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Vendée Militaire et Grand Ouest
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17 octobre 2015

VALLETEAUX Jean André

Clic pour voir sa généalogie sur la ligne en dessous

 

 

Jean André Valletaux

250px-Jean_André_Valletaux

Surnom La Côte
Naissance 23 novembre 1757
Hiersac
Décès 23 juin 1811 (à 53 ans)
Quintanilla-del-Valle (Drapeau de l'Espagne Espagne)
Mort au combat
Origine Drapeau de la France France
Allégeance  Royaume de France
 Royaume de France
Drapeau français République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Grade Général de brigade
Années de service 1779 – 1811
Conflits Guerres de la Révolution
Guerre de Vendée
Chouannerie
Guerres napoléoniennes
Commandement Armée des côtes de Brest
Armée du Nord
Armée du Rhin
Gouverneur de Bois-Le-Duc
Distinctions Commandeur
Hommages Nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile (32e colonne)
Autres fonctions Député des Côtes-du-Nord (1802-1807)

Jean André Valletaux dit "La Côte", né le 23 novembre 1757 à Hiersac (Charente), mort le 23 juin 1811 à Quintanilla-del-Valle (Espagne), est un général français de la Révolution, puis général d'Empire, homme politique français, et commandeur de la Légion d'honneur, baron d'Empire tué au combat pendant la guerre d'indépendance espagnole.

  • 1 Biographie2 Citations
    • 1.1 Soldat de la garde constitutionnelle
    • 1.2 Ascension militaire et faits d'armes
    • 1.3 Administrateur et légionnaire
    • 1.4 Général d'Empire
    • 1.5 Mariage et descendance
    • 1.6 Hommage posthume
  • 3 Distinctions
  • 4 Sources

Biographie

Le général Jean-André Valletaux a fait la guerre en 1795 dans la Bretagne sous les ordres du général Hoche. Il s'y conduisit avec intrépidité, fit avec une grande distinction les campagnes de 1810 et 1811, en Espagne, mais fut tué au champ d'honneur en 1811.

Il a été consacré, dans le Nécrologe universel du XIXe siècle, une notice détaillée à la mémoire de ce brave militaire qu'une balle ennemie a enlevé, dans la force de l'âge, aux justes récompenses que méritaient ses brillants services.

Né à Hiersac, près d'Angoulême (Charente), le 10 mars 1757, dans famille honorée dans le pays, d'un père agriculteur, André Valletaux, Jean-André Valletaux entra au service comme simple soldat dans le régiment d'Aunis (31e d'infanterie de ligne), le 1er décembre 1779, dans lequel un de ses frères servait déjà en qualité d’officier. Passé caporal le 16 décembre 1780, il devint sergent le 1er février 1782, sergent-major le 1er septembre 1786, et enfin il fut promu adjudant-sous-officier le 15 septembre 1791. On était alors en pleine Révolution.

Valletaux, par ordre du ministre de la Guerre, fut désigné pour remplir les fonctions d'adjudant-sous-officier dans la garde constitutionnelle du roi Louis XVI. Il servait dans ce dernier corps lorsque, le 20 juin 1792, la populace, excitée par les Jacobins, força l'entrée du palais des Tuileries, fit irruption dans les appartements et contraignit le roi à se coiffer du bonnet rouge. L'adjudant Valletaux, qui n'était pas de service, s'empressa d'accourir au palais, dont il connaissait toutes les issues, et se présenta dans l'appartement du roi au moment où la reine Marie-Antoinette, tenant le dauphin dans ses bras, y entrait par une autre porte. Indigné de la conduite des furieux qui avaient envahi le château, Valletaux, pour protéger l'existence de sa souveraine, se plaça, le sabre à la main, entre la reine et les gens du peuple, auxquels il reprocha leur insolence et leur grossièreté en termes d'une énergie toute militaire. Une personne de la Cour lui faisant l’observation que ses expressions étaient déplacées en présence de Leurs Majestés, la reine, qui avait entendu l'interlocuteur, se hâta d'intervenir en disant : « Ah ! Laissez-le dire ; plût à Dieu que tous les Français lui ressemblassent ! » Le lendemain, la reine fit donner à Valletaux un logement au Garde-Meuble.

La garde constitutionnelle du Roi ayant été licenciée peu de temps après, Valletaux ne quitta cependant pas Paris, quoique sans emploi ; et, dans la journée du 10 août, il se rendit encore au palais des Tuileries, et se réunit aux serviteurs dévoués qui entouraient le monarque pendant que l’on massacrait les Suisses dans les cours du château. Quelques personnes donnaient au roi le conseil de prendre une résolution énergique; mais Louis XVI voulait éviter l'effusion du sang. Tout à coup une députation de l'Assemblée législative, qui avait traversé le jardin, arriva aux Tuileries, se présenta au roi et l'engagea à se réfugier avec sa famille au sein de l'Assemblée. On sait ce qui advint. Ce fut alors, parmi les assistants, un sauve-qui-peut général. L'adjudant Valletaux descendit, avec quelques autres personnes, dans les cuisines donnant sur le jardin des Tuileries, espérant y trouver une issue. Mais tout était malheureusement fermé, et il fallut perdre quelques minutes pour enfoncer une porte. Pendant ce temps, les Jacobins, armés de piques, envahissaient le jardin. Valletaux, malgré ce nouvel obstacle, parvint néanmoins à se faire jour, accompagné de deux grenadiers, et il se dirigea du côté de l'Assemblée législative, où il avait l'intention de chercher un refuge. Un horrible spectacle se passa alors sous ses yeux : ses deux camarades furent massacrés au moment où ils mettaient, tous trois, le pied sur le seuil de la porte de la salle des représentants. Quant à lui, plus heureux, il eut le bonheur d'échapper à une mort affreuse, et parvint à se réfugier dans sa chambre. Mais tout n'était pas fini pour Valletaux, et un nouveau péril devait bientôt menacer ses jours.

Pendant la nuit qui suivit cette épouvantable et sanglante journée, les assassins, courant de porte en porte, recherchèrent dans leurs logements les anciens gardes du roi dont on avait décidé l‘immolation à cause de leur loyal dévouement. On arrêta plusieurs de ces braves militaires, qui furent conduits à la prison de l'Abbaye, où ils furent égorgés avec les Suisses dans les non moins fatales journées de septembre. L'adjudant Valletaux ne dut la vie qu'à son sang-froid. Lorsqu'il entendit que les pas des égorgeurs se rapprochaient du local qu'il habitait, il se revêtit, à la hâte, de son ancien uniforme du régiment d'Aunis, qu'il avait heureusement conservé parmi ses effets, et il affirma aux misérables qui pénétraient tumultueusement chez lui qu'il appartenait au 31e régiment d'infanterie. Son air calme et résolu le sauva.

Quelques jours après, des officiers d'un bataillon de la garde nationale de la Charente, qui venait d'arriver au camp de Soissons, vinrent à Paris et demandèrent à Valletaux s'il lui conviendrait d'être leur chef. Il s'empressa d'accepter cette honorable proposition, se rendit immédiatement au camp, où il fut élu chef de bataillon à l'unanimité, et il prit le commandement qui lui avait été dévolu d'une manière si flatteuse.

Le 9 pluviôse an Il (29 janvier 1794), le commandant Valletaux fut nommé chef de la demi-brigade des Lombards, et il reçut les épaulettes de général de brigade le 23 Vendémiaire an III (13 octobre même année). Il avait conquis ces deux grades à la pointe de l'épée, en prenant part à plus de vingt combats contre les ennemis de la République pendant les trois premières campagnes à l'Armée du Nord, des Côtes-de-Brest et des Côtes-de-l‘Océan. Il avait été blessé au siège de Bois-le-Duc, par un boulet qui lui avait en levé des mains la pioche dont il se servait dans la tranchée.

Le 1er pluviôse an III (20 janvier 1795), le général Valletaux passa à l'Armée des côtes de Brest, sous les ordres de Hoche. Il commandait la colonne du centre lors de l'attaque et la prise du fort Penthièvre, le 2 thermidor suivant (20 juillet), et, pour reconnaître sa belle conduite dans cette journée, le Directoire lui fit présent d'un sabre d'honneur. Il est écrit à ce propos dans les Victoires et Conquêtes, page 221, tome IV : « La colonne du général Valletaux arrive la première au pied du retranchement des Royalistes et commence aussitôt l'attaque. Les Chouans qui gardaient les avant-postes sont surpris et égorgés. L'alarme se répand sur la ligne et autour du fort. Les canonniers émigrés sont à leurs pièces et font feu sur les Républicains, qui n'ont point d'artillerie à opposer à celle de leurs ennemis. L'humidité a d'ailleurs rendu leurs fusils inutiles ; la baïonnette seule leur reste pour combattre. Mais comment atteindre un ennemi retranché dans des ouvrages d'un difficile accès ? Le général Valletaux donne l'exemple, et s'élance sur les retranchements. Il est repoussé, ainsi que tous ceux qui l'ont suivi. La colonne du général Humbert s'avance avec une égale intrépidité sur les points qui lui ont été désignés : mais, doublement foudroyés par l'artillerie des émigrés et par les chaloupes anglaises qui se sont rapprochées de la côte, les Républicains sont ébranlés, oublient leur audace accoutumée et rétrogradent. Le vigilant Hoche accourt pour remédier au désordre. Lui-même se porte en avant avec quelques braves; mais il reconnaît l'impossibilité de franchir les obstacles qui lui sont opposés. Le général Botta est blessé mortellement d'un coup de biscaïen. Son escorte épouvantée fuit en désordre. Tout semblait perdu. Le général Hoche, frémissant de rage et croyant avoir donné dans un piège, se disposait à ordonner la retraite, lorsqu’un bruit sourd et confus se fait entendre tout à coup. Les soldats, qui ont souvent le merveilleux instinct du moment, s'écrient : « Ce sont les nôtres qui ont pénétré dans le fort ! » Hoche et les conventionnels Blad et Tallien, qui avaient suivi ce général jusque sous le feu des batteries, élèvent leurs regards sur le fort, alors éclairé par les premiers rayons du soleil. Quelle est leur surprise ! l'étendard tricolore a remplacé le drapeau blanc. Le cri de Victoire ! vole aussitôt de bouche en bouche. Il est répété par les Républicains, qui paraissent en cet instant sur les remparts du fort. » C'était Valletaux qui venait de s'en emparer...

Nommé au commandement du département des Côtes-du-Nord à une époque critique, après l'affaire de Quiberon, le général Valletaux sut, par sa bravoure à toute épreuve et par son activité, comprimer les troubles qui ensanglantaient le pays et, méritant l'estime de tous, il contribua puissamment à la pacification.

Un arrêté du Directoire du 1er vendémiaire an V (22 septembre 1796) ayant supprimé l'état-major de l'Armée des côtes de l'Océan, le général Valletaux demeura quelque temps sans emploi. Bernadotte, général en chef de l'Armée de l'Ouest, le remit provisoirement en activité le 27 thermidor An Vlll (15 août 1800), position dans laquelle il resta jusqu'au 10 frimaire an IX (1er décembre 1800).

Élu membre du Corps législatif le 7 ventôse an X (27 février 1802), le général Valletaux siégea dans cette assemblée jusqu'en 1809. Le 4 frimaire an Xll (26 novembre 1803) le Premier Consul Bonaparte créa le général Valletaux membre de la Légion d'honneur, et le 25 prairial suivant (14 juin 1804) il lui remit les insignes d’officier de l'Ordre.

En quittant le Corps législatif en 1809, le général Valletaux demanda à rentrer au service actif, et le 10 juin il obtint d'être employé à l'Armée de réserve d' Allemagne, et fut nommé gouverneur de la ville de Bois-le-Duc. Il passa ensuite, le 8 août, à l'Armée du Nord, et prit le commandement d'une brigade dirigée sur Anvers, qui était attaquée par les Anglais. Il contribua à repousser les tentatives de l'ennemi, et le 26 septembre, après la cessation des hostilités, il retourna dans ses foyers.

Le 11 avril 1810 le général Valletaux fut appelé à l'Armée d’Espagne pour commander la troisième brigade de la division du général Bonnet, formant tanière-garde du corps du Duc d'Istrie, le maréchal Bessières qui opérait dans les Asturies. Le général Bonnet, activement secondé par les officiers de sa division, défit les partis ennemis chaque fois qu'il les rencontra. Son quartier-général était placé à Oviedo. Ses troupes occupaient Grado et tout le pays entre Santander et Léon et pouvaient se porter en Galice, si la circonstance l‘exigeait impérieusement.

Juan Díaz Porlier (dit le « Marquesito ») avait réuni à Potes un parti qui prenait chaque jour de nouvelles forces. Se repliant devant le général Serras, que le général Kellermann avait envoyé pour dissiper ses troupes, le Marquesito, dans le courant de septembre, s'était jeté dans les Asturies espérant attaquer avec succès le général Bonnet dans Oviedo. Le 14 de ce mois, les avant-postes français découvrirent le chef espagnol, qui s'était avancé à quatre lieues de la ville à la tête de trois mille hommes. Bonnet marcha aussitôt à lui, l'attaqua, lui tua quatre mille hommes, détruisit presque entièrement sa cavalerie, lui fit plus de trois cents prisonniers, et dispersa le reste.

Le 17 octobre, Portier, déjà battu tant de fois par le général Bonnet, se présenta tout à coup devant Gijón, port de la côte des Asturies, au moment où une escadre anglaise et espagnole s'approchait du port et débarquait deux mille cinq cents hommes de troupes, et força le colonel Cretin, trop faible pour résister à de pareilles forces, à se replier à une lieue de la ville ; mais le lendemain le colonel, ayant reçu des renforts suffisants, marcha sur Gijón et força l'ennemi à se rembarquer précipitamment en laissant plusieurs centaines de tués et de blessés sur la plage.

Deux jours après, le 20 du même mois, un corps de cinq à six mille Galiciens vint attaquer la brigade Valletaux à Fresno et à Grado. Le général prit si bien ses mesures que cette nouvelle tentative des Espagnols n'eut pas plus de succès que celle tentée trois jours auparavant sur Gijón. Le 20 octobre 1810, un corps de 5 000 galiciens se porta devant l'avant-garde du corps d'armée française qui occupait le Royaume de Léon. Cette avant-garde que le général Valletaux commandait était postée près d'Oviedo. Valletaux n'avait que 1 500 hommes ; cependant, dès qu'il sut que l'ennemi s'approchait, il marcha lui-même en avant et le rencontra au village de Fresno ; une vive fusillade s'engagea sur-le-champ. Les Galiciens bien supérieurs en nombre, dirigèrent sur notre centre la masse de leur efforts ; déjà ils gagnaient du terrain et manœuvraient pour entourer nos deux ailes, après les avoir isolées l'une de l'autre, lorsque Valletaux reçut quelques renforts. Il en profita pour tourner la gauche des Espagnols, manœuvre qui les obligea à se reporter en arrière. Le centre français put alors rentrer en ligne et reprendre ses positions. Les tambours battirent la charge, et l'ennemi, enfoncé à son tour, se retira en désordre. L'ennemi fut encore battu et chassé au delà de la Narcea, après avoir perdu beaucoup de monde.

Le 29 novembre au matin, un corps de six mille hommes de l'Armée de Galice se porta sur l'avant-garde du général Bonnet, commandée par le général Valletaux et postée en avant d'Oviedo, mais les repoussa avec autant de succès que la première fois. Les reconnaissances françaises trouvèrent l'ennemi à cheval sur les routes de Miranda et de Belmonte qui, pourchassé, laissait les routes couvertes de mots. Le général Valletaux fit aussitôt ses dispositions. Il forma son centre de huit compagnies, sous le commandement du chef de bataillon Andreossy, et se plaça lui-même à Fresno avec un bataillon du 118e régiment. Les Espagnols se présentèrent bientôt et couronnèrent tous les mamelons de la montagne. La fusillade s'engagea vivement. L'ennemi, bien supérieur en nombre, porta des masses considérables vers le centre des Français, qu'il espérait enfoncer ; il avait même déjà réussi à gagner un espace de terrain assez étendu et manœuvrait pour entourer les deux ailes françaises, dès qu'il les aurait isolées l'une de l'autre, lorsque le chef de bataillon Lenouand arriva sur la position avec quelques renforts. Le général Valletaux profita de cet heureux événement pour détacher deux compagnies du 118e, chargées de tourner la gauche de l'ennemi. Ce mouvement obtint un succès complet et força l'ennemi à se porter en arrière. Le centre put alors rentrer en ligne et reprit aussitôt ses positions. La charge fut à l'instant battue sur tous les points, et les Espagnols, enfoncés à leur tour, furent obligés de se retirer en désordre. Les Français les poursuivirent jusque dans Belmonte et Miranda, dont les routes furent couvertes de morts et de mourants.

Cette affaire dans laquelle quinze cents Français seulement repoussèrent, en lui faisant supporter de grandes pertes, un corps de plus de six mille Espagnols, fit infiniment d'honneur au général de brigade Valletaux, qui avait dirigé l'action, ainsi qu'aux officiers qui commandaient sous ses ordres. Mais le sol de l'Espagne devait être fatal à ce brave militaire, et nous allons bientôt le voir glorieusement succomber sons le feu de l'ennemi au moment où il se distinguera de nouveau à la tête de sa brigade, au moment où l'occasion, qu'il attendait impatiemment depuis tant d'années, de prouver ses talents, son intelligence, son zèle et son activité, se présentera à lui dans les circonstances les plus favorables pour son avancement.

Le Marquesito, refoulé dans les montagnes, ne tarda pas à y réunir de nouvelles forces, et vers la fin du mois de février 1811 il en redescendit avec une bande de trois à quatre mille hommes. Battu encore complètement, il courut se réfugier dans les montagnes de Merès, où, selon leur coutume, ses guérillas se dispersèrent.

Le 9 mars suivant, le général Bonnet, informé que l'infatigable Porlier réunissait son monde pour se porter vers les frontières de Galice, ordonna une forte reconnaissance sur la Navia. Le général Valletaux, chargé de cette opération, marcha dans la direction indiquée; mais ses recherches furent vaines, et il revint à Tineo sans avoir pu rencontrer l'ennemi. Cependant, ayant appris, peu après, qu’un détachement considérable occupait vers Cangas de Tineo la forte position de Puelo, il s'y porta sans hésiter.

Le 18, au matin, la colonne française, forte de quinze cents hommes seulement, attaqua la montagne escarpée de Puelo, défendue par six mille guérillas. Le capitaine Pellerin, à la tête d’une compagnie de grenadiers, enleva à la baïonnette un rocher sur lequel l'ennemi appuyait sa défense, pendant qu’une compagnie de voltigeurs pénétrait dans le village adossé au rocher. Les Espagnols, surpris par cette double attaque, lâchèrent pied presque aussitôt, abandonnant leurs morts, leurs blessés et une centaine de prisonniers.

Le duc d'lstrie, commandant l'armée du Nord en Espagne, ayant appris qu'un rassemblement de Galiciens se formait dans la vallée du Vierzo, détacha le corps du général de division Bonnet sur Léon, pour assurer les communications entre cette ville et les Asturies. L'avant-garde espagnole se présenta sur Benavidès ; mais elle fut attaquée et repoussée par le général Valletaux, qui, au premier avis, se porta à sa rencontre avec trois bataillons et soixante chasseurs. Les tirailleurs français poursuivirent les fuyards jusqu'à Quintanilla del Valle, où l'armée ennemie, forte de sept mille combattants, avait pris position.

La prudence commandait alors au général Valletaux d’opérer un mouvement de retraite ; mais l'ardeur des troupes françaises, qui les avait engagées trop avant, ne le permettait pas sans un grand danger. D'un coup d'œil, il juge sa situation en chef expérimenté, et, sans calculer le nombre des Espagnols, il se résout à les attaquer et fait toutes ses dispositions de combat.

Les Français marchent contre le village dans une attitude menaçante, se précipitent sur l'ennemi avec une irrésistible impétuosité, le repoussent avec perte, et le contraignent de prendre une nouvelle position au delà du village qu'ils viennent d'enlever. Pour assurer ce brillant succès, le général Valletaux envoie le 119e régiment d'infanterie prendre poste à droite au delà du village, et place le 122e en face des colonnes ennemies qui se forment sur les routes de Fontoria et de Quintana-Dejor, tandis que le chef de bataillon Durel tient en respect sur la gauche un détachement de troupes venu d'Astorga, et qui s'efforce vainement de le tourner. Le combat ne tarde pas à s’engager de nouveau, et d'autres succès signalent l'intrépidité et la valeur des Français, qui, autant par la sagesse des dispositions de leur général que par leur courage, restent enfin maîtres du champ de bataille, où sont étendus morts six cents Espagnols. Les colonnes ennemies se retirent précipitamment au delà d'Astorga.

Cette belle journée, qui eut les résultats les plus brillants pour les armes françaises, fut malheureusement attristée par la mort du brave général Valletaux, qui avait rendu de si grands services et déployé tant de talents dans le cours de cette campagne. Ce militaire distingué périt au champ d'honneur à la tête de ses troupes, dont il venait encore d'assurer le triomphe dans cette guerre délicate et difficile d'escarmouches et de partisans. Ses yeux eurent du moins, avant de se fermer pour toujours, la consolation de voir une dernière fois l'Espagnol vaincu et nos armes victorieuses; content et satisfait, il s'endormit du sommeil éternel sous l'égide de la gloire qu'il avait constamment suivie dans sa carrière militaire.

L'Empereur ignorait encore la mort du général Valletaux et voulait récompenser ses bons services, lorsqu'il le nomma commandant de la Légion-d'Honneur le 11 juillet. Cette nomination ne devait précéder que de quelques mois la promotion méritée du général au grade élevé de général de division.

Valletaux sut toujours se faire aimer du soldat, auquel il inspirait une entière confiance. Son caractère franc et loyal lui conciliait également l'estime et l'amitié de ses chefs, ainsi que pourraient le prouver au besoin les nombreuses et flatteuses lettres qu'il en avait reçues.

Il avait épousé, en 1802, mademoiselle Marie-Thérèse Rouxel de Maisonneuve, fille d'un riche et honorable négociant armateur au Légué (port de Saint-Brieuc). De ce mariage naquit une seule fille, Marie-Thérèse, qui a épousé, en 1826, François Le Pomellec (1793-1853), armateur et maire de Saint-Brieuc, chevalier de la Légion d'honneur, membre du Conseil général du département des Côtes-du-Nord et président de la Société d'agriculture.

En 1796, Valletaux achète le château de Bienassis, bien national depuis la Révolution, revendu moins de cent ans plus tard par la famille Le Pomellec, ses descendants en 1880 à l'amiral Jules de Kerjégu.

Le nom du général avait été omis par mégarde sur les glorieuses tables gravées sous les voûtes de l'Arc de triomphe de l'Étoile. Cet oubli involontaire a été réparé il y a quelques années. Grâce aux soins du maréchal Soult, le nom de Valletaux, quoique placé presque à la fin de la nombreuse liste de nos illustrations militaires contemporaines, durera donc autant que le glorieux monument de nos victoires, et rappellera pendant longtemps encore un des types les plus complets du véritable soldat français.

À sa mort, le Général Valletaux fut fait baron d'Empire et commandeur à titre posthume, dignité post mortem accordée par l'Empereur en personne l'élevant de fait au grade militaire de général de division.

Inhumé près de la rivière d'Orgivo (Espagne), il est écrit cette épitaphe sur sa tombe :

"Ci-git un général couronné par la gloire
et qui dans les combats ne fut jamais vaincu.
Passant, de Valletaux respecte la mémoire
il mourut en héros comme il avait vécu."

Citations

Lors de sa dernière bataille, Valletaux, qui était à 150 contre 4 000, dit à ses hommes :

"Soldats ! Vous n'avez qu'une ressource, c'est de mourir en braves gens, en passant sur le corps de ces bandits. Allons, tambours, la charge, en avant la baïonnette !", et il vainquit en tombant au champ d'honneur...

Distinctions

Sources

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