, lire en ligne [archive])
    Biographie de Paul Florimond, éphémère chargé de mission auprès d'Abel Bonnard à l'Éducation nationale.
  • Michel Angebert, Eros en chemise brune : Hitler prédateur, t. 2, Rosières-en-Haye, Camion blanc, coll. « Camion noir », 2014, 1099 p. (ISBN 978-2-35779-637-9, notice BnF no FRBNF44257069, lire en ligne [archive])
  • Virginie Florentin, Le procès Caillaux : 20 juillet 1914, ?, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2014, 588 p. (ISBN 978-1500186609)
    On ne trouve pas trace d'une notice dans le catalogue général de la BNF.
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